JAPONISME. t
Puis, plus rien que des vertèbres, des côtes, des tibias, un crâne, rongés, blancs et épars comme un
jeu de jonchets. Un peu d'herbe verte a poussé, et aussi une plante à tiges et à feuilles rouges comme
le corail...
Nous n'avons osé donner que la dernière de ces peintures, le Tombeau : un grand vase en pierre,
à couvercle et à socle carrés, ombragé par un frêle saule pleureur. Un jeune prêtre buddhiste, la tète
rasée, vin vêtement noir passé par-dessus sa chemise blanche, le chapelet à la main, s'approche, salue
et s'apprête à piquer des branches vertes dans les deux petits tubes en bronze clair posés sur la pierre.
Les caractères peints sur la mince planchette enfoncée à terre, au pied du saule, indiquent que, selon
les rites, les anniversaires de la mort ont été fêtés le 7e et le 49e jour de la première année ; puis le
troisième jour des m", vu", xme xvne, xxve et xxxiii0 années ; enfin, tous les cinquante ans.
Qui fut cette Ko Mati qu'un artiste a suivie ainsi d'un pinceau naïf et dévotieux ? Que faut-il
entendre par cette série d'accidents lugubres succédant rapidement à une image de la beauté parfaite,
de la richesse galante dans les temps reculés ?
Ko Mati est vin personnage complexe que novis allons retrouver éveillant l'imagination d'autres
maîtres. Historique, elle a vécu avi ve siècle, elle a laissé des poésies qui ont l'honneur de figurer dans
le recueil des Cent poètes célèbres. Légendaire, elle symbolise les amours incomplètes, l'abandon. Enfin
à la colère que semble provoquer dans certains esprits son souvenir, on pourrait reconnaître la
prévention qvi'excita en tovis pays et en tovis temps, chez les sages, l'esprit indocile des poètes.
Cherchons-la dans les albums, et remarquons tout
d'abord que cette maladie qui, dans le rouleau qvie nous
venons de décrire, la frappe en pleine jeunesse, est vme
forme tovit à fait isolée.
Ko Mati, novis a-t-on raconté, était une femme noble.
Elle était ambitieuse et aspirait au trône. Elle se fit aimer
d'un jeune prince. Pleine d'un orgueil imprudent, elle
voulut mettre à l'épreuve la force et la constance de son
amant : elle lui imposa de venir passer près d'elle cent
nviits consécutives. L'hiver était venu. L'amoureux s'était
rendu quatre-vingt-dix-neuf fois au rendez-vous. La bise,
la glace, la neige de la dernière nuit f urent telles qu'il hésita et resta avi palais. Le lendemain,
Ko Mati, impitoyable, lui, fit savoir qu'elle ne le verrait plus.
Puis, plus rien que des vertèbres, des côtes, des tibias, un crâne, rongés, blancs et épars comme un
jeu de jonchets. Un peu d'herbe verte a poussé, et aussi une plante à tiges et à feuilles rouges comme
le corail...
Nous n'avons osé donner que la dernière de ces peintures, le Tombeau : un grand vase en pierre,
à couvercle et à socle carrés, ombragé par un frêle saule pleureur. Un jeune prêtre buddhiste, la tète
rasée, vin vêtement noir passé par-dessus sa chemise blanche, le chapelet à la main, s'approche, salue
et s'apprête à piquer des branches vertes dans les deux petits tubes en bronze clair posés sur la pierre.
Les caractères peints sur la mince planchette enfoncée à terre, au pied du saule, indiquent que, selon
les rites, les anniversaires de la mort ont été fêtés le 7e et le 49e jour de la première année ; puis le
troisième jour des m", vu", xme xvne, xxve et xxxiii0 années ; enfin, tous les cinquante ans.
Qui fut cette Ko Mati qu'un artiste a suivie ainsi d'un pinceau naïf et dévotieux ? Que faut-il
entendre par cette série d'accidents lugubres succédant rapidement à une image de la beauté parfaite,
de la richesse galante dans les temps reculés ?
Ko Mati est vin personnage complexe que novis allons retrouver éveillant l'imagination d'autres
maîtres. Historique, elle a vécu avi ve siècle, elle a laissé des poésies qui ont l'honneur de figurer dans
le recueil des Cent poètes célèbres. Légendaire, elle symbolise les amours incomplètes, l'abandon. Enfin
à la colère que semble provoquer dans certains esprits son souvenir, on pourrait reconnaître la
prévention qvi'excita en tovis pays et en tovis temps, chez les sages, l'esprit indocile des poètes.
Cherchons-la dans les albums, et remarquons tout
d'abord que cette maladie qui, dans le rouleau qvie nous
venons de décrire, la frappe en pleine jeunesse, est vme
forme tovit à fait isolée.
Ko Mati, novis a-t-on raconté, était une femme noble.
Elle était ambitieuse et aspirait au trône. Elle se fit aimer
d'un jeune prince. Pleine d'un orgueil imprudent, elle
voulut mettre à l'épreuve la force et la constance de son
amant : elle lui imposa de venir passer près d'elle cent
nviits consécutives. L'hiver était venu. L'amoureux s'était
rendu quatre-vingt-dix-neuf fois au rendez-vous. La bise,
la glace, la neige de la dernière nuit f urent telles qu'il hésita et resta avi palais. Le lendemain,
Ko Mati, impitoyable, lui, fit savoir qu'elle ne le verrait plus.