Bulletin du Musée National de Varsovie (9.1968)

Witold Dobrowolski

TETE YOTIVE ETRUSQUE DE L'EPOQUE CLASSIQUE

En 1950, par un acte tout a fait exceptionnel daus 1'histoire des musees, la direction du Musee
du Louvre a cede ea depót prolonge au Musee National de Varsovie quelque cent cinąnante
oeuvres d'art antiąue de valeur, couronnant par ce gęste magnanime une longue tradition de
collaboration entre archeologues franęais et polanais. Parmi les oeuvres d'art etrusque que notre
Musee a reęues, il y avait une tete votive ED 1945,1 provenant sans doute de l'epoque classique
(fig. 1).

Cette piece n'a pas encore ete publiee, si ce n'est dans le catalogue de l'exposition organisee
lors de la reception du depót, oii elle a fait 1'objet d'un commentaire provisoire.2 Elle a comble,
du moins en partie, une lacune de nos collections d'art ćtrusque qui ne comprenaient pas d'oeuvres
de la periode classique. Cette ćpoque est peu documentee par les materiaux archeologiques. Le
petit nombre de pieces qui ont ete conservees refletent la crise grave que connut 1'art etrusque
pendant la deuxieme moitie du Ve siecle et au IVe siecle, moment oii il traversa une periode de
stagnation et d'incertitude au cours de laquelle la tradition profondeinent enracinee de 1'archa-
Isme tardif se trouva aux prises avec les influences grecques affaiblies. Suitę a 1'action de ces
courants contradictoires, des oeuvres attardees, incertaines, virent le jour, qui sont parfois diffici-
les a definir du point de vue du style. Cest la, comme on l'a souligne avec raison, urCelh di mezzo
entre les deux grandes chdlisations dę l'eppque .archai'que et bellenistique. Vu le peu de docu-
ments dont nous disposons, tout objet qui', "ćomme notre tete votive, provient de la periode
classique, merite une attention particuliere.- r; *..*•;• >-

L'oeuvre a ete executee en deux parties, dans une a^gile rougeatre. Le visage et le bord tran-
chant du manteau qui recouvre partiellement la tete ont ete imprimes dans une seule formę ouverte;
riiemisphere lisse qui constitue la partie posterieure de la tete a ete modele separemeut (fig. 2).
Les deux parties ont ensuite ete mises ensemble. Malgre le polisage, on discerne la tracę legerement
concave laissee par cette jonction. La surface de )'objet etait probablement entierement recouverte
d'une fine couche d'argile plus delicate, destinee a faire disparaitre les inegalites et a dissimuler
les impuretes. Suitę a un sejour dans des conditions defavorables, cette fine couche s'est comple-
tement effacee de meme que la polycliromie—si elle existait—ce qui a pu transformer radicalement
1'aspect initial del'oeuvre. La surface rugueuse, pleine, depetits cristaux noirs etbrillants d'augite,
a acquis, de manierę inattendue, des valeurs de surface d'une pierre a gros grains. A part cela,

1. No d'inv. du Musee Nation.il de Varsovie 143377 MN;hauteur 0,27 m. Argile rouge a grcs grains, toute semee de
petits cristaux noirs et luisants d'augite, Pargile est bien euite et dure.

2. M. L. Bernhard, Sztuka Starożytna z Muzeum Luwru, Warszawa, 1960, p. 50. La tete y etait def inie comme ćtant une tete de
femme datant de la fin du Ie siecle, ceei probablement en raison dc la ressemblance pretendue presentee par la coiffure
avec celle des portraits d1 Augustę. Son caractere classique y etait cependant souligne.

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