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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Carr, J. Comyns: Les dessins de William Blake, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0194

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i72 L'ART.

reconnurent sa valeur, et qu'il eut des patrons de môme que des admirateurs. Ses livres enluminés
lui procurèrent pendant sa vie un modeste revenu, et des amis devinrent acquéreurs de ses
aquarelles. Il fit, en 1801, la connaissance de Hayley, autre lumière éteinte de la poésie du
xvme siècle; si Hayley était mauvais poète, il était ami fidèle, et Blake passa plusieurs années
près de lui, à la campagne, travaillant sans relâche. Mais la plus importante des liaisons de Blake fut
celle qu'il contracta plus tard avec M. John Linnell, le paysagiste, qui vit encore; par lui il conm.it
les aquarellistes Varley, Richter et Holmer, et passa dans leur société les dernières années de sa vie.
Il mourut le 12 août 1827, pauvre, mais non malheureux ou délaissé. La gloire n'est point venue à
lui, mais il n'a jamais manqué de l'énergie que donne quelquefois la gloire; le monde a peu fait pour
lui, mais il n'est jamais devenu misanthrope. Le 'manque de succès ne l'a pas rendu amer, car il n'a
jamais cherché le succès comme but de son art. Deux ans avant sa mort, il disait : « Je ne souhaite
rien faire en vue du lucre; je n'ai besoin de rien : je suis heureux. » Ce fut à peu jtrès vers le même
temps qu'ayant rencontré une belle jeune fille chez un de ses amis, il lui dit : « J'espère que Dieu
vous rendra le monde aussi beau qu'il l'a toujours été pour moi. »

Ceci n'est qu'un bref aperçu de la vie de Blake ; nous aurons à parler maintenant de la valeur de
ses œuvres. Sa poésie est un talent spécial dont nous n'avons pas à nous occuper ici, mais en parlant
de ses dessins nous serons quelquefois obligé de nous reporter à ses vers, tant les deux dons sont
étroitement unis dans cette nature d'artiste. Toutefois c'est principalement son talent de dessinateur
que nous avons à juger, et les matériaux pour former ce jugement sont suffisamment nombreux. Il y
a d'abord la série de ses livres gravés de la façon que nous avons décrite. Ces livres présentent
fréquemment la plus belle expression du talent artistique, et leur série complète peut être examinée
parles amateurs dans la collection d'estampes du Musée britannique. Vient ensuite un grand nombre
de ce que Blake appelait « ses fresques », dont quelques-unes sont très-achevées et de dimensions
importantes. On peut en voir quelques-unes dans la collection des dessins originaux, au Musée
britannique, tandis que la plus grande partie est disséminée dans les collections particulières. Enfin
il y a les dessins originaux exécutés en vue de la gravure. La plus volumineuse série de ces dessins,
les illustrations pour les Nuits d'Young, en compte au delà de cinq cents de grand format. Ils sont
soigneusement dessinés et délicatement teintés à l'aquarelle. Les deux volumes qu'ils forment,
cachés depuis la mort de Blake et inconnus même à son infatigable biographe., M. Gilchrist, sont
revenus récemment à la lumière. A ces dessins nous devrons nous reporter constamment en
examinant le talent de Blake. Nous trouverons également un utile secours dans les critiques qu'il a
écrites sur les œuvres des grands peintres. Dans un langage quelquefois étrange, mais toujours
puissant et rempli d'idées, elles expriment la foi particulière à l'artiste et aident à expliquer sa pratique ;
nous nous référerons de temps à autre à ces opinions. Pour le moment nous en avons dit assez pour
montrer combien est particulière la place occupée par Blake parmi les peintres de son pays et de son
époque. Nous avons montré que son but dans l'art était des plus élevés : il ne nous reste plus qu'à
considérer la valeur positive de ses travaux.

Comyns Carr.

{La suite prochainement.!
 
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