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330 CONQUETE
s’introduisirent alors dans Jes armées , dans le temps
même que la discipline s’affermissait. Les officiers
fêlaient le devoir militaire beaucoup plus exactement,
mais avec des commodités plus recherchées. Le maré-
chal de Turenne n’avait eu long-temps que des assiettes
de fer en campagne. Le marquis d’Humières fut le
premier au siége d’Arras en 1658 , qui se fit servir
en vaisselle d’argent à la tranchée , et qui fit manger
des ragoûts et des entremets. Mais dans cette campa-
gne de 1667, où un jeune roi aimant la magnificence
étalait celle de sa cour dans les fatigues de la guerre,
tout le monde se piqua de somptuosité et de goût dans
la bonne chère , dans les habits , dans les équipages.
Ce luxe , la marque certaine de la richesse d’un grand
Etat, et souvent la cause de la décadence d’un petit,
était cependant encore très-peu de chose auprès de
celui qu’on a vu depuis. Le roi, ses généraux et ses
ministres allaient au rendez-vous de l’armée à cheval ;
au lieu qu’aujourd’hui il n’y a point de capitaine
de cavalerie , ni de secrétaire d’un officier-général,
qui ne fasfe ce voyage en chaise de poste avec des
glaces et des ressorts , plus commodément et plus
tranquillement qu’on ne fesait alors une visite dans
Paris d’un quartier à un autre.
La délicatesie des ossiciers ne les empêchait point
alors d’aller à la tranchée avec le pot en tête et la
cuirasse sur le dos. Le roi en donnait l’exemple : il
alla ainsi à la tranchée devant Douai et devant Lille.
Cette conduite sage conserva plus d’un grand-homme.
Elle a été trop négligée depuis par des jeunes gens
peu robustes , pleins de valeur, mais de mollesfe,
qui lemblent plus craindre la fatigue que le danger.
 
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