Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 15.1896)

EXPOSITION

DES

ŒUVRES DE M. CONSTANTIN MEUNIER

A « L’ART NOUVEAU »

Les vrais artistes sont rares et les expositions particulières,
trop nombreuses, témoignent en général d’une insupportable pré-
tention. Le principe cependant mérite d’être encouragé auprès de
ceux qui utilisent leurs galeries à ce genre de manifestations
isolées, car il arrive, par exception, que l’une d’elles offre un bel
enseignement et fournit aux amoureux d’art ces émotions qui, pour
être valables et garantes de la supériorité de quelque peintre ou
sculpteur, ne sauraient être provoquées dans un contact fugitif et
distrait. En somme, les Salons annuels sont d’agréables lieux de
rendez-vous où, pour les besoins de la vie ordinaire et l’entretien des
relations, s’établissent et se continuent, entre les exposants cl les
visiteurs, des rapports mondains fort utiles, mais peu artistiques.
Ceci n’équivaut pas à dire que nos Salons soient à mépriser. En nous
présentant, à chaque retour du printemps, un échantillonnage uni-
versel des tendances actuelles, sinon de l’art, du moins de l’esprit
d’art, ils nous avertissent des directions prises et nous habituent à
certains noms dont on aura un jour l’occasion de se souvenir pleine-
ment ; mais il ne faut pas espérer en rapporter mieux que des notions
suffisantes sur tous et incomplètes sur chacun. C’est dans une expo-
sition particulière, et non pas ailleurs, que l’on peut se faire une
opinion précise.