Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 15.1896)

I

UN POUTRAIT APOCRYPHE DE MME GEOFFRIN
FAUSSEMENT ATTRIBUÉ A CHARDIN

Au début de leurs éludes sur le xvmc siècle, MM. de Goncourt
avaient rôvé de recueillir tout ce que l’Europe recèle dans ses
archives secrètes de documents émanés de nos artistes, de nos
hommes de lettres, de nos femmes illustres cl ne se dissimulaient
pas qu’un pareil livre eût absorbé une vie entière, à l’exclusion de tout
autre travail. Aussi ce projet fut-il abandonné, après la publication
de deux séries (aujourd’hui refondues en une seule) de Portraits
intimes que chacun connaît. Il ne faudrait ni moins de temps, ni
moins de patience, ni moins d’érudition à l’homme qui entrepren-
drait de visiter musées et collections particulières pour rassembler
les éléments d’un Dictionnaire des portraits français originaux. Sans
‘Joule, nous possédons nombre de répertoires estimables sur les por-
traits gravés; les listes dressées par les continuateurs du P. Le Long,
rectifiées et complétées elles-mêmes par Soliman Lieutaud, nous ont
fourni à cet égard toutes sortes d’indications utiles dont nous tirons
journellement profit. Je sais, enfin, que sous la direction de M. Georges
Duplessis, le Cabinet des estampes imprime en ce moment la nomen-
clature générale de ses richesses iconographiques, mais personne,
si je ne me trompe, ne s’est encore efforcé de remonter de la copie à
1 original, de retrouver entre les mains de qui celui-ci a passé, de
fixer l’état-civil du personnage qu’il représente et de s’assurer du nom