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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Chronique étrangère
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0322

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286

L'ART.

Egypte. — Un correspondant du Times écrit d'Alexandrie" j
qu'on s'y est beaucoup intéressé au projet de transporter en
Angleterre l'une des « aiguilles de Cléopâtre, » offertes à l'Angle- !
terre il y a quarante ans par Mehemet Ali. Cet obélisque est un
beau monolithe de granit rouge, qui a 64 pieds de haut et 7 pieds
de diamètre. Son poids est estimé de façon diverse, mais le
maximum qu'on lui prête est de 84 tonnes.

Depuis longtemps il est couché parallèlement à la mer, à une
distance de 24 pieds, sur un banc de sable d'une hauteur de
15 pieds, accoté à un mur délabré. D'après les hiéroglyphes, qui
sont en bonne conservation, l'obélisque a été érigé à On—Hélio-
polis— près du Caire, par Thouthmès II (environ 1500 ans
avant J.-C), pendant le règne duquel on dit que l'Egypte éten-
dait ses frontières aussi loin qu'il lui plaisait. Les inscriptions
latérales donnent les noms et les titres de Rhamsès II (connu aux
Grecs sous le nom de Sésostris), et racontent comment il avait
conquis toutes les nations du monde. Il est aussi digne de re-
marque que les Israélites écaient en Egypte à l'époque de la
construction de ce monument.

On dit qu'il a été conduit à Alexandrie vers le commencement
de l'ère chrétienne. Différents plans ont été proposés pour enle- '
ver l'obélisque. Le plus praticable semble être la construction
d'une jetée à la mer, afin de faire passer l'obélisque par un plan
incliné de planches sur un radeau, sur lequel on pourrait le fixer
et l'attacher et le faire parvenir en Angleterre en été.

Grèce. — Une loi récente a décrété l'établissement d'un
musée d'antiquités dans chaque district. Les objets d'art et les
inscriptions qu'on découvre sur les divers points du pays doivent
être déposés dans les musées locaux, — quand ils existent, —
sauf à en attendre sur place la création, quand ils n'existent pas,
au lieu d'être envoyés comme auparavant dans quelque musée
central. De là la pauvreté du musée d'Athènes, pauvreté qui
frappe le voyageur lorsqu'il la compare à la richesse archéolo-
gique des environs. Mais si l'on prend la peine de voyager en
Grèce à travers les contrées plus éloignées, il n'est pas de petite
ville, pas d'église de village, pas de hameau isolé où, fût-ce dans !
une grange, voire dans une étable, il ne trouve un ou deux objets
d'un mérite réel, condamnés à une obscurité sans espoir.

Nous lisons à ce sujet dans une lettre adressée d'Argos,en juin,
à YAcademy de Londres, par M. J. P. Mahaffy : « Dans un pays
où les voies et moyens de communication laissent tant à dési-
rer, c'est grand dommage que pareille mesure ait été adoptée.
Le nouveau premier ministre de Grèce, à qui je faisais dernière-
ment cette observation, me répondit vivement que les musées
locaux apprendraient aux populations la nature et la valeur des
antiquités, et auraient probablement pour effet de préserver bien
des trésors qui peut-être se perdraient en route si l'on s'avisait de
les transporter à Athènes. Je n'en suis pas moins convaincu que
la loi actuelle est très-préjudiciable aux gens d'étude, d'autant
plus qu'Athènes n'a pas d'organe spécial pour mentionner les
découvertes et publier un croquis ou un dessin qui en indique
au moins à grands traits l'intérêt, le caractère et la valeur. »

M. Mahaffy donne ensuite quelques renseignements sur le musée
d'Argos. Le sol de cette ville est à peu près vierge de fouilles.
Aussi le musée ne se compose-t-il que de quatre antiquités, mais
toutes d'un véritable intérêt : i° une inscription qui a été publiée
dans VAthenœum grec; 20 une remarquable tête de femme, appar-
tenant à la meilleure époque de l'art grec, grandeur demi-nature,
et, chose étrange, un œil un peu plus grand que l'autre; 30 une
admirable statuette de femme délicieusement drapée, posant le
pied sur un oiseau amphibie, — peut-être le cygne de Léda. —
Malheureusement la tête et les bras manquent, mais le reste est
exquis et bien conservé ; 40 une tête de Méduse en relief sur un
large bloc carré de marbre blanc. Cette Méduse a été tout récem-
ment découverte. La figure, sans expression, est d'un style
archaïque, bien que le travail atteste une grande habileté.

— La Société Archéologique grecque commence enfin à démolir i

la grande tour vénitienne, « la tour de Acciainlo, » qui obstrue
une grande partie des propylées sur l'acropole.

Le docteur Schliemann a généreusement mis à la disposition
de la Société, dès juillet 1874, la somme de 13,000 drachmes
(11,625 francs).

Italie. — On sait qu'un projet de loi avait été présenté par le
ministre de l'Instruction publique du royaume d'Italie, M. Bonghi,
demandant l'approbation d'une dépense extraordinaire pour l'ex-
propriation d'une partie d'un ancien couvent devenu propriété
privée, à l'effet d'assurer la conservation du fameux Cenacolo
d'Andréa del Sarto, à Florence.

La commission chargée d'examiner le projet de loi Fa approuvé
à l'unanimité; M. Boselli, chargé du rapport, vient de le présen-
ter à la Chambre.

C'est un travail fort remarquable et qui mérite d'être lu, sur-
tout pour les excellentes considérations au point de vue histo-
rique et artistique sur lesquelles M. Boselli appuie ses conclu-
sions. Après avoir exposé les vicissitudes de ce monument glo-
rieux de l'art italien, le rapporteur rappelle, avec l'éloquence
d'un esprit convaincu, que, pour l'Italie, la question des beaux-
arts est une question non-seulement intellectuelle et morale, mais
aussi une question économique. » Tous les désirs, tous les ef-
forts des Italiens tendent à préparer une Italie nouvelle, puis-
sante par la richesse de ses industries et par l'activité de son com-
merce. Mais l'Italie devra toujours maintenir son caractère de
nation éminemment artistique. Nos beaux-arts n'élèvent pas seu-
lement la pensée et l'esprit du peuple italien, ils établissent un
échange continuel d'idées et d'affections avec tous les peuples civi-
lisés ; ils appellent dans notre pays des hommes d'étude et des
visiteurs qui, avec leur tribut d'admiration, nous apportent aussi
d'autres avantages appréciables jusque dans le budget de l'Etat
et dont l'importance économique n'est pas peu considérable pour
quelques-unes de nos villes.

« Une illustre et grande nation voisine, quoique forcée, après
des désastres immenses, à avoir recours à de graves mesures
financières pour guérir ses plaies, n'a pas négligé de s'occuper de
la réorganisation de ses galeries artistiques. L'Assemblée nationale
française, dans sa séance du 26 juillet 1873, a approuvé, à une
grande majorité, l'acquisition d'une fresque de Raphaël, pour plus
de 200,000 francs. Une seule voix s'est élevée pour rappeler la
pauvreté du budget; mais le rapporteur de la commission a pu
répondre, au milieu des applaudissements : « Je ne puis laisser
« dire qu'en France l'art n'est qu'une chose de luxe; je ne le
« laisserai jamais dire à cette tribune. L'art est précisément ce
« qui nous a le plus ennoblis, l'art est ce qui vivifie notre indus-
« trie, l'art est notre véritable couronne. »

« Que devrions-nous dire en Italie, conclut avec raison
M. Boselli, à propos d'une dépense de 40,000 francs pour con-
server le Cenacolo d'Andréa del Sarto? »

L'honorable rapporteur a saisi l'occasion pour recommander
à plusieurs reprises à l'administration du domaine un peu plus
d'attention et un peu plus de souci à l'égard des monuments ar-
tistiques de l'Italie qui appartiennent à l'État. On n'a pas l'idée
de la légèreté incroyable avec laquelle l'administration procède
aux aliénations d'immeubles renfermant des trésors précieux pour
l'histoire et pour l'art. Deux faits suffiront pour caractériser les
procédés du domaine.

En 1866, le domaine a vendu, dans les environs de Pérouse,
quelques immeubles dans lesquels se trouvent les tombeaux de la
Gens Volumnia. Le domaine en a tiré 7,750 francs. Eh bien, une
partie des objets d'antiquité qu'on en a retirés a déjà été évaluée
à 38,000 francs !

Le couvent de San Salvi, où est le Cenacolo, a été vendu par le
domaine à un prix dérisoire, sans souci du monument artistique
qu'il renferme. Et, maintenant, il faut racheter ce qu'on a vendu!

C'en est assez pour que nous nous associions aux vœux énergi-
quement exprimés par M. Boselli.
 
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