3i8 Livre IV, Chapitre I.
§. 5. Dans une très-ancienne chanson grecque , qu'un scholiaste
non imprimé attibue à Simonide ou à Epicharme, il y avoit
quatre souhaits , dont Platon n'en rapporte que trois (i ) : le
premier étoit de jouir d'une bonne santé ; le second d'avoir une-
belle figure ; ( K«*or yémïïcm'ov <pvù xcihoy yç'rsfâat, selon le sens pro-
pre que le scholiaste en question donne à ces paroles ) ; le troi-
sième étoit de posséder des richesses bien acquises ( «/o*»« movtw ) ;
et le quatrième , que Platon passe sous silence, étoit de se li-
vrer à la joie avec ses amis ( n'£«V ^eri fa* ). Je remarquerai
en passant, que la signification de ce terme peut servir à éclaircir
ce que dit Hésychius. Or, comme la beauté étoit tant désirée
et tant estimée des Grecs, les belles personnes cherchaient à se
faire connaître à toute la nation par cette prérogative , et sur-
tout à gagner la bienveillance des artistes. Aussi c'étaient les
artistes qui fixoient le prix de la beauté , et qui jouissoient le
plus de l'occasion d'avoir le beau devant les yeux. La beauté
étoit même un mérite pour parvenir à la gloire (2), et l'histoire
grecque ne manque guère de relever cette qualité dans une in-
finité d'individus qui la possédoient (3). Il y eut des per-
sonnes qui furent désignées par des noms particuliers à cause
d'une seule belle partie de la figure. C'est ainsi que les belles
paupières de Démétrius de Phalère lui firent donner le surnom
de ^apiro^cfc.foz 5 C eSt-à- dire, celui sur les paupières duquel siègent
les Grâces (4). Il paroît même qu'on a cru pouvoir favoriser
( i ) Gorg. , pag. 3o4..
( 2 ) La courtisanne Phriné fut absoute
de peine de mort à cause de sa beauté.
Atîienée , /. xiij , c. 6 , pag- 590. E.
a f.
(3) Conf. Pans. I. vj\ p. 4^7 , /. 27.
Pausanias parle dans cet endroit de
plusieurs enfans qui avoient remporté
le prix dans les jeux publics , et aux-
quels on érigea des statues ; mais il ne dit
que d'un seul qu'il étoit très-beau. C. F.
( 4 ) Diog. Laërc. in ejus vita , p. 3oj.
Athern Deipn. I. xiij , pag. 5g3. F.
Athénée dit qu'une courtisanne aimée
par Démétrius , s'appelloit ainsi avant
que ce philosophe lui eut donné le nom de
Lampeto. Casaubon , à l'endroit cité de
Diogene Laërce , et en marge d'Athénée
a, pour mettre ces deux auteurs d'accord,
corrigé le dernier , en lui faisant dire
que Démétrius lui-même se nommoit -
^apiTt^stpapoç. Mais cela n'a pas enlevé
§. 5. Dans une très-ancienne chanson grecque , qu'un scholiaste
non imprimé attibue à Simonide ou à Epicharme, il y avoit
quatre souhaits , dont Platon n'en rapporte que trois (i ) : le
premier étoit de jouir d'une bonne santé ; le second d'avoir une-
belle figure ; ( K«*or yémïïcm'ov <pvù xcihoy yç'rsfâat, selon le sens pro-
pre que le scholiaste en question donne à ces paroles ) ; le troi-
sième étoit de posséder des richesses bien acquises ( «/o*»« movtw ) ;
et le quatrième , que Platon passe sous silence, étoit de se li-
vrer à la joie avec ses amis ( n'£«V ^eri fa* ). Je remarquerai
en passant, que la signification de ce terme peut servir à éclaircir
ce que dit Hésychius. Or, comme la beauté étoit tant désirée
et tant estimée des Grecs, les belles personnes cherchaient à se
faire connaître à toute la nation par cette prérogative , et sur-
tout à gagner la bienveillance des artistes. Aussi c'étaient les
artistes qui fixoient le prix de la beauté , et qui jouissoient le
plus de l'occasion d'avoir le beau devant les yeux. La beauté
étoit même un mérite pour parvenir à la gloire (2), et l'histoire
grecque ne manque guère de relever cette qualité dans une in-
finité d'individus qui la possédoient (3). Il y eut des per-
sonnes qui furent désignées par des noms particuliers à cause
d'une seule belle partie de la figure. C'est ainsi que les belles
paupières de Démétrius de Phalère lui firent donner le surnom
de ^apiro^cfc.foz 5 C eSt-à- dire, celui sur les paupières duquel siègent
les Grâces (4). Il paroît même qu'on a cru pouvoir favoriser
( i ) Gorg. , pag. 3o4..
( 2 ) La courtisanne Phriné fut absoute
de peine de mort à cause de sa beauté.
Atîienée , /. xiij , c. 6 , pag- 590. E.
a f.
(3) Conf. Pans. I. vj\ p. 4^7 , /. 27.
Pausanias parle dans cet endroit de
plusieurs enfans qui avoient remporté
le prix dans les jeux publics , et aux-
quels on érigea des statues ; mais il ne dit
que d'un seul qu'il étoit très-beau. C. F.
( 4 ) Diog. Laërc. in ejus vita , p. 3oj.
Athern Deipn. I. xiij , pag. 5g3. F.
Athénée dit qu'une courtisanne aimée
par Démétrius , s'appelloit ainsi avant
que ce philosophe lui eut donné le nom de
Lampeto. Casaubon , à l'endroit cité de
Diogene Laërce , et en marge d'Athénée
a, pour mettre ces deux auteurs d'accord,
corrigé le dernier , en lui faisant dire
que Démétrius lui-même se nommoit -
^apiTt^stpapoç. Mais cela n'a pas enlevé