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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Genevay, Antoine: Hans Holbein, (le jeune), [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0095

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HANS HOLBEIN

(LE JEUNE)

(suite1.)

on sieur Feuillet de Conches a gracieusement raconté l'accueil
reçu par l'artiste lorsqu'il se présenta à Chelsea où l'homme d'État,,
dans une modeste mais confortable demeure, venait se reposer de
ses travaux et déposer ses soucis. 11 était à table quand on lui
annonça un voyageur porteur d'un pli d'Erasme ; une lettre
d'Érasme! Il se lève, l'assistance l'imite et l'étranger est introduit.
11 remet à sir Thomas le papier qui lui est adressé, et Morus lit :
« Celui qui remet cette missive est le peintre qui a fait mon por-
trait. Je ne vous fatiguerai point de ses louanges, bien qu'il soit
un artiste des plus distingués. Ici les arts sont morts; il se rend en
Angleterre pour y gagner quelques angelots... Baie, le 15 août 1526. »

C'est Holbein! Mais Holbein n'est point un inconnu pour Morus ; il a, en 1518, illustré Y Utopie-
et aussi l'Eloge de la folie que son ami lui a dédié! On s'empresse autour de lui, on le questionne,
il est l'hôte de la maison, on l'y installe, on lui organise un atelier, il vit dans l'intimité de cette
famille grave, aimable, savante, qui respire l'honnêteté; et, le 10 décembre 1526, Morus répond à la
lettre reçue : « Votre peintre, mon cher Érasme, est un artiste admirable, mais je crains bien qu'il
n'éprouve à ses dépens que cette Angleterre n'est ni aussi féconde ni aussi fertile qu'il l'a espéré; je
ferai cependant tous mes efforts pour qu'elle ne lui soit pas tout à fait stérile. »

Pendant trois années, Holbein demeura l'hôte du cottage de Chelsea; il en peignit plusieurs fois,
le noble maître. De ces images, si précieuses pour l'histoire, deux seulement sont venues jusqu'à nous;,
les autres ont été détruites par le temps, et, ce qui est plus triste, peut-être par la lâcheté humaine,,
lorsque l'illustre chancelier porta sa tète surl'échafaud, et qu'il devint dangereux d'avoir été son ami ou
son obligé. En 1527, l'artiste entreprit le tableau de la famille Morus; il ne fut achevé que deux ans
plus tard; elle se composait, cette famille si pure, du père vénéré de sir Thomas, de ce vieillard
devant lequel son fils s'agenouillait tous les matins pour en être béni; de T. Morus lui-même ; de John,,
fils de Thomas; d'Anne Crescare, sa femme; de Marguerite, sa fille bien-aimée, mariée à Roper;.
d'Elisabeth, épouse de John Dancey; de Cécilia, mariée à G. Heram; de miss Gigs, parente de la
famille, et de H. Paterson, homme d'un aspect fort respectable, fou de Thomas Morus, qui restait
fidèle en ce point aux vieilles coutumes des grandes maisons anglaises.

L'original de cette composition a disparu; nous en possédons plusieurs copies et, ce qui vaut
mieux, le grand dessin à la plume de la main du maître, une des richesses du musée de Bâle, et les
sept tètes qui se voient à Windsor.

Dans sa paisible retraite de Chelsea, Holbein peignit quelques-uns des amis de Morus : William
Warham, archevêque de Canterbury; Fischer, évêque de Rochester; sir H. Guidfort; Nicolas Kratzer,
astronome de Henri VIII; Bryan Tuke ; Thomas Godsalve et son frère John. Le génie payait largement
l'hospitalité reçue. A quelle époque Holbein a-t-il été présenté à Henri VIII? Sur cette présentation on
a arrangé toute une scène : Morus offrant les tableaux peints par son hôte, le roi les refusant pour
prendre le peintre lui-même, et déployant une admiration que le salaire qu'il accorda plus tard à
Holbein semble un peu démentir. Nous conservons des doutes, et n'oserions même affirmer que ce fut
Morus qui lui fit connaître le grand artiste dont on ne trouve que bien plus tard le nom parmi ceux des

1. Voir tome ii, piges 12 et 53.
 
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