Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Trente-Neuvieme = Dictionn. Philosoph., Tome III): Dictionnaire Philosophique — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen. Avec des caractères de G. Haas, 1786 [VD18 90793358]

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.49785#0457
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ECONOMIE,

449

Dans l’Inde où les raïas et les nababs entasfent tant
de trésors, le commun peuple vit pour deux sous par
jour tout au plus.
Ceux des Américains qui ne sont sous aucune
domination, n’ayant'que leurs bras, ne dépensent
rien ; la moitié de l’Afrique a toujours vécu de même ;
et nous ne femmes supérieurs à tous ces hommes - là
que d’environ quaran te écus par an. Mais ces quarante
écus font une prodigieuse dissérence ; c’est elle qui
couvre la terre de belles villes , et la mer de vaisseaux^
C’est avec nos quarante écus que Louis XIV eut
deux cents vailseaux, et bâtit Versailles. Et tant que
chaque individu , l’un portant l’autre , pourra être
censé jouir de quarante écus de rente , l’Etat pourra
être ssorilsant;.
Il est évident que plus il y a d’hommes et de
richesses dans un Etat , plus on y voit d’abus. Les
frottemens sont si considérables dans les grandes
machines , qu’elles sontpresque toujours détraquées.
Ces dérangemens font une telle impression fur les
esprits,qu’en Angleterre,où il est permis à tout citoyen
de dire ce qu’il pense , il se trouve tous les mois
quelque calculateur qui avertit charitablement ses
compatriotes que tout est perdu , et que la nation est
ruinée sans ressource. La permission de penfer étant
moins grande en France, on s’y plaint en contrebande;,
on imprime furtivement, mais fort fouvent , que
jamais sous les enfans de Clotaire , ni du temps du roi
Jean, de Charles VI, de la bataille de Pavie, des
guerres civiles et de la Sc Barthélemi, le peuple ne
fut si miférable qu’aujourd’hui.
Si on répond à ces lamentations par une lettre dç
JDictionn. philofoph, l'orne 111. F f
 
Annotationen