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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0019

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io L'ART.

voisins d'outre-Manche, mais que nous nous hâtons si peu de transporter chez nous dans les faits.
Avec une nation d'autant de goût que le peuple français, que ne doit-on pas attendre si on lui permet
enfin d'étudier de toutes parts les meilleurs modèles du passé et de se convaincre constamment de
visu des progrès que font chaque jour les autres pays ?

C'est ce qu'a voulu amener M. le marquis de Chennevières que l'on devrait être unanime à féli-
citer d'une si heureuse initiative.

Son échec, ce n'est pas lui qu'il atteint, mais la France tout entière qui s'en trouve très-grave-
ment lésée.

Je conclus : il est du devoir strict des municipalités vis-à-vis de leurs administrés de réparer au
plus vite la faute grave qu'elles ont commise; elles ne sauraient trop s'efforcer de faire renaître et
aboutir le projet qu'elles ont en grande majorité réussi à enterrer; la presse départementale, j'en suis
convaincu, aura à cœur d'aider de toute son influence à assurer le succès d'une entreprise qui
popularisera toutes les merveilles artistiques qui existent en si grand nombre en France en les rendant
accessibles à tous les citoyens. Encore une fois, ayons enfin le bon sens d'emprunter à nos voisins
d'Angleterre ces progrès de toute nature, si rapidement, si intelligemment accomplis par eux et aux-
quels ils sont redevables de cette transformation menaçante que chacun ici constate sans rien faire
de sérieux pour parer au danger; que l'on cesse de parler « des institutions que l'Europe nous
envie, » et que l'on ait l'énergie d'envisager le péril en face et de copier résolument pour y remédier
et conserver le premier rang, tout ce qu'ont fait, tout ce que font d'utile et de pratiquement progressif
les autres nations, quelles qu'elles puissent être.

Reste la fameuse Académie nationale des artistes français. Je repousse tout ce qui n'est et ne
sait être ni chair ni poisson; aussi ai-je peu d'enthousiasme pour cette conception en elle-même; mais
si je ne trouve *pas qu'il y ait à louer M. de Chennevières pour cette enseigne académique et pour la
combinaison qu'elle recouvre, je prétends qu'il mérite tous éloges pour avoir, dans sa position, eu
le courage d'attacher le grelot.

Soyons raisonnables, ne demandons pas à un pommier de produire des roses. Dans un pays
où la sacro-sainte administration règne despotiquement et tient le gouvernement tout entier
sous sa loi, et par conséquent les gouvernés auxquels on ne saurait trop inculquer le salu-
taire respect du principe autoritaire, il y a folie à espérer qu'un fonctionnaire, si haut placé
qu'il puisse être, s'avise jamais de proposer une réforme telle qu'elle aurait pour résultat
immédiat de désintéresser complètement l'Etat d'une question quelconque où il exerce une
influence presque séculaire.

Esprit sagace, le Directeur des Beaux-Arts n'a pas hésité à proclamer bien haut tous les
inconvénients de l'organisation annuelle des Salons par le gouvernement, et à pousser l'audace
jusqu'à certifier aux intéressés que leurs affaires n'en marcheraient que mieux dès qu'ils les
traiteraient librement eux-mêmes. Mais tandis que la main droite de M. de Chennevières s'ouvrait
si libéralement, la main gauche de l'Administrateur se raccrochait involontairement aux moindres
branches pour rattraper quelque chose des concessions radicales de l'artiste et du lettré. De
là, l'Académie nationale des artistes français.

Ceux-ci n'approfondissant rien, s'en prirent aux apparences :

« Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille. »

Ce fut leur avis dans les camps les plus opposés. D'un accord tacite ils regardèrent comme
non avenue la mise en demeure d'organiser eux-mêmes le Salon de 1875, convaincus que la
force d'inertie aurait cette fois encore le dernier mot.

Un beau jour, M. le marquis de Chennevières s'aperçut qu'on, n'avait pas tenu le moindre
compte de son rapport au Ministre, et il crut tout arranger en en faisant un second pour
sommer les artistes de s'organiser au galop, les menaçant, s'ils n'en faisaient rien, d'ouvrir le Salon
administrativement comme par le passé. C'était précisément ce que désiraient les futurs exposants.

Si M. de Chennevières avait voulu le triomphe certain de son excellente pensée régénératrice, il
 
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