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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 6 (Mars 1899)
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N. Hansen-Jacobson
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0293

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L’ART DÉCORATIF

N. HANSEN-JACOBSEN
Un nom nouveau, et un nouvel art. Jusqu’ici,
la sculpture restait en dehors du mouvement
qui pousse tous les arts à se faire décoratifs ;
car ce n’est point par les grâces un peu banales
du bibelot que peut se mesurer la valeur décora-
tive d’un art qui sait, avec Rodin, Constantin
Meunier, Minne, Hildebrandt, s’élever à de si
hauts sommets. Pourtant, en prononçant le
nom de ces grands artistes, on prononçait aussi
le mot de sculpture décorative; chez le Belge
Minne et le Hollandais Zijl, on entrevoyait
même la création d’un nouvel ornement
plastique, tant le rôle architectonique de la
sculpture s’affirme dans leurs œuvres. Mais
si l’on eût tenté l’expérience de faire entrer
réellement celles-ci comme partie intégrante
d’un édifice, que d’incompatibilités eussent encore
apparu I
Avec le Danois Hansen-Jacobsen, un pas
énorme est fait vers le rapprochement. Rien
n’est plus loin de nous que d’en prendre prétexte
pourvouloir comparer la valeur artistique intrinsè-
que de ce sculpteur à celle des grands artistes
que nous venons de nommer. Son art est autre
que le leur et n’a rien de commun avec eux.
D’emblée, Jacobsen a creusé l’abîme entre lui-
même et les autres. Nous faut-il mesurer la
portée de son œuvre au degré de succès avec
lequel il tente cette dangereuse épreuve? Non,
ce serait injuste; le principal est qu’il l’ait osé
le premier. Après un commencement de
carrière plus ou moins heureux dans la voie
habituelle — commencement dont le musée de
Copenhague garde un souvenir dans un groupe
banal de l’artiste — il se mit soudain à tailler
dans la pierre ces choses qui sont encore des
visages, des têtes, des oiseaux, en un mot tout
ce que peut suggérer le monde extérieur, mais
qui sont avant tout de l’ornement. Qu’on n’y
cherche pas le génie, la maîtrise d’un Rodin ;
tous les dons par lesquels on atteint ces sommets
lui manquent évidemment, et peut-être est-ce
la conscience de sa propre faiblesse qui l’a
poussé à abandonner la sculpture pure pour
l’ornement. Mais sur son terrain, il est dans
les premiers. Certes, il prête à la critique;
ses formes sont fréquemment inharmonieuses
ou indécises; elles ont gardé quelque chose de
la barbarie de ces anciens ornements des Danois,
qu’on retrouve d’ailleurs chez Willummsen et
la plupart des autres artistes modernes du Dane-
mark. De ses têtes grimaçantes ne surgit pas
toujours un ornement heureux; trop souvent
elles ne sont qu’étranges, et quelquefois même
laides.
On ne peut faire sortir une forme stylique

d’emprunts à la nature que par une défiguration
de celle-ci. Le droit d’y prétendre n’appartient
qu’à l’artiste capable de greffer sur l’ordonnance-
ment accoutumé des choses dans la nature les
traits d’un autre ordonnancement purement
formel. L’art ne peut rendre l’harmonie de
la nature; cette harmonie est le résultat de
procédés extrêmement complexes, qui n’appar-
tiennent qu’à elle seule. Le principe de l’art
ornemental découle de cette remarque. La
volonté chez l’artiste ne peut présider seule à
l’altération des formes naturelles; il faut
l’intuition des moyens par lesquels on peut
rattacher en un ensemble harmonique de lignes
les éléments sans liaison apparente que fournit
la nature, et cette intuition ne se rencontre
que chez les artistes bien doués pour l’art orne-
mental. Pourtant, la nature reste toujours le
régulateur dans un certain sens. On ne pourrait
renverser purement et simplement ses lois
primordiales extérieures, celles que l’habitude
à gravées dans nos yeux; par exemple, boule-
verser, dans le visage humain, la division
naturelle de la surface par les yeux, le nez et
la bouche; ou bien encore, supprimer toute
loi de construction du corps. L’art consiste
donc surtout à savoir adapter à une conception
neuve certains points fixes fournis par la nature.
Dans l’application de cette règle, on peut aller
aussi loin qu’on veut, jusqu’à rendre la forme
naturelle primitive absolument méconnaissable.
Comme tout dans les questions d’esthétique,
on ne peut que senter ces choses, non en
faire la démonstration logique. Mais des
exemples les rendront claires.
La tête réproduite page 277 à droite n’est
certes pas la copie des formes naturelles;
on en chercherait en vain les lignes dans le
visage humain; néanmoins, elle ne donne au
spectateur l’impression de rien de contraire
à la nature. De même, la chouette (p. 278)
dans ses simplifications, ne contrarie en rien
les habitudes de l’œil et de l’esprit. C’est
encore le cas du «Militarisme», dans lequel
l’artiste a tiré de son sujet un morceau d’orne-
ment plastique de grandes dimensions, en le
réduisant à des formes quasi-géométriques.
L’effet de toutes ces œuvres est essentiellement
ornemental; elles répondent au besoin de
symétrie propre à toute œuvre ornementale,
qu’elle soit le pur produit de la création de
l’artiste on empruntée au monde extérieur; et
néanmoins, toute contradiction trop violente
des habitudes de l’œil y est évitée. Au contraire,
la tête page 277 à gauche par suite du manque
d’ensemble harmonique de ses lignes, n’éveille
d’autre impression qu’une laideur grimaçante.
Si l’on entre dans l’examen détaillé, on

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