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il aurait sans doute refusé de faire les aveux
qui nous plongèrent ensuite l’un & l’autre
dans un abîme de maux.
Je saisis un moment de gaieté, pour tirer
le Pasteur Wagner à l’écart. Je le priai d’aller
chez M. le Président de Domhardt, pour l’aC-
surer qu’on ne trouveroit chez moi aucun pa-
pier suspeâ: j que l’affaire en question ne vien-
drait sûrement pas sur le tapis, puisque pep-
sonne n’en avoit connoiisance, & qu’il pouvoit
être tranquille & s’en remettre à mes soins.
Il faut que le Pasteur se soit acquitté de sa
commission, car M. de Domhardt continua
toujours à agir d’après les mêmes principes,
quojqu’avec beaucoup plus de précautions qu’au-
paravant.
Quelques jours après, le Commandant me
communiqua l’ordre qu’il venoit de recevoir,
de me faire transporter plus loin à 9 heures
du soir. Il avoit reçu cet ordre dans l’après-
dinée. Je fus affligé de quitter une demeure
aussi agréable, & une aussi bonne table, sur-
tout sans savoir où l’on me conduirait. Les
heures, depuis ce moment jusqu’au soir, me
parurent des années. Dès-qu’il fut obscur,
j’entendis remuer des chaînes à ma porte. Je
fus saisi d’effroi, parce que je crus que ces chaî-
nes m’étoient destinées, & je me trouvai dans
la plus affreuse perplexité 9 jusqu’au moment
B 4
il aurait sans doute refusé de faire les aveux
qui nous plongèrent ensuite l’un & l’autre
dans un abîme de maux.
Je saisis un moment de gaieté, pour tirer
le Pasteur Wagner à l’écart. Je le priai d’aller
chez M. le Président de Domhardt, pour l’aC-
surer qu’on ne trouveroit chez moi aucun pa-
pier suspeâ: j que l’affaire en question ne vien-
drait sûrement pas sur le tapis, puisque pep-
sonne n’en avoit connoiisance, & qu’il pouvoit
être tranquille & s’en remettre à mes soins.
Il faut que le Pasteur se soit acquitté de sa
commission, car M. de Domhardt continua
toujours à agir d’après les mêmes principes,
quojqu’avec beaucoup plus de précautions qu’au-
paravant.
Quelques jours après, le Commandant me
communiqua l’ordre qu’il venoit de recevoir,
de me faire transporter plus loin à 9 heures
du soir. Il avoit reçu cet ordre dans l’après-
dinée. Je fus affligé de quitter une demeure
aussi agréable, & une aussi bonne table, sur-
tout sans savoir où l’on me conduirait. Les
heures, depuis ce moment jusqu’au soir, me
parurent des années. Dès-qu’il fut obscur,
j’entendis remuer des chaînes à ma porte. Je
fus saisi d’effroi, parce que je crus que ces chaî-
nes m’étoient destinées, & je me trouvai dans
la plus affreuse perplexité 9 jusqu’au moment
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