SURNOMMÉ LE GRAND. 4©r
années de suite , enfin son arbitre et son pacificateur,
ajoutant à ses Etats la Franche-Comté , Dunkerque
et la moitié de la Flandre ; et ce qu’il devait compter
pour le plus grand de ses avantages, roi d’une nation
alors heureuse , et alors le modèle des autres nations.
L’hôtel-de-ville de Paris lui déféra quelque temps
après le nom de grand avec solennité , et ordonna
que dorénavant ce titre seul serait employé dans
tous les monumens publics. On avait dès 1673
frappé quelques médailles chargées de ce surnom.
L’Europe, quoique jalouse, ne réclama pas contre "
ces honneurs. Cependant le nom de Louis XIV a
prévalu dans le public sur celui de grand. L’usage
est le maître de tout. Henri, qui fut surnommé le
grand à si juste titre après sa mort, est appelé com-
munément Henri IVs et ce nom seul en dit assez.
M. le prince est toujours appelé le grand Condé , non-
seulement à cause de ses actions héroïques, mais par
la facilité qui se trouve à le distinguer, par ce surnom,
des autres princes de Condé. Si on l’avait nommé
Condé le grand, ce titre ne lui fût pas demeuré. On
dit le grand Corneille, pour le distinguer de son frère.
On ne dit pas le grand Virgile, ni le grand Homère,
ni le grand TaJJe. Alexandre le grande est plus connu
que sous le nom d’Alexandre. On ne dit point CcfaI
le grand. Charles-Ouint, dont la fortune fut plus écla-
tante que celle de Louis XIV, n’a jamais eu le nom
de grand. Il n’est resté à Charlemagne que comme un
nom propre. Les titres ne servent de rien pour la
postérité ; le nom d’un homme qui a fait de grandes
choses impose plus de respect que toutes les épithètes.
Siècle de Louis XIV. Tom. L
Ce
années de suite , enfin son arbitre et son pacificateur,
ajoutant à ses Etats la Franche-Comté , Dunkerque
et la moitié de la Flandre ; et ce qu’il devait compter
pour le plus grand de ses avantages, roi d’une nation
alors heureuse , et alors le modèle des autres nations.
L’hôtel-de-ville de Paris lui déféra quelque temps
après le nom de grand avec solennité , et ordonna
que dorénavant ce titre seul serait employé dans
tous les monumens publics. On avait dès 1673
frappé quelques médailles chargées de ce surnom.
L’Europe, quoique jalouse, ne réclama pas contre "
ces honneurs. Cependant le nom de Louis XIV a
prévalu dans le public sur celui de grand. L’usage
est le maître de tout. Henri, qui fut surnommé le
grand à si juste titre après sa mort, est appelé com-
munément Henri IVs et ce nom seul en dit assez.
M. le prince est toujours appelé le grand Condé , non-
seulement à cause de ses actions héroïques, mais par
la facilité qui se trouve à le distinguer, par ce surnom,
des autres princes de Condé. Si on l’avait nommé
Condé le grand, ce titre ne lui fût pas demeuré. On
dit le grand Corneille, pour le distinguer de son frère.
On ne dit pas le grand Virgile, ni le grand Homère,
ni le grand TaJJe. Alexandre le grande est plus connu
que sous le nom d’Alexandre. On ne dit point CcfaI
le grand. Charles-Ouint, dont la fortune fut plus écla-
tante que celle de Louis XIV, n’a jamais eu le nom
de grand. Il n’est resté à Charlemagne que comme un
nom propre. Les titres ne servent de rien pour la
postérité ; le nom d’un homme qui a fait de grandes
choses impose plus de respect que toutes les épithètes.
Siècle de Louis XIV. Tom. L
Ce