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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [9]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0230

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SALON DE 1875. 207

réputation par de folles flatteries et d'ignorants applaudissements, il reste bien peu de chance à ceux
qui se préoccupent sérieusement des progrès de l'Art de parvenir à faire écouter un jugement vrai et
motivé.

« Le système français a au moins cet avantage sur le nôtre : il peut arriver qu'une année le Salon
ne soit pas meilleur chez nos voisins qu'en Angleterre, mais comme il n'y a là personne dont ce soit
spécialement l'affaire de vanter ce qui ne le mérite pas, le public est bien vite informé de la valeur
réelle de ce qu'on lui montre. Nous avons eu l'occasion d'étudier cette année le Salon de Paris et
d'établir la comparaison avec celui de la Royal Academy, et nous pensons qu'ils ne valent guère mieux
l'un que l'autre. »

L'auteur est d'avis que, s'il y a selon lui plus d'échecs éclatants à Paris, cela tient exclusivement
à la prudence de ses compatriotes qui ne sortent pas du même ordre modeste de sujets, tandis que les
Français se lancent audacieusement dans les voies les plus diverses et s'attaquent au grand art où ils
n'échouent que par l'insuffisance de leur éducation, leur pratique convenant, dit-il, exclusivement aux
motifs empruntés au réalisme moderne. « C'est ainsi qu'il est fort curieux, par exemple, de constater
combien le Salon de Paris comprend de compositions où le nu domine. En Angleterre règne la plus
absurde, la plus puritaine croyance qu'il faut que les figures d'un tableau soient vêtues, et il y a
quelques jours à peine que le Times félicitait ses lecteurs de ce qu'ils ne rencontraient pas d'études de
nu à la Royal Academy. Pour tous ceux qui ont fait une étude sérieuse du but de l'Art, il est certain
que, sans l'étude constante du nu, la grande peinture est impossible et que le nu est indispensable à
faire valoir les plus hautes qualités du dessin. La démonstration de toutes les beautés et de la puissance
d'expression du corps humain constitue le triomphe final tant de la peinture que de la sculpture; et si
nos peintres étaient capables de réaliser cette vérité avec succès, nous en finirions en grande partie
avec la désolante impression qui affecte l'intelligence du visiteur des galeries de la Roval Academy. En
signalant plus particulièrement les figures nues du Salon, nous n'avons nullement l'intention de con-
damner ce genre de sujets, mais simplement d'indiquer que c'est là que se révèle surtout la faiblesse
actuelle de l'École française. Dans une composition dont les personnages sont vêtus, un peintre peut
réussir à dissimuler en partie la pauvreté de sa conception. S'il est habile dans le choix de ses acces-
soires, s'il brille par l'exécution, il n'est pas inrpossible qu'il parvienne à détourner l'attention de la
création même, au profit des détails du virtuose. Mais s'il traite le nu, point d'échappatoire, et voilà
pourquoi cette classe de tableaux caractérise le mieux les défauts des artistes français actuels. La
dextérité et l'habileté technique de ces figures sont souvent remarquables ». Tout en reconnaissant que
« les peintres français étudient consciencieusement la grammaire de leur art », le sagace écrivain
constate que « la plupart de ces ouvrages ne sont autre chose que des études d'après le modèle, et
qu'en dépit d'un titre idéal qui leur est plutôt nuisible, c'est au point de vue de l'ordre pratique qu'il y
a uniquement lieu de les examiner. Mais il en est d'autres où l'on a réellement poursuivi une création
poétique, et ici nous voyons presque invariablement la perfection du dessin faire défaut à l'artiste.
Quant à l'invention, on essaye d'en cacher la pauvreté en recourant à deux procédés que nous trouvons
plus d'une fois employés dans les tableaux du Salon. Ou l'artiste revêt ses figures de la grâce triviale
et des séductions fashionables des mœurs modernes, ou il couvre son abandon des sommets élevés de
l'art en recourant à la création mécanique la plus inouïe. M. Cabanel est un exemple éclatant du pre-
mier système; M. Doré est le plus inquiétant représentant du second. La Venus de M. Cabanel est une
peinture très-habile en tout sens excepté dans le sens élevé; nous avons ici à la place de la dignité, de
la sévérité du style, une gentillesse triviale. Les traits sont dépourvus de noblesse, la forme manque de
cette élégance sévère sans laquelle une figure nue devient une pure exhibition de nudité. »

Je traduis mot à mot, mon très-cher Anonyme ; consultez The Examiner, à la page 575.

« Si cette figure était vêtue, elle servirait à représenter une dame à la mode descendant l'escalier
de l'Opéra et son caractère ne serait nullement altéré par cette adjonction de costume.

« Quant à la peinture de M. Doré, — Dante et Virgile visitent la septième enceinte, — réjouissons-
nous de ce qu'elle n'a pas été envoyée à notre Académie. Pure création mécanique de la plus vulgaire
espèce, cela possède tous les défauts, et nous tremblons à la pensée que pareille œuvre eût pu devenir
populaire chez nous si, par hasard, elle avait été patronnée par le prince de Galles. Nous avons fait
 
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