Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Exposition de Paris (1900) (Band 2) — Paris, 1900

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.1829#0230
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
N°66

L'EXPOSITION DE PARIS.

201

LES PARTICIPATIONS ÉTRANGÈRES

Le Pavillon de la Bulgarie

En deuxième ligne, sur le quai d'Orsay, non
loin du débouché du pont de l'Aima, sur la rive
gauche, entre les constructions si caractéristiques
de la Roumanie et de la Finlande, on remarquera
un élégant pavillon de proportions assez vastes,
sur l'affectation duquel il ne faudra point songer
à se renseigner d'après le type- architectural
adopté, car ses auteurs ont reçu mission de faire
« parisien », suivant une pittoresque expression

l'aimable commissaire général adjoint de cette

effective de la guerre russo-turque, du traité de
San Stefano, du Congrès de Berlin, pour en
arriver.à affirmer aux yeux du monde entier que
ce coin de terre des Balkans porte encore l'em-
preinte d'une domination séculaire?
. L'architecte comprit ces légitimes appréhen-
sions; ils modifia'le projet qui tourna à l'art
byzantin et prit un cachet russe très pro-
noncé. On fit, cette fois encore, en Bulga-
rie, une .moue significative. Assurément les
Bulgares sont de.bons Slaves et ils n'oublient
pas ce qu'ils doivent à la Russie. 11 y eut, il est
vrai, une période de bouderie et de mécontente-
ment de la part du gouvernement russe à l'égard
du prince Ferdinand, à la suite de son avène-

fournir un thème architectural, mais alors on
tournait à l'art grec, et cela pouvait prêter encore
à une confusion ethnographiquement fâcheuse.
Vous comprenez dès lors pourquoi, à défaut de
tout autre plus particulièrement national, le style
« parisien »a fini par rallier tous les suffrages, à
Sofia de même qu'à Paris. Nos lecteurs auraient-
ils cru qu'il pût entrer tant de diplomatie dans les
fondations d'un pavillon passagèrement édifié
sur le quai d'Orsay, et qu'en passant en revue ces
bâtiments si divers affectés aux puissances étran-
gères, ils eussent à suivre un cours d'histoire
contemporaine!

Nous avons déjà eu l'occasion de dire que les pa-
villons du quai d'Orsay se divisaient en deux ca-
tégories : ceux des États de grand ordre,
jouant le rôle de solistes dans ce fameux
concert des puissances, qui a perdu de
nos jours son caractère strictement eu-
ropéen, et les pavillons des pays de moin-
dre envergure, qui ne se piquent ni d'ar-
mées colossales, ni de budgets
monstres, ni de dettes écrasantes,
qu'elles soient intérieures ouexté-
rieures, flottantes ou consolidées.

Le Pavillon de la Rulgarie. — Façade principale.

section étrangère de l'Exposition, M. Maurice
de la Fargue. Voilà encore un nom bien fran-
çais, qui ne renseignerait guère des lecteurs non
au courant de la politique étrangère et ignorants
du monde de la diplomatie.

Les oriflammes horizontalement rayées de
blanc, de vert et de rouge, les armoiries écus-
sonnées du Lion, nous apprennent cependant
que nous sommes au Pavillon officiel de la
Bulgarie. L'architecte de ce petit édifice avait
eu d'abord l'idée rationnelle de parcourir le
pays et de s'inspirer des monuments existants
pour composer son premier projet; aussi celui-
ci avait-il été conçu par son auteur dans le style
oriental le plus pur. La seule vue de ce projet
fit dresser les cheveux sur la tête des patriotes
bulgares. Était-ce vraiment la peine d'avoir si
péniblement secoué le joug de la Turquie dans
Bne insurrection fameuse3 d'avoir été la cause
Exp. IL

ment survenu au lendemain de l'abdication du
prince Alexandre de Battenberg (1887), mais,
depuis trois années déjà, la réconciliation est
faite, suivie de la reconnaissance officielle du
prince régnant, aussi bien par le Sultan que par
les puissances cosignataires du traité de Berlin.
Pour une Principauté qui aspire à une complète
autonomie, qui compte encore dans les États
voisins les deux cinquièmes de ses nationaux
soustraits à son influence par le système de bas-
cule diplomatique mise en jeu, au traité de
Berlin, dont le plus beau résultat a été de trans-
former cette région des Balkans en un magasin
à poudre dont la conflagration peut ébranler
l'Europe entière, il ne pouvait s'agir ni de style
turc, ni de style russe.

En remontant le cours des siècles, la Thrace,
l'Ulyrie, la Macédoine, dont les antiquités for-
ment la richesse du musée de Sofia, auraient pu

Ces derniers n'ont généralement pas une popu-
lation assez élevée pour fournir des exposants par
milliers. Ils savent cependant profiter des grands
tournois internationaux que sont les Expositions
universelles pour appeler l'attention de l'étran-
ger sur les productions de leur sol, sur l'état de
leur industrie, sur les nécessités de leur com-
merce, sur leurs besoins en un mot, tant à l'im-
portation qu'à l'exportation. Ils ne songent pas à
éblouir le badaud, mais à retenir et à concentrer
l'attention de ceux qui ont un réel intérêt à
connaître le pays et ses habitants sous un jour
propice et véritable.

Alors que la bataille économique se livre
entre le commerce et l'industrie des grandes
puissances dans toutes les classes et dans tous
les groupes, les autres États se confinent dans
une habile neutralité. Ils ne laissent point la
comparaison s'établir entre leurs produits indus-

66
 
Annotationen