LA LUNE
O 3VC 2VE E
(croquis par grevin)
croqu's do printemps. — A LA CAMPAGNE.
Retour (Finie promenade à âne.
Croquis d'été. — AUX BAINS DE MER.
Le fardeau est doux, mais c'est le galel qui est dur!
Croquis d'automne. — AUX COURSES.
Bravo ! bravo ! et vive la France !
Croquis d'hiver. — DANS LE MACADAM.
Ehl là-lias! ps'iiit!... niais nom d'un petit bonhomme ! là-Dasj:... Pa'iiit donc I ! !
A TRAVERS LES PLANETES
— Suile. —
lie cosrp de boulon que Mars m'avait donne en pleine poi-
m'avait grisé comme une dose de hachich. — Je rê-
xmtre de quarte et coups, dégagements et contre de
ianoe; —je voyais les étoiles qui passaient près de moi et la
" ne qui roulait dans les espaces. Le vide, toujours le vide;
— jC 0« savais plus si je montais, si je descendais. — J'étais
• fesenu planète, et je gravitais autour du soleil.
flalune me regardait de son oui chaste et doux ; elle lou-
<Jkâït un peu, mais son œil n'en avait que plus do poésie.
'Ital à coup deux rayons partent de son sein; ils s'allon-
„•>•!•.!. ï)s arrivent à moi et me forment une ceinture. Ils s'al-
i ent, se croisent, s'entrelacent ; je suis couché dans un her-
sant eu treillis d'or, enveloppé dfun manteau de rosée bleue.
■Tjx: titrage argenté, moelleux/élastique me sert de matelas et
«si%wralîcr; je dors, je me réveille. Un baiser effleure mes
— Pauvre ami !
— Ma lune bien-aimée !
— Mon époux.
— Et tes illustres parents?
— Mars est h moitié satisfait.
— C'est quelque chose.
— Mats ce n'est pas assez. Il trouve que tu n'es pas bien
garde et que tu pares avec mollesse.
—-Je lui demanderai ma revanche chez Jacob.
— M dit que tu recules devant un bock.
— Je lui offrirai 42 mosses à la brasserie moderne, chez
— Eh bien, allons voir matante Vénus. Elle mène l'oncle
j Jars par le bout du nez. Elle en fait ce qu'elle veut.
— Gammcnt faut-il la prendre?
— Véimsl Par les sentiments.
—■ F&îs^tu des vers ?
— Tout amoureux est un peu poète. Voici justement la
Mthèque de Timothée Trimm, ce savant traducteur
re — cherchons un peu — Sapho — hymne à Vénus
mon affaire.
— Poikilothrori' athanaf Aphrodita.
—-C'est du javanais?
...— Cancre! Je vais inspirer un songe à Timothée Trimm.
savant helléniste va nous traduire cela haut la main.
Une seconde après, Timothée Trimm arrivait, mollement
couché sur les lauriers du Petit Journal et bercé par les
applaudissements de son million de lecteurs. Un rayon de
lune illumina son beau front, cl la poésie coula de ses lèvres :
j'étais jaloux de Timothée Trimm.
Il chanta ainsi :
Vénus aux rayons.d'or! que ma voix suppliante
Eveille ta clémence et touche ta grandeur;
Xe m'abandonne pas à la peine cuisante
Qui déchire mon cœur.
Viens, viens! Aphrodita! par ma voix implorée,
Je t'ai vue autrefois descendre de l'Ether,
Et délaisser pour moi cotte voûte dorée,
Le ciel et Jupiter.
Tu montais sur ton char; deux passereaux lidèles
Le traînaient doucement au milieu du ciel pur.
Dociles à ta main, ils étendaient leurs ailes
Dans le céleste azur.
Ils reprirent leur vol. Tu restas, Cythérée;
Un sourire embellit ton visage immortel,
Tu dis : « Qu'as-tu souffert, ô ma douce éplorée,
Pour m'appcler du ciel?»
Oh! viens, j'ai tant souffert, — viens, je t'appelle encore.
Si Lu m'abandonnais, où serait mon recours,
Déesse? Prends pitié du mal qui me dévore
Et viens à mon secours.
— Voilà, dit Timothée Trimm.toujours endormi.
— Et si l'on vous chipe votre traduction?
— Je ne réclamerai pas.
— Et s'il y a des contre-sens?...
Il laissa échapper un sourire semblable h celui de Vénus.
— Pourquoi faites-vous traîner le char de Vénus par des
moineaux?
— C'est dans le texte : O Jiees Strôthoi. Le moineau est
consacré à Vénus; c'est un animal très-amoureux.
— Merci, Timothéo Trimm !
Le savant me donna sa main à baiser.
— Mais, lui dis-je, vénérable somnambule, quand Vénus
nous aura favorablement accueillis, Phœbé et moi, grâce à
votre belle poésie, il faudra implorer le reste de la famille-
Par qui commencerai-je?
— Quelle est la planète lo plus voisine de Vénus?
— Mercure.
— Pourquoi?
— Ouvre un dictionnaire italien, au mot souvenir.
— Souvenir, en italien : « Ricordo. — Ebbene, Riccordati,
souviens-toi. Remember, vas-t'en au diable.
— Bénissez-moi, ô grand Timothée, et que saint Millaud
nous soit propice !
Timothée disparaît en un clin d'œil. Une pluie d'or nous
environne, une lumière irisée enveloppe ma gondole. O mer-
veille ! la gondole s'agrandit ; elle part comme une (lèche —
c'est le ballon, le ballon géant.
Une douce chaleur me pénètre; la lumière m'enivre; je
suis debout; j'ai le pied marin. — O ma lune! à tes pieds, à
tes genoux.
— Téméraire!
— Influence de Vénus!... Je...je...je t'aime...!
— Dormez, monsieur ! Demain vous serez sage et vous de-
manderez pardon.
■— Et nous arriverons chez A'énus?...
— Dans un mois... Dormez.
Elle me donna un baiser, un baiser qui m'alla des lèvres
au cœur. Je me sentais mourir.
Un bras charmant soutenait mon épaule; mon corps flot-
lait dans les espaces, et les lèvres de ma bien-aimée murmu-
! raient à mon oreille :
Do do
L'enfant do
Do do do.
Stbllo.
{La suite au prochain numéro.)
O 3VC 2VE E
(croquis par grevin)
croqu's do printemps. — A LA CAMPAGNE.
Retour (Finie promenade à âne.
Croquis d'été. — AUX BAINS DE MER.
Le fardeau est doux, mais c'est le galel qui est dur!
Croquis d'automne. — AUX COURSES.
Bravo ! bravo ! et vive la France !
Croquis d'hiver. — DANS LE MACADAM.
Ehl là-lias! ps'iiit!... niais nom d'un petit bonhomme ! là-Dasj:... Pa'iiit donc I ! !
A TRAVERS LES PLANETES
— Suile. —
lie cosrp de boulon que Mars m'avait donne en pleine poi-
m'avait grisé comme une dose de hachich. — Je rê-
xmtre de quarte et coups, dégagements et contre de
ianoe; —je voyais les étoiles qui passaient près de moi et la
" ne qui roulait dans les espaces. Le vide, toujours le vide;
— jC 0« savais plus si je montais, si je descendais. — J'étais
• fesenu planète, et je gravitais autour du soleil.
flalune me regardait de son oui chaste et doux ; elle lou-
<Jkâït un peu, mais son œil n'en avait que plus do poésie.
'Ital à coup deux rayons partent de son sein; ils s'allon-
„•>•!•.!. ï)s arrivent à moi et me forment une ceinture. Ils s'al-
i ent, se croisent, s'entrelacent ; je suis couché dans un her-
sant eu treillis d'or, enveloppé dfun manteau de rosée bleue.
■Tjx: titrage argenté, moelleux/élastique me sert de matelas et
«si%wralîcr; je dors, je me réveille. Un baiser effleure mes
— Pauvre ami !
— Ma lune bien-aimée !
— Mon époux.
— Et tes illustres parents?
— Mars est h moitié satisfait.
— C'est quelque chose.
— Mats ce n'est pas assez. Il trouve que tu n'es pas bien
garde et que tu pares avec mollesse.
—-Je lui demanderai ma revanche chez Jacob.
— M dit que tu recules devant un bock.
— Je lui offrirai 42 mosses à la brasserie moderne, chez
— Eh bien, allons voir matante Vénus. Elle mène l'oncle
j Jars par le bout du nez. Elle en fait ce qu'elle veut.
— Gammcnt faut-il la prendre?
— Véimsl Par les sentiments.
—■ F&îs^tu des vers ?
— Tout amoureux est un peu poète. Voici justement la
Mthèque de Timothée Trimm, ce savant traducteur
re — cherchons un peu — Sapho — hymne à Vénus
mon affaire.
— Poikilothrori' athanaf Aphrodita.
—-C'est du javanais?
...— Cancre! Je vais inspirer un songe à Timothée Trimm.
savant helléniste va nous traduire cela haut la main.
Une seconde après, Timothée Trimm arrivait, mollement
couché sur les lauriers du Petit Journal et bercé par les
applaudissements de son million de lecteurs. Un rayon de
lune illumina son beau front, cl la poésie coula de ses lèvres :
j'étais jaloux de Timothée Trimm.
Il chanta ainsi :
Vénus aux rayons.d'or! que ma voix suppliante
Eveille ta clémence et touche ta grandeur;
Xe m'abandonne pas à la peine cuisante
Qui déchire mon cœur.
Viens, viens! Aphrodita! par ma voix implorée,
Je t'ai vue autrefois descendre de l'Ether,
Et délaisser pour moi cotte voûte dorée,
Le ciel et Jupiter.
Tu montais sur ton char; deux passereaux lidèles
Le traînaient doucement au milieu du ciel pur.
Dociles à ta main, ils étendaient leurs ailes
Dans le céleste azur.
Ils reprirent leur vol. Tu restas, Cythérée;
Un sourire embellit ton visage immortel,
Tu dis : « Qu'as-tu souffert, ô ma douce éplorée,
Pour m'appcler du ciel?»
Oh! viens, j'ai tant souffert, — viens, je t'appelle encore.
Si Lu m'abandonnais, où serait mon recours,
Déesse? Prends pitié du mal qui me dévore
Et viens à mon secours.
— Voilà, dit Timothée Trimm.toujours endormi.
— Et si l'on vous chipe votre traduction?
— Je ne réclamerai pas.
— Et s'il y a des contre-sens?...
Il laissa échapper un sourire semblable h celui de Vénus.
— Pourquoi faites-vous traîner le char de Vénus par des
moineaux?
— C'est dans le texte : O Jiees Strôthoi. Le moineau est
consacré à Vénus; c'est un animal très-amoureux.
— Merci, Timothéo Trimm !
Le savant me donna sa main à baiser.
— Mais, lui dis-je, vénérable somnambule, quand Vénus
nous aura favorablement accueillis, Phœbé et moi, grâce à
votre belle poésie, il faudra implorer le reste de la famille-
Par qui commencerai-je?
— Quelle est la planète lo plus voisine de Vénus?
— Mercure.
— Pourquoi?
— Ouvre un dictionnaire italien, au mot souvenir.
— Souvenir, en italien : « Ricordo. — Ebbene, Riccordati,
souviens-toi. Remember, vas-t'en au diable.
— Bénissez-moi, ô grand Timothée, et que saint Millaud
nous soit propice !
Timothée disparaît en un clin d'œil. Une pluie d'or nous
environne, une lumière irisée enveloppe ma gondole. O mer-
veille ! la gondole s'agrandit ; elle part comme une (lèche —
c'est le ballon, le ballon géant.
Une douce chaleur me pénètre; la lumière m'enivre; je
suis debout; j'ai le pied marin. — O ma lune! à tes pieds, à
tes genoux.
— Téméraire!
— Influence de Vénus!... Je...je...je t'aime...!
— Dormez, monsieur ! Demain vous serez sage et vous de-
manderez pardon.
■— Et nous arriverons chez A'énus?...
— Dans un mois... Dormez.
Elle me donna un baiser, un baiser qui m'alla des lèvres
au cœur. Je me sentais mourir.
Un bras charmant soutenait mon épaule; mon corps flot-
lait dans les espaces, et les lèvres de ma bien-aimée murmu-
! raient à mon oreille :
Do do
L'enfant do
Do do do.
Stbllo.
{La suite au prochain numéro.)
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Ces pauvres hommes! (Croquis par Grevin)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: "Croquis de printemps.- A la campagne. Retour d'une promenade à àne"; "Croquis d'été.- Aux bains de mer. Le fardeau est doux, mais c'est le galet qui est dur!"; "Croquis d'automne.- Aux courses. Bravo! bravo! et vive la France!"; "Croquis d'hiver.- Dans le macadam. - Eh! là-bas! ps'iiit!.. mais nom d'un petit bonhomme! là-bas!... Ps'iiit donc!!!" Signatur: "A. Grévin" Sonstige Angaben: "Gillot.Sc"
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1865
Entstehungsdatum (normiert)
1860 - 1870
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 1.1865, Nr. 3, S. 3_4
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg