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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Soldi, Émile: La sculpture égyptienne, [3], Procédés techniques-formations du style égyptien-marché de l'art et considérations générales
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0360

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LA SCULPTURE ÉGYPTIENNE. 323

D'autres savants ont cherché à démontrer l'usage des pointes de diamant, mais en supposant
même que les Égyptiens les connussent aux anciennes époques (et ceci n'est rien moins que sûr),
elles ne leur auraient servi en rien, l'usage pratique en étant beaucoup plus long que celui de la
marteline ou du ciseau. Aujourd'hui on n'emploie ces instruments que lorsqu'on fait une pièce
entièrement ronde ; on adapte cette dernière au tour, et les outils diamantés, tenus immobiles, usent
la matière à la longue. La fontaine des Champs-Élysées est faite ainsi, mais il n'y a pas trace
d'objets similaires chez les Égyptiens.

Nous avons aussi un système fort simple, consistant en un tube rempli d'émeri, que l'on tourne,
et qui perce ainsi des trous très-réguliers. Ce système permet de faire facilement des trous ou noirs
et par cela même de dégager les bras de la taille ; or, c'est là ce que les Egyptiens semblent n'avoir
pu faire. Considérez par exemple les statues du Louvre qui représentent la déesse Pacht, à la tête
de lionne. Le corps de ces figures est allongé, dans un esprit imitatif de cet animal, mais les bras
sont liés à la taille, comme toujours, par crainte de l'évidement de la matière, ce qui nuit beaucoup
à l'effet cherché. 11 ne peut y avoir de doute que, s'ils avaient eu des moyens particuliers, les artistes
eussent dégagé à ces endroits. Nous croyons donc être en droit de conclure que les Egyptiens ne
connurent pas l'instrument dont nous venons de parler.

D'autres savants ont cru que les Egyptiens avaient des procédés particuliers pour amollir la
pierre jusqu'à une certaine profondeur. M. King rapporte que Ciguoguetti, ai-chitecte romain, qui
a exécuté dans l'église de Sainte-Marie-Majeure un autel décoré de petites colonnes en porphyre,
lui a fait savoir que le seul moyen d'amollir un peu cette pierre est de la tremper plusieurs semaines
dans le liquide que Gulliver employa pour éteindre l'incendie de Lilliput. En admettant que
M. Ciguoguetti ait pu obtenir quelques résultats par ce moyen, on comprendra que, s'il est possible
de tremper ainsi quelques petites colonnes, cela eût été impraticable pour amollir le granit des
colosses égyptiens, avant comme après l'extraction de la carrière.

La vérité, c'est que les Egyptiens, en s'attaquant aux matières les plus dures, ainsi que les y
poussait leur désir de faire solide, durable, éternel, n'eurent à leur disposition que des procédés

peu perfectionnés, des instruments simples et peu nom-
breux, et qui, à l'exception du ciseau, étaient tous destinés
à frapper et à marteler. Avix arguments que nous avons
déjà développés, nous ne pouvons ajouter de preuves
plus convaincantes que les monuments, que les statues
elles-mêmes. Partout nous voyons les artistes égyptiens
éviter, avec un soin constant, les évidements et les amin-
cissements. Était-ce seulement afin d'assurer à leurs
œuvres une durée plus longue? Non pas : c'était aussi
parce que, avec les procédés imparfaits et violents aux-
quels se restreignaient leurs ressources, en évidant telle
partie, en amincissant telle autre, ils se fussent exposés
à briser eux- mêmes leur ouvrage. De là un type de statues
et un style général commandés par les matériaux.

Tout d'abord, la tête offrait par son emmanchement
avec le corps un des principaux dangers : le cou, plus
faible que les autres parties, risquait de ne pas résister
aux chocs du martelage de la tète. Aussi les sculpteurs
eurent-ils le soin, toutes les fois qu'ils le purent, de coiffer
leurs figures du claf ou bonnet dont les barbes tombent sur
la poitrine. Dans les cas où la tète est nue, les cheveux
forment toujours une forte masse, qui consolide le cou, en lui donnant un soutien jusqu'aux épaules.
Quelquefois, quand cette masse de cheveux a été terminée trop finement à sa rencontre avec les
épaules, les statues n'ont pas résisté au choc, ce dont nous avons un exemple dans la figure (A. 88)
au Louvre. Plus les matériaux sont durs au travail, plus peut-être ils sont fragiles. Dans les statues

Fragment d'une statue de Ciiephrem.
Fac-similé d'un dessin de Valentin.
 
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