Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Wey, Francis; Wey, Francis [Contr.]
Rome - description et souvenirs: ouvrage contenant 358 gravures sur bois, dessinées par nos plus célèbres artistes et un plan de Rome — Paris: Librairie Hachette, 1875

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.66816#0269
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L'ÉGLISE DE LA MINERVE.

251

de cet âge l’emportent sur ceux du siècle suivant par la gravité recueillie ; le uernier sommeil y
est profond : plus tard, la mort devient un triomphe, pour sa victime d’abord, puis pour l’artiste
chargé de l’illustrer ; le héros continue à agir, à vivre, à commander. On peut rattacher à cette
école les mausolées des deux Médicis qui manquent à Florence : Léon X et son neveu Clément VII.
Des deux statues assises qui se font face, escortées dans les airs par des figures de saints extrême-
ment tourmentées, la meilleure est celle du pape Léon qui semble avoir inspiré à François Boni-
vard, le prisonnier de Ghillon, cet autre Portrait récemment publié à Genève : «... savant en lettres
grecques et latines et davantage bon musicien... à la reste, bel personnage de corps, mais devisaige
fort laid et difforme; car il l’avoit gros plutôt en enflure que par chair ni graisse ; et d’un œil ne
voyoit goutte, de 1 autre bien peu, sinon par le bénéfice d’une lunette de béryl appelée en italien
un ochial; mais avec iceluy, il y voyoit plus loin que homme de sa cour. » L’auteur des Advis et
devis avait pu, lorsqu’il était prieur de Saint-Victor, contempler de près le pape Léon X.
Fort différent de son oncle, Clément VII était svelte, avec de grands traits réguliers et une cer-
taine expression d’impassibilité fine qui se prête à la sculpture. Cependant sa statue par Bacio
Biggio est inférieure à celle de Léon X par Raphaël de Montelupo. Le Clément VII est roide ; c’est
l’interprétation classique d’une figure ajustée d’après un modèle banal. On attribue à Antonio de
San-Gallo l’ordonnance de ces monuments ; alors, ce serait après la mort de cet artiste que Bandi-
nelli aurait taillé les statues allégoriques dont il est orné, et qui ne sont pas bonnes. Les Italiens
prêtent ces travaux àPintelli, décédé trente-trois ans avant l’avénement de Léon X ; mais, là-bas,
on n’y regarde pas de si près ! Au reste, ces tombes ne furent pas faites en un jour ; car les bas-
reliefs dont elles sont surmontées semblent être de la fin du seizième siècle. L’un représente la
réception par Léon X du roi François de Valois : ce grand lévrier de guerre s’agenouille, et le gros
pontife l’embrasse, non sans difficulté; l’autre montre Charles-Quint, accueilli de même par
Clément VH. Nos Français toujours en quête de Vidée n’auraient pas trouvé mieux ; le contraste des
caractères a été cherché et saisi : l’attitude émue, respectueuse et tendre de François Ier est bien
d’un étourneau découragé abandonné aux élans du cœur; l’empereur combine la pose et la tem-
pérature de l’accolade; il réduit tout à une affaire d’étiquette. N’oublions pas de rappeler qu’au
pied du mausolée de Léon X repose, sous une lame de marbre, son ami Pietro Bembo, le cardinal
artiste et poète qui a tant aimé Raphaël et la muse antique.
Rien n’est plus dissemblable de ces bas-reliefs que les quatre grands Saints tourmentés de
Bacio Bandinelli à qui son maître donne, dans ce temple même, à l’entrée du chœur, un de ces
conseils en action par lui peu prodigués, et plus rarement suivis. Le Christ présentant sa croix est
une des rares figures de Michel-Ange où la grâce dissimule la force, où ce don herculéen dont
abusa le maître disparaît sous le satiné d’une exécution moelleuse ; mais il faut savoir qu’il avait
entamé dans sa jeunesse ce marbre par lui continué en 1520, et où Federigo Frizzi, chargé de le
terminer, a introduit, aux dépens de la vigueur, les souplesses d’un poli timide.
Ligorio a dessiné la superbe statue du sévère Paul IV, placée dans la chapelle de Saint-
Thomas d’Aquin où l’art de Florence a tracé de belles pages. C’est là que Filippino Lippi a peint
au-dessus de l’autel ce charmant tableau à compartiments où sont représentés, auprès de la Vierge,
Saint Thomas et le cardinal Oliviero Caraffa; c’est là qu’il a réparti les groupes de cette Assomp-
tion où les apôtres sont jetés dans un si beau mouvement. Au côté droit, la peinture qui repré-
sente Fauto-da-fé des livres condamnés par saint Dominique offre les personnages devant des
architectures d’une ordonnance exquise; elles laissent voir dans le lointain la statue équestre de
Marc-Aurèle, qui est sur la place du Capitole ; il y a aussi, au premier plan, un merveilleux Po
trait en pied du général des Dominicains. Les Sibylles et les Anges de la voûte sont la seule
fresque qui soit restée de Raffaellino del Garbo, l’unique élève de Filippino : combien ces échan-
tillons font regretter ce que le temps a détruit !
 
Annotationen