qui étoit de garde ; c’étoit le Lieutenant de
Lange, Courlandois de naisTance ; & puis il
prit congé de moi, d’une maniéré touchante,
après avoir ordonné à la femme du châtelain
de me procurer un lit, une table & une chaise*
La bonne vieille versa des larmes de pitié sur
mon sort, me sit toutes mes commissions,
& m’apporta , outre cela, une chandelle & un
chandelier de léton. Je me couchai, & mal-
gré les légions de punaises qui me rougeoient
sans celse , je m’endormis bientôt. Par un esfet
de l’accablement où me jettoient le chagrin
& les soucis, je ne me réveillai qu’au matin.
Devant ma porte , au dehors de ma cham-
bre, se tenoit une sentinelle avec un fusil
chargé, & que le châtelain faisoit relever toutes
les heures ; je croyois n’avoir pas d’autres sur-
veillans que les soldats qui étoient dans ma
chambre, & «auxquels je donnois de tems en
tems quelques pots de vin, afin de les enga-
ger à se charger de quelques commissions pour
moi, lorsqu’ils iroient chercher leur dîner en
ville. Mais je m’apperçus bientôt, & avec
douleur, de l’inutilité de mes tentatives. Le
premier auquel je confiai mon dessein, me dit
qu’il étoit obligé de manger en présence de la
sentinelle qui étoit toujours à l’entrée de ma
chambre, ce qu’un de ses camarades lui appor-
toit; & qu’il lui étoit défendu de parler à ce
Lange, Courlandois de naisTance ; & puis il
prit congé de moi, d’une maniéré touchante,
après avoir ordonné à la femme du châtelain
de me procurer un lit, une table & une chaise*
La bonne vieille versa des larmes de pitié sur
mon sort, me sit toutes mes commissions,
& m’apporta , outre cela, une chandelle & un
chandelier de léton. Je me couchai, & mal-
gré les légions de punaises qui me rougeoient
sans celse , je m’endormis bientôt. Par un esfet
de l’accablement où me jettoient le chagrin
& les soucis, je ne me réveillai qu’au matin.
Devant ma porte , au dehors de ma cham-
bre, se tenoit une sentinelle avec un fusil
chargé, & que le châtelain faisoit relever toutes
les heures ; je croyois n’avoir pas d’autres sur-
veillans que les soldats qui étoient dans ma
chambre, & «auxquels je donnois de tems en
tems quelques pots de vin, afin de les enga-
ger à se charger de quelques commissions pour
moi, lorsqu’ils iroient chercher leur dîner en
ville. Mais je m’apperçus bientôt, & avec
douleur, de l’inutilité de mes tentatives. Le
premier auquel je confiai mon dessein, me dit
qu’il étoit obligé de manger en présence de la
sentinelle qui étoit toujours à l’entrée de ma
chambre, ce qu’un de ses camarades lui appor-
toit; & qu’il lui étoit défendu de parler à ce