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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Pougin, Arthur: Boieldieu
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0139

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L'ART.

ritées; lunatique et capricieux d'ailleurs, il châtiait à tort et à travers, donnant parfois plus d'impor-
tance à une peccadille qu'à une faute véritable. On conçoit qu'un tel mode d'enseignement n'était pas
de nature à concilier au maître l'affection et le respect du disciple. La crainte était le seul sentiment
que l'un inspirât à l'autre, qui pourtant n'osait se plaindre à sa famille. Aussi, malgré la bonté de son
naturel, Adrien en était-il arrivé, au bout de quelques années, à prendre en dégoût cet être insuppor-
table : ce dégoût s'augmenta bientôt d'un secret désir d'indépendance, qui n'attendait plus qu'une
occasion pour se manifester avec une énergie rare chez un enfant. Un jour, il laisse tomber une goutte
d'encre sur le clavecin qui servait à ses études. Epouvanté des suites possibles de cette faute involon-
taire, et pensant à la rude correction qu'elle pourrait lui valoir, Adrien, qui depuis longtemps, paraît-il,

Portrait de Boieldieu.
Fac-similé d'un dessin de Camille Gilbert, d'après Boilly i.

roulait dans sa tète le projet de se rendre à Paris, n'hésite pas un instant; il sort furtivement de la
maison de son maître, emportant dans sa poche une petite somme de dix-huit francs, qu'il avait mis
sans doute bien longtemps à économiser, quitte la ville de Rouen, et, de son pied léger, se met brave-
ment en route pour Paris.

Jules Janin a très-bien raconté ce trait caractéristique de la première jeunesse de Boieldieu. Je lui
laisse pour un instant la parole. — « ...Il marcha ainsi, dit-il, tant qu'il put marcher. Mais à quatorze
ans, si l'esprit va vite, le corps est bientôt fatigué. L'enfant, à son premier pas, croit toucher l'avenir;
à son premier geste il croit toucher le ciel ; plus tard il croira toucher toutes les femmes par son pre-
mier sourire. Mais la nuit devient plus froide, les étoiles pâlissent, le chemin s'allonge, la tète s'appe-
santit, la rosée tombe sur ses cheveux flottants et en déroule les longs anneaux; il est temps de dormir,
et l'enfant est tout seul ; et pas une maison sur le chemin. A la fin il en découvre une ; c'était non loin

i. Ce portrait est celui qui figure en tète du volume que vient de publier l'auteur de cet article sous le titre de : Boieldieu, sa vie, ses
œuvres, son caractère, sa correspondance. Un vol. in-18. chez Charpentier, 28, quai de l'Ecole.

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