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qui me paroît la plus obscure, la plus compliquée , et dont l'examen exige le plus
de sagacité et d'exactitude ; savoir, celle qui concerne les sujets de beaucoup de
monumens étrusqiies empruntés des fables de l'ancienne Grèce , mais dans lesquels ,
en les comparant avec les anciens ouvrages de l'art de cette nation , on trouve
des changemens très-considérables. Il se présente donc ici cette double question :
d'où et comment les Etrusques ont-ils reçu l'ancienne mythologie grecque , et
quelles sont les causes de la différence qu'on remarque dans l'emploi qu'ils en ont
fait ?
§. 2. La première de ces questions, celle qui concerne l'origine et l'emploi de
la mythologie grecque chez les Etrusques, est si intimement liée avec l'histoire de
ce peuple dans les tems les plus reculés, que sans avoir préalablement développé
celle-ci, il est impossible de rien établir de certain et de satisfaisant sur ce double
objet.
3. Une autre difficulté accompagne ces recherches. Dans les discussions qui
concernent les points obscurs de l'histoire , on doit s'en tenir strictement aux témoi-
gnages des auteurs anciens pour décider la chose ; mais, dans le cas présent, il
faut, au contraire, sinon abandonner entièrement l'autorité des historiens, du
moins la restreindre dans des bornes si étroites, qu'on ne peut s'en tirer qu'à l'aide
de la critique la plus subtile , et de la comparaison exacte de beaucoup de circons-
tances. Commençons d'abord par indiquer ce qu'on peut établir avec vraisemblance
sur les premiers tems des Etrusques, pour en produire ensuite les preuves et les
éclaicircissemens.
§. 4- Par une lecture réfléchie de Denis d'Halicarnasse , on se convaincra bientôt
que tout ce que cet auteur rapporte des Pélasges et des Aborigènes ne peut être
appliqué aux Etrusques , comme on le fait généralement. Je pense aussi que les
OEnotriens , qui étoient Pélasges , et sur lesquels Denis d'Halicarnasse ramené l'ori-
gine des Aborigènes, ne peuvent être pris en considération dans ces recherches;
car l'établissement de ce peuple dans la haute Italie, qu'il indique, n'est fondé ni sur
la tradition, ni sur le témoignage d'aucun auteur ancien ; et cet écrivain hazarde
cette conjecture simplement pour éclaircir ce que Caton et Sempronius avoient
avancé sur l'arrivée des Grecs dans cette partie de l'Italie , plusieurs siècles avant la
guerre de Troie (î ). Ce que cet auteur dit de l'arrivée des Grecs après le déluge
de Deucalion , est également de nature à ne pouvoir concerner les Etrusques mêmes ,
mais regarde un autre peuple qui, dans la suite , s'est mêlé avec eux; car je ne crois
pas que les Etrusques soient descendus d'une seule nation ou d'une seule horde ;
mais que, sortis de plusieurs nations, ils se sont réunis en corps, et qu'ils ont
formé le peuple qui donna le nom d'Etrurie aux contrées où ils se sont fixés.
§. 5. En consultant les notions qui nous restent des anciens habitans de l'Italie,
et la position respective de leurs premiers établissemens, il devient plus que vrai-
( i ) Denis d'Halicarnasse , /. i. c- n tuiv.
qui me paroît la plus obscure, la plus compliquée , et dont l'examen exige le plus
de sagacité et d'exactitude ; savoir, celle qui concerne les sujets de beaucoup de
monumens étrusqiies empruntés des fables de l'ancienne Grèce , mais dans lesquels ,
en les comparant avec les anciens ouvrages de l'art de cette nation , on trouve
des changemens très-considérables. Il se présente donc ici cette double question :
d'où et comment les Etrusques ont-ils reçu l'ancienne mythologie grecque , et
quelles sont les causes de la différence qu'on remarque dans l'emploi qu'ils en ont
fait ?
§. 2. La première de ces questions, celle qui concerne l'origine et l'emploi de
la mythologie grecque chez les Etrusques, est si intimement liée avec l'histoire de
ce peuple dans les tems les plus reculés, que sans avoir préalablement développé
celle-ci, il est impossible de rien établir de certain et de satisfaisant sur ce double
objet.
3. Une autre difficulté accompagne ces recherches. Dans les discussions qui
concernent les points obscurs de l'histoire , on doit s'en tenir strictement aux témoi-
gnages des auteurs anciens pour décider la chose ; mais, dans le cas présent, il
faut, au contraire, sinon abandonner entièrement l'autorité des historiens, du
moins la restreindre dans des bornes si étroites, qu'on ne peut s'en tirer qu'à l'aide
de la critique la plus subtile , et de la comparaison exacte de beaucoup de circons-
tances. Commençons d'abord par indiquer ce qu'on peut établir avec vraisemblance
sur les premiers tems des Etrusques, pour en produire ensuite les preuves et les
éclaicircissemens.
§. 4- Par une lecture réfléchie de Denis d'Halicarnasse , on se convaincra bientôt
que tout ce que cet auteur rapporte des Pélasges et des Aborigènes ne peut être
appliqué aux Etrusques , comme on le fait généralement. Je pense aussi que les
OEnotriens , qui étoient Pélasges , et sur lesquels Denis d'Halicarnasse ramené l'ori-
gine des Aborigènes, ne peuvent être pris en considération dans ces recherches;
car l'établissement de ce peuple dans la haute Italie, qu'il indique, n'est fondé ni sur
la tradition, ni sur le témoignage d'aucun auteur ancien ; et cet écrivain hazarde
cette conjecture simplement pour éclaircir ce que Caton et Sempronius avoient
avancé sur l'arrivée des Grecs dans cette partie de l'Italie , plusieurs siècles avant la
guerre de Troie (î ). Ce que cet auteur dit de l'arrivée des Grecs après le déluge
de Deucalion , est également de nature à ne pouvoir concerner les Etrusques mêmes ,
mais regarde un autre peuple qui, dans la suite , s'est mêlé avec eux; car je ne crois
pas que les Etrusques soient descendus d'une seule nation ou d'une seule horde ;
mais que, sortis de plusieurs nations, ils se sont réunis en corps, et qu'ils ont
formé le peuple qui donna le nom d'Etrurie aux contrées où ils se sont fixés.
§. 5. En consultant les notions qui nous restent des anciens habitans de l'Italie,
et la position respective de leurs premiers établissemens, il devient plus que vrai-
( i ) Denis d'Halicarnasse , /. i. c- n tuiv.