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La Lune: La Lune — 1.1865

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https://doi.org/10.11588/diglit.6766#0007
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LA LUNE

3

Sous la banquette se trouvait un panier oublié par un
paysan, et dans ce panier, une oie qui, de temps en temps,
allongeant son long cou, picotait au-dessus d'elle.

Une chose qui me picole, moi, c'est le roman que publie
actuellement le vicomte Ponson dans le Petit Journal.

Cela s'appelle la Résurrection de Fteeam.bole, et la scène se
passe au bagne tle Toulon.

— C'est mince dislingosse, dirait Mlle Benoiton, la jeune.

Lisez plutôt :

« — Il faut que je sache tout, dit-il.
« Elle courba de nouveau la tète.
« — II est mort guillotine ï ajouta Cent dix-sept.,
« Mais comme il prononçait w lugubre mol, elle se re-
dressa l'œil en l'eu, la lèvre frangée d'écume.

« — Ah! dit-elle, vous ne savez pas lout encore... »

Comment, il ne sait pas lout encore!

Mais il me semble que c'est déjà bien joli, et qu'après cela
il n'y a rien à dire.

Le vicomte ajoute pourtant quelque chose.

Le personnage dont il parle est bien morl guillotiné...
mais guillotiné au bagne.

Il y a une nuance.

Ponson. tu dérailles.

Autre anecdote :
. Un monsieur et une dame sont dernièrement arrivés de
Nantes : le monsieur pour acheter des bottes molles, très à
ta mode cette année, et la dame pour faire emplette d'un
chapeau pas plus large que le doigt.

Le couple breton descend dans un de nos grands hôtels, et
tandis que le mari va chez son cordonnier, la femme se trans-
porte chez sa modiste.

Elle revient avec son amour de chapeau, un chapeau qui
lui met la tête à l'envers, car, logée à la chambre 61, elle
pousse l'huis et pénètre dans celle qui porte le numéro 10.

61 renversé.

On peut se tromper de ça !

Horreur !

Un monsieur est là, en train de passer ses inexpressibles.

La belle Nantaise pousse un cri terrible.

Ce cri est entendu par son mari, qui renlraiL juste à ce
moment, avec ses bottes molles.

Lui aussi, sans se préoccuper du numéro, se précipite
dans la chambre.

— Il saisit entre ses bras sa femme, lance des regards
flamboyants àl'étranger tout ému, lequel n'avait eu le temps,
_ pauvre homme! — que d'exécuter la moitié de l'opéra-
tion qui consisle à se fourrer les deux jambes dans une paire
de pantalons.

Tableau!

Le riverain des bords de la Loire murmure des paroles de
vengeance.

Il parle de duel à bout porlant, tout en traînant sa moitié
sur le palier.

Le personnage interrompu dans sa toilette prolite du répit,
court à sa porte, la ferme à double tour et attend bravement
le dénoûment d'une aventure à laquelle il ne comprend rien
encore, si ce n'est qu'il a affaire à deux fous.

Sur les entrefaites, le régisseur de l'hôtel était accouru.
• — D'où vient ce bruit? demande-t-il.

— Monsieur, votre maison est un coupe-gorge, un Parc-
aux-Cerfs.

— Comment?

— Là, dans ma chambre, un polisson a osé... Je le tuerai.
_Où prenez-vous votre chambre? Vous êtes au n° 61, et

c'est ici le 19.

Le Breton lâcha sa femme, qui tomba lourdement sur le
parquet et revint à elle sans avoir besoin d'autres soins.

Pendant ce temps, on entendait, à l'intérieur de l'appar-
tement, le monsieur qui défaisait ses barricades.

Et Nantes revoyait le lendemain ses deux enfants.

Un mot, et je finis.

Fanl'an Benoiton se promenait hier sur les boulevards avec
l'auteur de ses jours.

_Oh! c'ie volière! dit-il en voyant passer une cocotte ac-
compagnée d'un gandin.

— Comment! c'te volièreI répliqua le père Benoiton.

_Tu ne vois donc pas l'oiseau qu'elle s'est collé sur le

chapeau ?

— Parfaitement ; mais un oiseau ne constitue pas une vo-
lière.

— Eh bien, et le serin qu'elle a au bras ?

Orio>.\

C'est un sonnet !

Oui, mais un bon sonnet inédit, sonnet inconnu, de ce fou
mélancolique que nous aimions tous, de Gérard de Nerval.

Nous vous l'offrons, prêts à vous en montrer l'autographe
bien el dûment signé, si, malgré le cachet dont il est em-
preint, vous doutiez de son authenlicité.

Voici la bonne fortune :

A la vieille paroisse
Minuit vient de sonner;
J'entends l'air frissonner
Dans les feuilles qu'il froisse.

Il semble qu'aujourd'hui
Le ciel double son voile :
Aucune blonde étoile
N'a ce soir eticor lui.

Quel temps ! pas une lame

N'éparpille ce soir

Son aigrette de flamme...

Mais si l'on pouvait voir
Tout au fond de mon âme,
Il y fait bien plus noir!

Gérard de Nerval.

LES RAILWAYS LUNAIRES

De la .lune, l.'i novembre I80o.

Mon cher directeur,

Je viens de faire mon premier voyage dans un chemin de
fer de la lune.
J'en suis étoqué !

Les pékins terrestres n'ont pas l'idée de ça.

11 faut vous dire que les voitures sont des salons à sièges
moelleux et jamais crasseux; on y trouve des lits, des tables
de nuit, des lavabos, et tout ce qu'il faut pour une toilette
complète. Les femmes y sont comme chez elles.

Je ne sais pas si M. Leprovost est venu flâner dans ce
pays; mais son système est appliqué sur lout le réseau lu-
naire. Il y a dans toute la longueur du train un corridor qui
aboutit à d'élégants water-closets, d'une part ;

Et, d'autre part, à un buffet où l'on donne à boire et à
manger à bon marché : on y respecte les Anglais. Les trains
vont vite, n'ont jamais de retard et ne déraillent pas. Les
voies sont bien construites; les voitures ne sont pas cahotées:
on y écrit comme dans un bureau.

Le croirez vous? les employés sont tous d'une politesse
exquise et mettent des gants pour parler aux voyageurs.

Les hommes d'équipe sont intelligents, bien payés et pas
voleurs.

Les mécaniciens voient clair et ne sont pas grossiers.

Il faut être bachelier pour passer graisseur.— Les chefs de
train sont ferrés sur le règlement el ne perdent pas de ba-
gages.

Les chefs de stations savent l'orthographe et accueillent
les réclamations avec courtoisie.

Les inspecteurs ne sont pas poseurs, connaissent à fond
leur métier, et ne gênent pas les voyageurs en se gardant les
meilleures places.

Les ingénieurs sont d'une capacité supérieure, adorent
leur personnel, et les administrateurs renoncent aux divi-
dendes pour augmenter les employés.

Tâchez donc de parler un peu des railways lunaires à ces
messieurs de la terre.

Le Scorpion.

A TRAVERS LES PLANÈTES

Je flânais.

La lune était dans sou plein.

Je me sentis attiré vers elle. Un sentiment bizarre agitait
mon être. Mon cœur battait à déchirée mon gilet.

— 0 lune, je t'aime !

J'avais à peine prononcé cet aveu, que je sentis un baiser
effleurer mes lèvres; une voix d'une douceur ineffable mur-
murait à mon oreille :

— Viens !

Cependant j'étais seul. A peine passait-il encore quelques
promeneurs attardés.

— Qui a parlé?

— Moi.

Et je crus voir la lune qui grimaçait un sourire.

J'aperçus un de ces industriels en plein vent qui t'ont un
cours d'astronomie à dix centimes la séance. Sa lorgnette,
son trépied s'en allaient avec lui; ce Bias de l'asphalte em-
portait sa science sur son dos et sa recette dans sa poche.

La science pesait plus que la recette, quoique cette der-
nière fût en gros sous.

— Holà! je veux voir la lune.

Il déplia son bagage, ajusta sa lunette, et je collai mon œil
au verre.

Tout à coup j'entends crier: « Au voleur! au voleur! » je
me retourne : horreur! j'avais perdu terre. Le bitume du
boulevard avait déjà disparu. La Madeleine ressemblait à un
petit pâté, et le Panthéon h une madeleine... de pâtissier.

Mon homme criait. J'étais parti sans payer. Il réclamait
ses dix centimes. Attends, attends, voleur! et il dardait sur
moi les rayons de sa lunette qui me piquaient au vif un peu
plus bas que le dos.

* *

Je m'évanouis. ...

Quand je revins à moi, j'étais couché dans un nuage d'or
transparent. La terre avait disparu. La lumière illuminait
l'espace, lumière modeste, timide, harmonieuse. A l'horizon,
le vide; autour de moi, le vide, l'espace immense, infini;
le vide partout.

La lune souriait; sa bouche était un peu grande, et elle
avait de la poésie dans l'œil, comme disent les jolis garçons
affectés de strabisme. En langage terrestre, elle louchait un
peu.

— Tu m'as appelé, tu m'as adressé? une déclaration qui au-
rait pu me faire rougir. Car je suis la chaste Phœbé, l'astre
des nuits, l'innocente. Mais mon cœur a battu pour toi. De-
mande-moi en mariage pour régulariser ta position.

— C'est fut.

— Bon ! — maintenant viens visiter ma famille, viens voir
de près les astres mes parents et leur demander ma main. —
John ! sellez-nous deux comètes, et qu'elles ne soient pas
fatiguées, nous sommes pressés. Choisissez Fulgurelta el
Stellanarix. — A cheval ! — Nous allons voir d'abord mon
oncle Mars. Il faut commencer par- lui : il est susceptible.
S'il n'avait pas la première visite, il serait capable de te
mettre dans la bière.

— Mars esl un guerrier.

— Non, c'est un brasseur.

— Du Palais-Royal?

— Prends garde aux jeux de mots, Stellanarix ne les aime
pas, et elle rue. Tu vois bien au-dessus de nous, devant nous,
au bout de nous, ces innombrables corpuscules qui roulenl
avec une vitesse de sept ou huit lieues par secondes. Vos sa-
vants en ont découvert une centaine à peu près; ils appellent
cela des planètes télescopiques. Pitié! Ils croient que ce sont
les débris d'une pauvre planète autrefois brisée. Pitié! Ce
sont des aspirants à m'a main, des fiancés qui m'aimaient
comme tu m'aimes.

— Comme je vous aime! Impossible.

— Très-sincère ; je le sais. Ces pauvres mortels l'étaient
aussi. Comme toi, ils sont arrivés jusqu'ici; comme toi. ils
ont demandé ma main à ma famille. — Ah ça, mes parenls
veulent que je coiffe sainte Catherine ! — Voilà dix mille ans
que cela dure, et je reste vieille fille. Comment la trouves-
tu?

— Une virginité lunatique. Elle est dans son droit.

— Un coup de cravache à Stellanarix !

— Je suis mauvais cavalier. J'aimerais mieux Gladia-
teur.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Les railways lunaires A travers les planètes
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Objektbeschreibung
Signatur: "Carlo Gripp"; "Gedeon"

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gédéon
Tronsens, Charles
Entstehungsdatum
um 1865
Entstehungsdatum (normiert)
1860 - 1870
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Stern <Motiv>
Pferd <Motiv>
Mond <Motiv>
Frankreich
Fliegen
Karikatur
Eisenbahn <Motiv>
Frau <Motiv>
Reiten <Motiv>
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 1.1865, Nr. 2, S. 2_3

Beziehungen

Erschließung

Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg
 
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