Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]: Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Sixieme = Theatre, Tome VI): Theatre (A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen. Avec des caractères de G. Haas, 1784) [VD18 90793293]

ACTE QUATRIEME. 221
E R 0 P E.
Je ne veux rien pour moi.
A T R É E.
Si ma juste vengeance
De Thieste et de vous eût égalé l’offense ,
Les pervers auraient vu comme je sais punir ,
J’aurais épouvanté les siècles à venir.
Mais quelque sentiment, quelque soin qui me prefîe,
Vous pourriez désarmer cette main vengeresse ;
Vous pourriez des replis de mon cœur ulcéré
Ecarter les serpens dont il est dévoré ,
Dans ce cœur malheureux obtenir votre grâce ,
Y retrouver encor votre première place ,
Et me venger d’un frère en revenant à moi.
Pouvez-vous, osez-vous me rendre votre foi?
Voici le temple même où vous fûtes ravie ,
L’autel qui fut souillé de tant de perfidie ,
Où le ssambeau d’hymen fut par vous allumé ,
Où nos mains se joignaient. . . où je crus d’être aimé:
Du moins vous étiez prête à former les promelses
Qui nous garantiraient les plus saintes tendresses.
Jurez-y maintenant d’expier ces forfaits,
Et de haïr Thieste autant que je le hais.
Si vous me refusez , vous êtes sa complice;
A tous deux, en un mot, venez rendre justice.
-le pardonne à ce prix: répondez - moi.
E R O P E.
Seigneur,
C’est vous qui me sorcez à vous ouvrir mon cœur.
La mort que j’attendais était bien moins cruelle
Que le satal secret qu’il faut que je révèle.