Introduction aux principes des ManœuvréSi ji
lutions, laquelle ne peut s'acquérir que par une étude profonde
6c par des exercices répétés, les petites Armées ne sont d'aucune
ressource, parce que, pour être utiles, il faut qu'elles soient ma-
nœuvrieres , 6c que les grandes, si elles ne sont composées de
Troupes instruites, sont totalement incapables de remplir de grands
objets, tant par la lenteur de leurs opérations, que par Fimmen-
sité de précautions à prendre dans les marches, les campements
6C les batailles, où tout le génie du plus habile Général ne peut
suppléer à l'imposlibilité de les faire mouvoir, agir, ou combattre
ensemble.
D'un autre côté, en s'occupant, en fait de manœuvres, d'objets
frivoles 6c de peu d'importance, on ne peut espérer d'établir la con-
fiance dans l'esprit du Soldat ; c'est elle seule cependant qui le dis-
pose, qui le séduit 6c qui le détermine à tout ce qu'on peut atten-
dre de lui.
Une fois la confiance établie, proposez hardiment les choses les
plus difficiles : le Soldat François a l'esprit juste 5 qu'il voie un objet
d'utilité dans ce qu'on exige de lui, il est plein de bonne volonté j
il entreprendra tout avec plaisir, 6c de plus il réulsira à tout ; mais
il lui faut des soins, de bons propos, 6c jamais de dureté : avec de
la sévérité , de la justice 6c une paie suhSsante, on doit tout atten-
dre des Soldats François, parce qu'en efset c est la meilleure pâte
d'homme qui existe, 6c peut-être austi la plus propre pour la guerre :
il surHt qu'on les conduise bien, qu'ils soient surs qu'on ne les
exposera jamais inutilement, 6c qu'on leur prouve, par les faits,
qu'on s'occupe de régler leurs travaux 6c d'adoucir leur misere.
Avec ces préalables, sans embraiser toutes les manœuvres dont
la marche des Troupes, sur des lignes droites, diagonales, ou
courbes, est susceptible, parce qu'en effet l'imagination peut en
fournir par milliers, il ne faut pas tomber dans l'inconvénient con-
traire, qui seroit de négliger des mouvements utiles à leur ap-
prendre , pour suivre servilement le principe de ceux qui pen-
sent, que moins on peut donner aux Troupes de manœuvres à
étudier , mieux c'est connoître le vrai du métier.
Pour moi je pense, au contraire, que, comme c'est presque un
phénomène que de pouvoir rendre une armée de cent mille com-
battants assez manceuvriere, pour s'ébranler à la fois, s'arrêter