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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Vimenal, Charles: M. Bizet et "Carmen"
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0037

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L'ART.

efforts qu'elle fait pour le transformer, et ces efforts mêmes contribueront à en hâter les derniers
moments, si Carmen est destiné à exercer une influence sur la musique de son époque.

Si un opéra-comique est une pièce de théâtre où le parlé alterne avec le chant, Carmen est un
opéra-comique. Le caractère essentiel du sujet, très-habilement saisi par le compositeur, est celui
d'un drame réaliste et coloriste; et tel est également le caractère de la musique. On peut regretter
que M. Georges Bizet se soit laissé tenter par un livret chai-penté sans doute avec beaucoup
d'adresse, mais dont les personnages vus ou imaginés par Prosper Mérimée et rhabillés pour la scène
par MM. Meilhac et Halévy, ont, dans la pièce, le tort d'être aussi peu intéressants les uns que les
autres; mais une fois le sujet adopté, il faut reconnaître que le compositeur en a tiré tout le parti
possible, et s'il a succombé à la tentation, c'est apparemment parce que son démon intérieur a vu là

Deuxième acte de « Carmen».
Fac-similé d'un croquis de P. Renouard.

une occasion de déployer ses talents favoris, la précision de la couleur, la vigueur de la touche et la
recherche de la réalité.

M. Bizet se plaît à employer la musique, l'art par excellence de l'idéal, expression des sentiments
les plus intimes comme des plus élevés, à la peinture non pas poétique mais rigoureuse, à la photo-
graphie exacte des aspects extérieurs des choses. Nous nous rappelons, dans la Jolie Fille de Perth,
son second opéra, joué il y a sept ou huit ans au Théâtre-Lyrique, un exemple curieux de cette ten-
dance. Sur la scène, deux personnages, un seigneur libertin et une courtisane masquée, qu'il prend
pour une conquête toute fraîche, et qui s'amuse de sa méprise, jouant la jeune vierge, et se laissant
faire avec toutes sortes de petites minauderies pudibondes et effarouchées ; Richelieu et la marquise
de Prie entre le second et le troisième acte de M"" de Belle-Isle. Dans l'orchestre, silence complet. Les
instruments sont dans la coulisse, où ils donnent le concert aux invités du duc de Rothsay, j'allais
dire Richelieu, tandis que celui-ci fait sa cour à la marquise, je veux dire à la bohémienne Mab.
Parallèlement au duo galant, séducteur et ironique des deux amants, se développe dans la coulisse
pour les invités qu'on ne voit pas, un duo concertant de flûte et de harpe. Il est certain que les
choses ont pu se passer ainsi dans la réalité, sauf un léger détail qui ôte à la situation toute espèce
 
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