Théâtre.
Style.
386 DE LA CHINE.
des malheurs imprévus , des avantages inespérés,
des reconnaissances : on y trouve peu de ce sabuleux
incroyable , tel que les métamorphoses inventées
par les Grecs et embellies par Ovide , tel que les
contes arabes et les fables du Boïardo et de l’Ario/le.
L’invention, dans les fables chinoises , s’éloigne
rarement de la vrailemblance, et tend toujours à la
morale.
La passion du théâtre devint universelle à la
Chine depuis le quatorzième siècle jusqu’à nos jours.
Ils ne pouvaient avoir reçu cet art d’aucun peuple.
Ils ignoraient que la Grèce eût existé ; et ni les
mahométans ni les Tartares n’avaient pu leur commu-
niquer les ouvrages Grecs. Ils inventèrent l’art; mais
par la tragédie chinoise qu’on a traduite , on voit
qu'ils ne l'ont pas perfectionné. Cette tragédie inti-
tulée l’Orphelin de Tchao est du quatorzième siècle ;
on nous la donne comme la meilleure qu’ils aient
eue encore. Il est vrai qu’alors les ouvrages drama-
tiques étaient plus gressiers en Europe : à peine
même cet art nous était-il connu. Notre caractère
est de nous persectionner, et celui des Chinois est
jusqu’à présent de rester où ils sont parvenus. Peut-
être cette tragédie est-elle dans le goût des premiers
eiïais d’Ijlhilc. Les Chinois toujours supérieurs dans
la morale ont fait peu de progrès dans toutes les
autres sciences. C’est sans doute- que la nature , qui
leur a donné un esprit droit et sage, leur a refusé
la force de l’esprit.
Ils écrivent en général comme ils peignent, sans
connaître les secrets de l’art. Leurs tableaux jusqu’à
présentsont destitués d’ordonnance , de perspectivex
Style.
386 DE LA CHINE.
des malheurs imprévus , des avantages inespérés,
des reconnaissances : on y trouve peu de ce sabuleux
incroyable , tel que les métamorphoses inventées
par les Grecs et embellies par Ovide , tel que les
contes arabes et les fables du Boïardo et de l’Ario/le.
L’invention, dans les fables chinoises , s’éloigne
rarement de la vrailemblance, et tend toujours à la
morale.
La passion du théâtre devint universelle à la
Chine depuis le quatorzième siècle jusqu’à nos jours.
Ils ne pouvaient avoir reçu cet art d’aucun peuple.
Ils ignoraient que la Grèce eût existé ; et ni les
mahométans ni les Tartares n’avaient pu leur commu-
niquer les ouvrages Grecs. Ils inventèrent l’art; mais
par la tragédie chinoise qu’on a traduite , on voit
qu'ils ne l'ont pas perfectionné. Cette tragédie inti-
tulée l’Orphelin de Tchao est du quatorzième siècle ;
on nous la donne comme la meilleure qu’ils aient
eue encore. Il est vrai qu’alors les ouvrages drama-
tiques étaient plus gressiers en Europe : à peine
même cet art nous était-il connu. Notre caractère
est de nous persectionner, et celui des Chinois est
jusqu’à présent de rester où ils sont parvenus. Peut-
être cette tragédie est-elle dans le goût des premiers
eiïais d’Ijlhilc. Les Chinois toujours supérieurs dans
la morale ont fait peu de progrès dans toutes les
autres sciences. C’est sans doute- que la nature , qui
leur a donné un esprit droit et sage, leur a refusé
la force de l’esprit.
Ils écrivent en général comme ils peignent, sans
connaître les secrets de l’art. Leurs tableaux jusqu’à
présentsont destitués d’ordonnance , de perspectivex