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Young, John
A series of portraits of the emperors of Turkey from the foundation of the monarchy to the year 1808: engraved from pictures painted at Constantinople by command of Sultan Selim the Third with a biographical account of each of the emperors — London, 1815

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https://doi.org/10.11588/diglit.25694#0058
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AMURAT II.

de l’abdication du Sultan. Ils se laisserent formellement absoudre de leurs sermens, parcequ’il etoit
impossible de trouverun pretexte pour excuserleur mauvaise foi, vu que le Sultan avoit rempli tous
ses engagemens. Le danger public et les voeux du peuple reveillerent Amurat de sa melancholie,
et avant que le Roi de Hongrie eut fait quelques progres, le Sultan etoit a la tete d’une armee pour
repousser les aggresseurs. Les Hongrois etoient effrayes de cette nouvelle inattendue, mais le legat
du pape et plusieurs eveques et ecclesiastiques, reuissirent a leur inspirer quelquedegre de confiance,
qui fut augmentee par la nomination de Huniades au commandement en chef. Les armees se ren-
contrerent pres de la ville de Varna dans la Moldavie, oil une battaille longue et sanglante eut lieu.
Les soldats d’Amurat commengant a ceder, il parcourut les rangs pour les animer de sonexemple, et
voyant le crucifix sur les ensignes des Chretiens il ota de son sein le papier contenant la ratification
du traite et invoqua sur eux la vengeance de Jesus Christ pour leur manque de foi. L’enthousiasme
du Sultan inspira bientot auxTurcs une nouvelle ardeur, la fortune se declara pour eux, et le Roi de
Hongrie, en s’elangant avec beaucoup de courage pour s’ouvrir un chemin jusqu’a la personne
d’Amurat, perdit la vie. Les Chretiens effrayes par sa mort, s’enfuirent de tous cotes, laissant auxTurcs
une victoire qui leur avoit coute bien cher. Amurat se retira du champ de Varna pour jeuner et prier
avec ses freres Magnesiens ; une insurrection des Janissaries cependant, qui remplit Adrianople de
rapine et de sang le rappela une seconde fois de sa retraite, et la tranquillite fut bientot retablie.

Apres avoir repris les renes du gouvernement, il ne lui fut pas permis de rester longtems dans
l’inaction: a l’occasion de quelques differences entre lui et Huniades, celui-ci pour proteger la
Hongrie avangoit avec une armee jusqu’aux frontieres des dominions turques. Le Sultan laissa les
Hongrois s’avancer et passer la Danube sans opposition. Une plaine etendue dans la Bulgarie,
entouree de hautes montagnes, fut le triste scene d’une battaille meurtriere qui acheva le triomphe
du Sultan sur Huniades. La plaine etoit couverte d’ossemens plusieurs annees apres la battaille, et
dans des terns eloignes on trouvoit en labourant la terre de grandes quantites d’armure et d’armes.

Nous ajoutons avec regret laconquetede Sfetigrade en Epire aux triomphesd Amurat, parcequ’elle
fut avancee par la trahison et accomplie par la superstition. La ville de Croya fut temoin de la
derniere defaite d’Amurat; toutes ses attaques etant dejouees par les talens, et la fortune de Scan-
derberg. Ce malheur et l’ingratitude de son rival troubloient la fin de la vie du Sultan guerrier;
qui mourut dans la quatre vingt cinquieme annee de sa vie, et la trentieme de son regne.

Ouand on a quelque egard aux sentimens d’un guerrier, le caractere d’Amurat a de justes titres a
notre admiration; sa justice et sa moderation ont regu les eloges de tous les auteurs turcs; et les
memoires de son regne qui se trouvent dans les historiens Byzantins, seront a jamais une reproche
pour la conduite des Chretiens, qui en temoignant leur admiration des grandes qualites de 1’Empe-
reur ottoman, ne trouvoient pas en son caractere un modele a suivre. Quoiqu il eut passe sa jeunesse
dans des exercices martiales, il commengoit rarement une guerre sans y etre provoque, et le Sultan
victorieux se laissa facilement appaiser par la soumission, et porter a des actes de pardon et de
bienveillance. Le rebellion de Scanderberg ne trouve qu’une justification incomplete dans les torts
qu’avoit eprouves son pere ; les noms de traitre etd’apostat feront honte a sa memoire,et obscurciront
les actions les plus brillantes de sa vie. Amurat avoit pour ses ennemis deux des plus grands capi-
taines de son siecle ; et bien qu’il fut vaincu tour a tour par tous les deux, et a la fin presque reduit
au desespoir, il triompha cependant de Huniades, son ennemi vaillant et declare; pendant que les
talens de l’autre bravoit sa puissance, et obtint seulement par la politique et le stratageme, ce qu’il
ne pouvoit pas accomplir en campagne ouverte. Si nous pouvions regarder la double abdication
d Amurat comme etant entierement exempte de foiblesse superstitieuse, on pourroit lui accorder le
rare merite d avoir reuni a la gloire d’un conquerant la moderation d un philosophe.

La Vignette represente Amurat, apres avoir quitte sa retraite pour la seconde fois, qui appaise
une emeute parmi ses propres troupes.
 
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