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Tardieu, Charles: Hippolyte Boulenger, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0316
a8o
L'ART.
sistible pour ne jamais renoncer à ses espérances artistiques, un sentiment élevé, un instinct de dignité
native pour les réaliser sans défaillance et sans concession.
Ce qui l'attirait à Tervueren, c'était moins les grands arbres et les sites arrangés du parc que les
innombrables sujets d'études vraies et sans apprêt de la nature environnante. Il avait là une cham-
brette, à l'auberge du Renard, dont il eut l'insigne honneur de peindre l'enseigne, et avec un tel succès
qu'il fut obligé d'accorder la même faveur à deux autres établissements de la localité. Il avait obtenu
l'autorisation de s'aménager un semblant d'atelier dans les combles des écuries désertes de l'ancien
Haras du gouvernement. C'est là qu'il devint vraiment peintre, en battant les prés et les bois, par tous
Portrait d'Hippolyte Boulenger.
Dessin de A. Gilbert, gravure de A. Lévullé.
les temps, en toute saison, toujours armé de sa boîte à couleurs, courant les motifs de tableaux, s'im-
prégnant d'air et de lumière, et pour ainsi dire vivant ses paysages, comme d'autres vivent leur poésie
ou leur musique.
De là l'invention de « l'école de Tervueren. » Il ne se connaissait plus d'autre maître que cette nature
toujours nouvelle et toujours belle, dont il avait surpris les secrets à force de l'aimer. De là aussi cette
sérénité joyeuse qui lui permettait de subir gaillardement toutes les épreuves, heureux quand ayant
vendu quelque tableau à un prix dérisoire pour payer sa mansarde, ses foies et ses pinceaux, il appre-
nait que l'acheteur avait fait une bonne affaire. De là enfin la sincérité de son talent toujours en éveil,
la puissance de sa peinture toujours en progrès, peinture coloriste et naturaliste, qui semble rendre,
avec l'aspec extérieur des choses, les forces mystérieuses de la nature elle-même, et fixer sur la toile
L'ART.
sistible pour ne jamais renoncer à ses espérances artistiques, un sentiment élevé, un instinct de dignité
native pour les réaliser sans défaillance et sans concession.
Ce qui l'attirait à Tervueren, c'était moins les grands arbres et les sites arrangés du parc que les
innombrables sujets d'études vraies et sans apprêt de la nature environnante. Il avait là une cham-
brette, à l'auberge du Renard, dont il eut l'insigne honneur de peindre l'enseigne, et avec un tel succès
qu'il fut obligé d'accorder la même faveur à deux autres établissements de la localité. Il avait obtenu
l'autorisation de s'aménager un semblant d'atelier dans les combles des écuries désertes de l'ancien
Haras du gouvernement. C'est là qu'il devint vraiment peintre, en battant les prés et les bois, par tous
Portrait d'Hippolyte Boulenger.
Dessin de A. Gilbert, gravure de A. Lévullé.
les temps, en toute saison, toujours armé de sa boîte à couleurs, courant les motifs de tableaux, s'im-
prégnant d'air et de lumière, et pour ainsi dire vivant ses paysages, comme d'autres vivent leur poésie
ou leur musique.
De là l'invention de « l'école de Tervueren. » Il ne se connaissait plus d'autre maître que cette nature
toujours nouvelle et toujours belle, dont il avait surpris les secrets à force de l'aimer. De là aussi cette
sérénité joyeuse qui lui permettait de subir gaillardement toutes les épreuves, heureux quand ayant
vendu quelque tableau à un prix dérisoire pour payer sa mansarde, ses foies et ses pinceaux, il appre-
nait que l'acheteur avait fait une bonne affaire. De là enfin la sincérité de son talent toujours en éveil,
la puissance de sa peinture toujours en progrès, peinture coloriste et naturaliste, qui semble rendre,
avec l'aspec extérieur des choses, les forces mystérieuses de la nature elle-même, et fixer sur la toile