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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Ballu, Roger: Les concurrents aux prix de Rome
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0386

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LES CONCURRENTS AUX PRIX DE ROME. 347

effet troublé de soleil couchant, tant la lumière jaunâtre répandue par l'apparition est violente. En plein
ciel d'un bleu clair, une coquette figure d'ange plane dans un rayonnement doré et se détache sur un
fond qui se dégrade du jaune au bleu en passant par le vert. La composition est tourmentée, pénible
et cherchée sans être trouvée. Sur le premier plan, une femme tourne le dos à l'ange et regarde le
public en montrant le blanc de ses yeux; plus loin la foule des bergers s'étend confuse.

La composition de M. Mathieu est terre à terre. L'ange ne vole pas, il marche, il arrive à pied
par le côté gauche du tableau et se présente de profil. Un enfant, en l'apercevant, se jette épouvanté
dans les bras d'un vieux pâtre. Le sentiment dominant ici est la crainte; il semble que ce groupe, à
mesure que l'ange va s'avancer, reculera et finalement prendra la fuite : il n'y a pas d'ensemble et le
tableau est mal équilibré. Malgré ces défauts, il y a d'incontestables qualités dans cette œuvre. La
figure de l'ange a une certaine tournure, le ton de sa robe est lumineux et doux à la fois, les ténèbres
enveloppent les personnages sans trop les assombrir. L'effet de nuit a été bien compris au point de vue
de la couleur.

On reconnaît aisément que le quatrième concurrent, M. Dantan, est un artiste consciencieux qui
cherche et prend de la peine. La manière dont il a groupé ses personnages accuse un travail difficile.
Il a placé des bergers dans tous les coins de son tableau. Au-dessus du cercle formé par ceux-ci, on
voit le messager céleste. Cette disposition est sage, je le veux bien, logique peut-être, mais c'est là
tout son mérite. En outre, la peinture de M. Dantan paraît ridée et vieillotte; la largeur manque aussi
bien que l'harmonie. Je regrette encore que l'ange placé devant le rayonnement fasse ombre sur
celui-ci et ne s'enlève pas en lumière : l'aspect général du tableau, réveillé par cette note claire, eût
paru peut-être plus satisfaisant.

L'Académie, avec une très-grande justice, a donné un deuxième second prix à M. Bellenger. Le
parti de ce peintre ressemble un peu à celui de M. Chartran. Les pâtres sont disposés en groupe à la
gauche du tableau; au loin, une ville endormie plongée dans l'obscurité; au premier plan, l'ange soutenu
en l'air par ses ailes déployées ; cette figure est une des mieux comprises, le mouvement naturel et
facile se devine aisément et a une certaine grâce; les personnages sont intéressants. Nous trou-
vons dans ce tableau une vigueur, parfois même un sentiment de puissance qui frappe à première vue
et qu'il convient de louer. Cette part faite à l'éloge, nous critiquerons le berger qui, étendu au pre-
mier plan, colle sa face contre terre : pourquoi l'avoir couronné de vignes au mois de décembre,
et dans une scène biblique ? Il faut renvoyer à la mythologie ce païen coiffé de pampres verts en
l'honneur de Bacchus. Que M. Bellenger prenne garde d'ailleurs, ses qualités ne sont pas celles
d'un coloriste. Sa couleur générale est un peu dure, et il y a çà et là des tons d'ardoise que l'on
regrette.

M. Ponsan a trop de respect pour les traditions académiques; il importe qu'un artiste, même dans
un concours d'école, soit plus franc d'allures et s'abandonne un peu à son imagination. Nous sommes
ici en présence de modèles d'atelier correctement posés, sagement dessinés, mais entre les mains des-
quels on a placé des houlettes pour que nul n'ignore que ce sont des bergers. Le premier lève son
coude en l'air et place son poignet sur la tête; le second allonge majestueusement le bras; le troi-
sième cambre son torse; le quatrième étend ses jambes et, le front baissé, regarde d'un air sombre.
L'ange n'est pas en proportion : sa taille gigantesque occupe presque toute la hauteur du tableau.
M. Ponsan est cependant un des bons élèves de l'Ecole sur l'avenir desquels on peut compter; il a
déjà eu un second prix : il lui manque le courage d'oser.

Nous regrettons de n'avoir trouvé aucun bien à dire du n° 7. L'ange, dont les ailes sont tricolores,
ressemble à ces enluminures que vendent les marchands d'imagerie religieuse. Il a pris soin de boucler
ses cheveux, et il s'est revêtu, pour annoncer la venue du Messie, de sa plus belle robe, sur la bor-
dure de laquelle sont brodés ces mots : Gloria in excelsis Deo. Il y a dans cette toile une afféterie, une
recherche de détails qui s'accommode mal avec la simplicité et l'élévation du sujet. D'autre part, les
figures sont éparpillées et la composition paraît vide. Dans le coin de gauche, un berger assis a le
visage jusqu'au nez caché par une sorte de voile blanc, sans que l'on sache pourquoi. A droite, un de
ses compagnons est étendu à terre. Dans le fond, un troisième, ébloui par l'auréole, jette violemment
ses bras autour de sa tête. Il semble que le tonnerre vienne de tomber et que les trois personnages
 
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