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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [9]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0235

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SALON DE 1875. 211

où à force d'avoir son œuvre devant soi on ne la voit plus que très-imparfaitement et on n'en distingue
surtoiit plus les défauts. Ses illusions n'ont pas été de longue durée; l'ouverture du Salon a dissipé
instantanément son aveuglement, et personne ne dira jamais autant de mal de son exposition que je lui
en ai entendu débiter sur tous les tons. De découragement, pas trace; il est rentré se remettre au tra-
vail etrecommencer ces mêmes œuvres si radicalement manquées comme peinture; comme M. Gavarni,
il n'a vu dans son Salon que ses défauts, et tous deux ne s'occupent qu'à les combattre; ils en triom-
pheront. C'est à ces natures droites et fermes, à ces caractères modestes et puissamment trempés
qu'appartient l'avenir.

Ma pensée se reporte toujours vers vous, mon cher Anonyme, et plus j'y réfléchis, plus j'acquiers
la conviction que mon crime est d'écrire ad probandum et pas du tout aa? narrandum. Je sais combien le
second système est mieux fait pour chatouiller délicieusement les amours-propres, tant il permet de
parler indéfiniment pour ne débiter que des fleurs de rhétorique banales ; mais enfin ce sont des fleurs et,
si peu parfumées qu'elles soient en réalité, elles permettent la prolongation de douces illusions qu'on
s'entretient soigneusement à soi-même. S'entendre prouver que l'on dessine mal, qu'on ne compose pas
mieux et que l'on peint à l'avenant, j'avoue que cela doit, pour certaines gens, avoir infiniment moins
de charme, mais quelle digne et légitime satisfaction n'éprouve pas l'artiste qui est tenté de vous sup-
poser son adversaire, quand il entend ses progrès, sa transformation, ses succès durables proclamés
par ceux qui se tenaient le plus sur leurs gardes et hésitaient à croire sérieusement en son avenir?
N'est-ce point le cas de M. Edouard Blanchard? Son prix de Rome, ses envois de Home, tout cela
avait laissé bien des gens ou très-froids ou fort indécis. J'étais de ceux qui doutaient, et beaucoup.

Je bats aujourd'hui des deux mains à l'évolution qui lui a fait adresser ses adieux à toutes
les mythologiades et prendre rang parmi les meilleurs portraitistes. 11 a peint M. O... (n° 2,18)
d'une manière simple et pleine de vérité, et d'une pâte qu'on ne s'attendait pas à voir naître
sous ce pinceau-là; il a posé M™ de M... (n° 217) avec une extrême distinction, avec tout
plein d'esprit, un goût des plus parisiens et une élégance si naturelle que le modèle, qui est
charmant, doit lui avoir donné des inspirations à revendre. A côté de ces deux portraits vient
très-heureusement se ranger Cortigiana que l'Art, pour fêter tant de séduisantes qualités si
soudainement épanouies, a chargé M. Rajon de graver pour ses abonnés. Cortigiana résume
les mérites de M. Blanchard, qui se charge de démontrer lui-même ce qu'il lui reste à
acquérir, ce qu'il acquerra, à en juger par la façon beaucoup plus large, beaucoup plus
robuste dont est brossé le fond de draperie rouge sur lequel s'enlève cette tête de Vénitienne
aux séductions vipérines.

Ma foi! je suis si heureux d'avoir à louer ainsi M. Blanchard, que je finis par me
persuader, Monsieur et très-honoré Anonyme, que vous voilà rallié au système de critique de

Votre respectueux serviteur,

Paul Leroi.

[La suite au prochain numéro.)
 
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