Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

DOI Artikel:
Jubinal, Achille: La danse des morts du Locle
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0225

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
2oï L'ART.

beaucoup de monde, entre lesquels il y eut plusieurs personnes de qualité, même des cardinaux et des
prélats. »

Cette Danse des morts ne peut être de Holbein, car elle fut peinte en 1441, et Holbein ne naquit
qu'en 1498. Elle fut retouchée en 1368 par un certain Klauber, qui s'y peignit lui-même avec sa
femme et ses enfants. Elle fut détruite en 1805, en même temps que le cimetière des dominicains,
sur les murs duquel elle existait. Seulement différentes personnes en sauvèrent des fragments, dont
quelques-uns sont encore aujourd'hui à la Bibliothèque de Bâle, ainsi que deux poignards, dont l'un
reproduit sur son fourreau une danse des morts, attribuée, quant au dessin, à Holbein. (Voir à cet
égard mon Rapport au Ministre de l'Instruction publique sur les bibliothèques de la Suisse ;
Paris, 1838.)

Ce qui a pu donner lieu à l'erreur, si généralement répandue, que Holbein était l'auteur de la
Danse des morts de Bâle, c'est que le célèbre peintre a laissé en dessins de portefeuille qui, de mémoire
d'homme, font partie du cabinet des empereurs de Russie, une Danse des morts gravée depuis, mais
qu'il ne faut pas confondre, comme on le fait trop souvent, avec celle du cimetière de Bâle, publiée par
Mérian en 1621 et en 1649. Quant aux dessins de Holbein, gravés par Jean Lutzellberger, ils virent
d'abord le jour en 1530 à Bâle, et eurent ensuite plusieurs autres éditions, d'après les gravures de
Hollar, de Méchel et des frères Meyer. La plupart de ces éditions anciennes sont à présent
introuvables.

Parmi les autres monuments du même genre dont le souvenir est resté, il faut ranger la Danse des
morts de Lubeck, exécutée, à ce qu'on croit, en 1463, sous le porche de l'église Sainte-Marie (Voir
Fabricius, Ve volume, pl. 2) ; — celle du château de Dresde, exécutée en 1534; elle est gravée dans
la chronique de Dresde, d'Anthony Wecker (Dresde, 1680, in-folio). Elle n'était pas peinte, mais
sculptée en pierre sur la façade du château du duc George. Elle contenait vingt-sept personnages.
On la trouve décrite dans un ouvrage publié sur ce sujet à Dresde en 1705, par Christian Hilscher,
en huit volumes, et réédité plus tard, en 1721, à Bautzen.

Je rappelle, pour mémoire, celle d'Anneberg (haute Saxe); celle de Berne, peinte par Nicolas
Manuel, vers 1515 7 dans le couvent des dominicains; celle du couvent des augustins d'Erfurth ;
celle du pont des Moulins, à Lucerne, peinte par Méglinger; celle de la cathédrale d'Amiens; celle de
Saint-Maclou, de Rouen, qui était sculptée; celle du temple neuf de Strasbourg, dont les personnages
étaient presque de grandeur naturelle; celle de l'église de Saint-Paul, en Angleterre; celle de la
cathédrale de Salisbury, qui, d'après Francis Douce, existait dans cette église en la chapelle de Hun-
gerford ©t qu'on- appelait la Mort du jeune homme; celle de Wortley Hall, dans le comté de Gloucester;
celle dont parle Lydgate ; celle de Strafford-sur-Avon ; celle de Nuremberg; celle de Vienne, dont un
groupe, selon Breichmann [Epistolœ itinerariœ), représentait la mort entrant par une fenêtre dans une
maison avec une échelle. Enfin on permettra à l'auteur de ces lignes de citer, pour clore cette nomen-
clature, la Danse des morts de la Chaise-Dieu (Auvergne), qu'il a lui-même publiée chez Didron en 1862,
d'après les conseils de son excellent ami M. le baron Taylor, qui en avait reproduit quelques person-
nages dans le tome Ve de ses Voyages pittoresques dans l'ancienne France.

Sous le rapport bibliographique, nous aurions beaucoup à dire également sur les Danses des morts
à partir de celles de 1484 et de i486; mais notre intention n'ayant jamais été de pousser notre aperçu
dans cette voie, nous nous arrêtons ici, content d'avoir pu arrêter u.i moment les lecteurs de l'Art
sur un sujet qui, pour n'être pas d'une gaieté folle, n'en est pas moins intéressant à plus d'un titre,
d'abord parce qu'il nous renseigne sur une ancienne coutume de nos aïeux, ensuite parce qu'il nous
prouve qu'à travers les pensées éparsesdu moyen âge, l'idée morale et austère subsista toujours, et que
la religion ne cessa, par tous les moyens en son pouvoir, de rappeler à l'homme sa destinée passagère et
son inévitable fin.

Achille Jubinal.
 
Annotationen