Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

DOI Artikel:
Leroi, Paul: Salon de 1875, [16]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0415

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
376 L'ART.

marbre de son adorable groupe : un Secret d'en haut (n° 3294), acquis par le Ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts. A la bonne heure ! voilà un acte absolument intelligent et auquel on peut
enfin applaudir sans réserves. M. Moulin a reçu du ciel l'influence secrète; l'art moderne le reven-
dique corps et âme; il en est une des plus parfaites incarnations. Il est impossible d'être plus neuf en
employant de plus antiques éléments. Le sujet est tout ce qu'il y a de plus ancien et cependant un
sculpteur de la Grèce ou de Rome n'eût pu le traiter; il exclut en effet leur sereine impassibilité. Il y
a eu quelque galante algarade dans le monde olympien, soit que Jupiter se soit permis de nouveaux
coups de canif ou que maître Vulcain, qui n'en est plus à compter, ait vu s'allonger encore la liste
démesurée de ses infortunes conjugales. Le messager des dieux, qui sait à quoi s'en tenir, est descendu
sur terre ; la langue démange au seigneur Mercure; il faut absolument qu'il confie à quelqu'un les
fredaines célestes ; il a rencontré un Terme et, penché à son oreille, il y murmure les détails de son
scabreux secret que le dieu, prisonnier dans sa gaine, accueille du rire le plus gaillard.

Le contraste de cet être informe et condamné à une perpétuelle immobilité, avec ce corps char-
mant, souple, exubérant de vie élégante, pétillant d'esprit, dévoré d'exquise méchanceté railleuse,
constitue une de ces créations qui classent à jamais un artiste et auxquelles on ne saurait se lasser
d'applaudir. Et je n'ai rien dit de l'attitude du divin roué, de son incroyable aisance, de la façon toute
conquérante dont il joue de son caducée, du balancement si distingué des jambes, de toute la désin-
volture séductrice de ce bel indiscret, qui, s'il en connaît long des galants exploits d'autrui, dissimule
fort peu qu'il en fait bien d'autres. Mercure est en veine de confidences et paraît très-disposé à par-
courir son propre chapitre de victoires et conquêtes.

Barye, le maître illustre, laisse un élève digne de lui.

Paul Leroi.

(La suite au prochain numéro.)
 
Annotationen