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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0017

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L'ART.

distingués, un curieux du bien et du beau, un fanatique de tout ce qui touche à l'art, une nature
d'élite en un mot.

Les artistes français qui comptent bon nombre d'individualités d'un rare mérite et plusieurs
hommes d'un caractère élevé, constituent, eux, comme corporation, la réunion la moins pratique, la
plus impossible, la plus divisée, la plus énervante et la moins sympathique qui se puisse imaginer.
Ce jugement peu gracieux, je suis loin d'être le premier à le porter; ce n'est pas d'hier, qu'il est
juste. Il y a dix-sept ans, Théodore Pelloquet écrivait en parlant de Dauzats : « C'est un homme de
talent, mais c'est surtout le vice-président de la Société des Artistes. Il est vice-président-né, comme
le baron Taylor est président-né : — c'est une vocation.

« Je ne lui en veux pas, et les artistes doivent l'en remercier. Ils forment une race égoïste et
vaniteuse, où chacun est bien plus occupé de ses intérêts propres que des intérêts généraux de l'art
et de ses confrères. Aussi ç'a été une rude besogne que de les constituer en association, et quand il
s'agit de procéder aux élections du bureau et du président, rien de si difficile que de réunir le nombre
de membres suffisants pour voter. Leur faire faire une démarche dont ils ne peuvent tirer directement
un profit personnel est presque impossible. Cette abstention est pourtant à la fois un mauvais calcul
et une niaiserie; mais ces gens-là ne comprendront jamais quelle force ils pourraient tirer de l'asso-
ciation: en quoi ils restent fort au-dessous des comédiens, qui sont pourtant encore plus qu'eux bouffis
d'amour-propre et de prétentions.

« De ce que je viens de dire, rien n'est dirigé contre M. Dauzats, je crois qu'il vice-préside aussi
bien qu'un autre, et qu'il met beaucoup de zèle dans l'accomplissement de ses devoirs1. Je n'ai pas
d'ailleurs l'honneur de le connaître personnellement \ »

Si je ne suis pas le courtisan des artistes, je n'entends pas l'être davantage de la direction des
Beaux-Arts. Voici donc selon moi, en peu de mots, le bilan de M. de Chennevières : ce n'est pas
seulement un homme d'infiniment d'esprit et de goût, c'est aussi un gentleman accompli — ce
qui ne gâte rien, que je sache ; — il n'en a pas moins débuté au pied levé par la suppression du Musée
des copies dit Musée européen ; comme la précipitation de cette mesure révélait bel et bien des appa-
rences de brutalité, les ateliers se sont empressés d'applaudir à tout rompre; les délicats et les amis
inconnus de M. de Chennevières, — je m'honore d'être de ceux-là, moi qui ne le connais que
par ses très-remarquables travaux et ne l'ai aperçu de ma vie, — ceux-là ont regretté de le voir
pour la première fois manquer de gentlemanship, — heureusement qu'une fois n'est pas coutume et
qu'il n'est pas homme à retomber dans ce méchant péché ; — et notez qu'aucun de nous ne pra-
tiquait l'ombre d'enthousiasme pour ce Musée de copies, moi surtout qui ai vu exécuter, — exécuter
est le mot, — plusieurs de ces machines dans divers musées étrangers. Mais Bridoison a parfois
raison: lafôôrme, la fôôôrme, c'est quelque chose dans ce bas monde.

Après l'enterrement du Musée européen, nous avons eu la décoration de Sainte-Geneviève. Il était
si facile de ne pas s'en occuper! A tort ou à raison, dans cette église qui a pour fronton le bas-relief
de David d'Angers : Aux grands hommes la Patrie reconnaissante, on revoit toujours le Panthéon, et on
ne comprend le Panthéon qu'avec les décorations imaginées par M. Chenavard. N'oubliez pas que j'ai
dit imaginées et non pas dessinées ni peintes. Si je suis le premier à reconnaître que M. Chenavard
est un cerveau et partant très-capable de fort nobles pensées, je suis non moins le premier à déclarer
que cet artiste dessine pitoyablement et peint pLis exécrablement encore.

Donc il y avait mille bonnes raisons pour une de laisser Sainte-Geneviève en repos; on n'a pas eu
cette sagesse-là ; on n'a pas même réfléchi qu'il n'existait absolument personne de force à lutter avec la
coupole de Gros, et l'on a eu l'incroyable idée de concevoir la décoration de Sainte-Geneviève à
l'état d'arlequin, passez-moi ce mot d'argot, c'est le seul en situation ; on a imaginé — et commandé

1. Adrien Dauzats, mort à Paris le 18 février 1868, était en effet un très-galant homme; son dévouement à ses confrères ne s'est
jamais démenti; jusqu'à son dernier jour il n'a cessé de leur rendre service.

2. Dictionnaire de poche des Artistes contemporains, par THÉODORE PELLOQUET. — Les Peintres. — Un vol. in-32 de 181 pages
Paris, Adolphe Delahays, rue Voltaire, 1858.

Si ce petit livre, dont les épreuves ne semblent pas même avoir été corrigées en première, en dit long par son impression à la diable,
sur la situation financière de Pelloquet, il nous démontre heureusement aussi à quel point l'infortuné critique était un voyant; chaque
année vient consacrer la sûreté de ses jugements.
 
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