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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0282
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NOTRE BIBLIOTHÈQUE.

Vienne, ont été peints sur commande, pour un prix convenu
d'avance, sans que l'artiste ait eu à se plaindre de la parci-
monie ou de la mauvaise volonté de ses clients. Ainsi la
légende tombe et cède la place à un récit moins piquant sans
doute, mais qui a pour lui le mérite de l'exactitude.

A cette troisième période, une des plus actives et des plus
fécondes de la vie d'Antoine, appartiennent encore une quan-
tité énorme de portraits de grands personnages ou d'artistes
qui gardent comme un reflet de l'école vénitienne. C'est aussi
pendant son séjour dans les Flandres que Van Dyck traça
d'une pointe si libre et si puissante ces inimitables eaux-fortes
qui compteront toujours parmi les chefs-d'œuvre de la gravure.

Des digressions interrompent de temps en temps le récit
chronologique des événements en fournissant des détails nou-
veaux sur l'histoire de certains tableaux célèbres : ainsi, une cor-
respondance analysée pour la première fois nous apprend que
M. d'Angiviller sollicita vainement des couvents de la Flandre
française la cession des tableaux aujourd'hui exposés au Musée
de Lille. Quant au Christ en croix de Vienne, il fut offert en
don par les magistrats de Bruxelles à l'impératrice Marie-
Thérèse.

A partir de 1632, nous entrons dans la dernière période,
moins connue jusqu'ici, de la vie du peintre. Comblé d'honneurs
et de bienfaits par le roi Charles I»', recherché et choyé par la
plus haute aristocratie de l'Angleterre, Van Dyck peut à peine
suffire aux nombreux travaux qu'on lui demande de vingt côtés.
Tous ses moments sont absorbés par l'exécution de ces innom-
brables portraits, orgueil des châteaux de la Grande-Bretagne.
Seul, il n'eût jamais suffi à une pareille tâche, Smith et Waagen
citent de trois cent cinquante à quatre cents portraits peints
en moins de huit années. Il a dû* souvent recourir à l'habileté
de ses élèves, surtout pour peindre ces multiples répétitions
de la même figure, dont nous trouvons l'explication toute
naturelle dans les Anecdotes de Walpole. C'était un usage,
paraît-il, parmi les grandes familles anglaises d'échanger des
portraits entre parents ou alliés, à l'occasion d'une fête ou d'un
mariage. Ne voyons-nous pas cet usage, observé en France
jusque sous le règne de Louis XIV, donner naissance à ces
galeries de personnages célèbres dont la galerie du château de
Bussy reste le type ? Évidemment l'artiste renommé à qui on
s'adressait pour une pareille besogne, ne dut l'accepter qu'à la
condition d'employer le pinceau des nombreux élèves fréquen-
tant son atelier. D'anciens auteurs nous ont laissé, d'ailleurs,
sur les procédés expéditifs de Van Dyck de bien curieuses
révélations. Elles sont trop connues pour qu'il soit besoin de
les rappeler.

On soupçonnait bien que le peintre de Charles I"1' n'avait
pas quitté sa patrie sans esprit de retour et avait dû faire
plusieurs apparitions sur le continent pendant son séjour en
Angleterre. Les hypothèses vagues des anciens biographes se
trouvent maintenant confirmées par des pièces authentiques.
L'artiste passe à Bruxelles ou à Anvers une partie de l'an-
née 1634. A cette date doit se placer le tableau détruit en 1698,
qui représentait une assemblée de magistrats et dont M. Armand
possède une esquisse partielle que la perte de la grande compo-
sition rend si précieuse. Peut-être le peintre revit-il encore son
pays à plusieurs reprises. Il y avait laissé une fille naturelle à
laquelle il portait une vive affection, comme le prouve son
testament. Mais jusqu'ici on n'a pas retrouvé de traces de ces
voyages évidemment fort courts. On ne connaît, par preuves
indubitables, que celui qu'il fit après son mariage pour
montrer à sa jeune femme les principales curiosités de la
Flandre et des Provinces-Unies. Il résulte d'une lettre authen*
tique, connue depuis fort peu de temps, qu'il se trouvait
encore à Paris à la fin du mois de novembre 1641, inoins
d'un mois avant sa mort. Il demande, dans une lettre adressée
à M. de Ghàvign/, un passeport pour s'en retourner en Angle-
terre, avec ses domestiques et ses chevaux ; il voyage, comme
Tome XXVII.

on voit, en véritable grand seigneur. Il ne devait rentrer à
Londres que pour y mourir après y avoir dicté son testament.

Les anciens chroniqueurs ont fait grand bruit des excès
qui durent ébranler la santé et précipiter la mort du peintre
de Charles Ier. On a été jusqu'à affirmer qu'il avait achevé de
ruiner une constitution déjà affaiblie par la recherche de la
pierre philosophale. Certaines préparations chimiques que le
peintre dérobait avec soin à ses élèves, et qui n'avaient d'autre
but que la recherche des couleurs les plus pures et les plus
durables, ont sans doute donné naissance à cette légende
absurde. Les carnets d'un médecin de Charles I", nommé
Turquet de Mayerne, renferment sur cette matière des révé-
lations importantes.

L'artiste meurt, laissant à ses deux filles une fortune
considérable, consistant surtout en créances sur le roi et
l'aristocratie anglaise. Mais de grandes catastrophes sur-
viennent et les débiteurs de Van Dyck ne peuvent s'acquitter.
Sa veuve se remarie bientôt et dissipe une partie de la for-
tune acquise par le travail du peintre. Les études et les
tableaux qui formaient une partie, la plus précieuse peut-être,
de l'héritage, sont dérobés par un misérable escroc, et la fille
légitime du peintre de l'aristocratie anglaise se trouve réduite
à solliciter de la pitié de Charles II une pension qu'elle attendra
longtemps.

La dernière partie de l'ouvrage offre, avec un résumé de
la carrière de l'artiste, une appréciation de son talent et des
notices succinctes sur ses principaux élèves. Si Antoine Van
Dyck ne possède pas les dons créateurs, la force d'imagina-
tion, la puissance, l'originalité qui constituent un novateur, un
maître de premier ordre, il a su, par un ensemble de qualités
moyennes et charmantes, conquérir une place éminente dans
l'histoire de l'art. Sans doute il reste bien au-dessous deRubens;
mais par le côté aristocratique de sa personne et de son œuvre,
par cette distinction surtout que M. Sully Prudhomme a si
bien fait ressortir dans le beau sonnet placé comme un
frontispice en tête de l'ouvrage, il a exercé une séduction qui
dure encore. Tant que la grâce conservera son empire sur les
esprits éclairés, le nom de Van Dyck occupera une belle place
dans le Panthéon de l'art.

Le livre se termine par un catalogue de l'œuvre peint et
gravé de l'artiste. Cet appendice a trop d'importance pour ne
pas nous arrêter un moment. Tous les tableaux du maître,
conservés dans les collections publiques ou particulières de
quelque renom, figurent dans ce répertoire qui ne compte pas
moins de i,i<r- numéros. Et encore les différents sujets ou
portraits qui semblent la répétition du même original sont-ils
rangés sous un seul numéro. Si on les ajoutait au nombre que
nous venons de donner, ils porteraient à quinze cents le total
des peintures de Van Dyck. Il est vrai que dans la quantité
figurent bien des œuvres dont l'attribution donne lieu à des
doutes sérieux. L'auteur a pris soin d'ailleurs, dans un avis
placé en tête du catalogue, de prévenir le lecteur que, ne pou-
vant discuter l'authenticité de toutes les peintures mises sous
le nom de Van Dyck par les catalogues des Musées ou les
listes de Waagen et de Smith, il laisse aux différents auteurs
consultés la responsabilité de leurs attributions. Et, pour
cela, il a soigneusement consigné à la suite de chaque sujet la
source de ses renseignements. Si certaines œuvres ont ainsi
indûment pris place dans ce catalogue, il sera facile, grâce à
la méthode adoptée pour le classement, de les retrouver et de
les discuter.

Mais ce n'est point tout encore; la liste des peintures est
complétée par celle des gravures reproduisant les œuvres du
maître. Le nombre des estampes inspirées par Van Dyck
s'élève peut-être à deux mille cinq cents ou trois mille. On sent
tout ce que la réunion et le classement d'une aussi grande
quantité d'articles exigeaient de temps et de soin. Le Cabinet
des Estampes de Paris en a fourni les principaux éléments;

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