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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [18]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0458

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418 L'ART.

est appelé à y envoyer ses œuvres. En Belgique, depuis longtemps aussi, la Société des Aquarellistes
a conquis la faveur publique, et nombre d'artistes français se trouvent fort bien d'y exposer chaque
année. Rien ne serait plus aisé que de constituer à Paris une institution analogue.....

« Dessinateurs, graveurs et lithographes devraient, de leur côté, se réunir en un seul groupe et
faire de ces expositions en blanc et en noir —- Black and White exhibitions, — que l'Angleterre a inau-
gurées avec un si éclatant succès et que New-York réalise cette année avec non moins de bonheur.

« Alors, mais alors seulement, il arrivera au public français de découvrir qu'il est riche de maints
talents qu'il ignore aujourd'hui. »

C'est dans la Galette des Beaux-Arts 1 que j'écrivais ces lignes en 1873. L'année suivante je repre-
nais le même thème en étudiant les Aquarelles, Dessins et Gravures au Salon :

« L'an dernier, je n'ai dit qu'un mot des aquarellistes et des dessinateurs; je les engageais à con-
stituer une société indépendante, comme l'ont fait et le font chaque jour avec tant de succès les
Anglais, dont l'exemple ne saurait trop être rappelé; — à force d'en entendre parler, on finira peut-
être par se décider une bonne fois à les imiter sérieusement; — ce sera fort tardivement faire preuve
d'esprit pratique et de bon sens, mais mieux vaut tard que jamais, dit le proverbe ; à défaut d'autres,
c'est toujours une consolation.

« Je n'ai pas changé d'avis : architectes, graveurs, aquarellistes, dessinateurs, miniaturistes,
lithographes, émailleurs, etc., ont tout à gagner à leur constitution en groupes indépendants, pour
exposer désormais isolément leurs œuvres. 11 est absurde de demander au public de les étudier avec
l'attention qu'elles méritent, dans les conditions actuelles, c'est-à-dire au sortir d'un chaos de près de
deux mille tableaux et de six cents bustes et statues2. »

Cette année un de ces hommes d'élite dont le nom inspire le respect à tous ceux que passionnent
les questions d'art, M. Anatole de Montaiglon, qui a conquis tant de titres à la reconnaissance par ses
fertiles recherches et ses savantes études, m'a fait l'honneur de revenir sur ces mêmes idées, de les
développer et d'insister avec la légitime autorité qui s'attache à tout ce qu'il écrit. Je ne résiste pas
au plaisir de le citer; mes lecteurs ne peuvent qu'y gagner.

« L'exposition en réalité ne devrait comporter que deux choses : la peinture et la sculpture. Déjà
l'on ne regarde guère la dernière; les femmes vont s'y asseoir et voir les fleurs; la plupart des hommes
n'y restent que pour fumer un cigare. Quant à la peinture, ce qui est le plus vu dépend, absolument, de
la porte par où entre le public; il examine trop la première salle, assez bien les deux ou trois qu'il voit
ensuite, à peine toutes les autres parce que la fatigue est venue et elle vient vite à ceux qui ne voient
des tableaux que par curiosité, sans aimer vraiment la peinture et sans avoir l'habitude de la regarder
sérieusement. Tout le reste, pour le public, demeure non avenu; il n'en voit rien, car il n'y met pas les
pieds. Sauf les premiers jours, où l'on rencontre les artistes eux-mêmes, leurs amis et les vrais curieux,
les quatre grands balcons en couloir où sont l'architecture, les dessins, la gravure et les faïences, sont
absolument le désert. D'un côté, c'est un abandon immérité, et de l'autre ceux qui n'y vont pas y
regarderaient, s'ils y allaient, bien des choses avec plaisir.

« Le remède ne serait-il pas dans des expositions spéciales et séparées? Celles, plus restreintes,
si intelligemment faites par l'initiative de quelques clubs, et aussi celles où ne figurent que les œuvres
d'un seul artiste, montrent que le public se dérange pour autre chose que pour le Salon. De plus, le
succès des expositions d'aquarellistes et d'aqua-fortistes, qui sont courantes en Angleterre, fait la même
preuve. Ces dernières seraient pevit-être ici trop spéciales et exclusives; mais une exposition composée
de toutes les espèces de gravure et de lithographie serait bien autrement intéressante et se verrait
beaucoup mieux que le coin presque honteux où elles sont aujourd'hui comme reléguées dans le grand
pandémonium du Salon. Dans une autre exposition, celle qui comprendrait tout ce qui n'est pas de la
peinture, les dessins de tout genre et les aquarelles auraient aussi bien plus d'importance qu'au Salon.
Le peintre qui a des tableaux n'envoie pas toujours en même temps un carton, une étude, ni une
aquarelle; dans une exposition spéciale, il en enverrait pour y figurer aussi, et le public verrait bien

1. Tome VIII, 2° période, la Gravure au Salon, pages 140 et 1J0.

2. Galette des Beaux-Ans, tome X, 1" période, page 80.
 
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