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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0281

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256

L'ART.

Ces préliminaires paraîtront peut-être bien longs. Ils nous
ont semblé nécessaires pour faire comprendre que la nouvelle
biographie est un travail nouveau sur beaucoup de points, le
plus considérable à coup sûr, tant au point de vue des illus-
trations que sous le rapport du texte, qui ait paru jusqu'ici sur
le plus célèbre des élèves de Rubens.

On sait comment les anciens écrivains flamands, italiens
ou français traitaient jadis l'histoire de la peinture. Récits
invraisemblables, anecdotes triviales, légendes amoureuses,
tout leur semblait bon pour enjoliver leur récit. Quant à s'en-
quérir de la réaliti des faits, personne n'y songeait. Le lecteur
ne se montrait pas si exigeant. Aussi le biographe ne se
donnait-il la peine de rien contrôler. Invraisemblances, con-
tradictions de date, rien ne l'arrêtait. Et c'est ainsi que l'his-
toire des écoles du Nord nous est parvenue surchargée de mille
erreurs et de mille bourdes soigneusement recueillies et enjo-
livées par Descamps. Les patientes recherches de M. Van
Lérins à Anvers, de MM. de Burbure à Gand, James Weale, à
Bruges, Pinchart et Hymans à Bruxelles, et de tant d'autres
qu'il serait trop long de citer, commencent à peine à intro-
duire quelque lumière dans ces ténèbres. On s'y est mis, il y a
trente ou quarante ans, et il reste beaucoup à faire. Aussi est-ce
une bonne fortune d'avoir retrouvé le manuscrit d'un curieux
du xviii0 siècle, aussi patient que consciencieux, car certains
des documents qu'il a sauvés paraissent ne plus exister
ailleurs.

L'histoire de Van Dyck se trouve ainsi complètement
renouvelée. Grâce à M. Van Lérins, on connaît ses ancêtres,
on sait que sa famille était de longue date établie à Anvers,
que son père était un commerçant rangé et fort à son aise;
mais, malgré toutes les recherches du savant anversois et les
investigations plus récentes de M. Van den Branden, bien des
points restaient dans l'ombre, que le livre nouveau met en
lumière.

Voici tout d'abord la légende du fameux tableau de Saven-
them détruite de fond en comble. Ce n'est plus une femme
amoureuse qui cherche à retenir le jeune cavalier épris d'elle
en lui demandant une toile religieuse pour l'église de son vil-
lage. Nous avons tout simplement affaire à un riche seigneur
qui paye sa bienvenue et reconnaît une sympathique récep-
tion en offrant un tableau à La paroisse de la localité dont il
prend le nom.

Le premier voyage de Van Dyck en Angleterre, révélé pour
la première fois par M. Carpenter, se trouve confirmé par une
correspondance publiée par M. Sainsbury qui ne laisse plus
aucun doute sur l'identité du voyageur. Seulement au lieu de
cet allient), dont l'interprétation avait si fort embarrassé les
commentateurs, il faut lire allievo, ce qui simplifie bien les
choses. Van Dyck n'est plus le sosie de Rubens, un autre
Rubens, mais tout simplement l'élève de Rubens.

L'histoire de l'artiste se divise naturellement en quatre
périodes, auxquelles correspondent les quatre premières par-
ties de l'ouvrage, la cinquième restant consacrée au jugement
d'ensemble et à une revue sommaire des élèves de Van Dyck.
Le premier chapitre embrasse la vie du peintre depuis sa
naissance jusqu'à son départ pour l'Italie, à l'âge de vingt-deux
ans. Ce sont, suivant le terme du biographe, les années d'ap-
prentissage. Antoine, après avoir quitté Van Bolen et être passé
sous la discipline de Rubens, devient bientôt son plus habile
élève. Sa réputation naissante se répand au-delà des limites de
son pays natal et gagne même les pays voisins. Le traité de
Rubens avec les Jésuites où Van Dyck est spécialement nommé
et son premier voyage en Angleterre fournissent une preuve
catégorique de sa précoce notoriété. A cette période durant
laquelle le disciple n'a d'autre ambition que de suivre les
exemples, d'imiter la manière du maître, les récentes publi-
cation des érudits belges ont rattaché bien des œuvres dont
on ne connaissait pas exactement la date. Au Christ portant

sa croix de l'église Saint-Paul d'Anvers, au Saint Martin de
Saventhem, il faut joindre douze têtes d'apôtres récemment
retrouvées dans le château de Schlessheim, une Sainte Catherine
dont M. Armand possède la première idée pleine de mouve-
ment et de violence, et probablement aussi le Christ couronné
d'épines de Berlin et le Saint Jérôme de Dresde. Les aven-
tures de ce Christ et de plusieurs autres tableaux du Musée de
Berlin sont assez singulières pour mériter un moment d'atten-
tion. Les quatre toiles se trouvaient, au milieu du xvin" siècle,
dans un couvent des environs d'Anvers, reléguées dans une
pièce de débarras sous des amoncellements de bois et de vieux
meubles. Un religieux de passage les remarque et, comme il
paraît les admirer, on les lui offre. Personne jusque-là n'en
soupçonnait la valeur ou l'auteur; mais, quand les toiles sont
nettoyées et tendues, la vérité éclate, et le donataire offre de
restituer ce trop riche présent. Les anciens possesseurs ne
veulent pas revenir sur un acte de générosité qui leur coûte
cher et qu'ils regrettent peut-être en leur for intérieur; c'est
ainsi que ces tableaux deviennent la propriété de l'abbaye des
Dunes. Vous croyez peut-être que les religieux vont garder
précieusement ce trésor. Ils n'ont rien de plus pressé que de
l'échanger contre de beaux deniers comptants en les vendant
à un marchand nommé Schorel de Wilrvck, moyennant la
somme de vingt mille florins. Quelques années plus tard, les
quatre tableaux font l'ornement de la collection du roi de
Prusse qu'ils n'ont plus quittée. Et voilà comment la Bel-
gique a perdu quatre précieuses toiles d'un de ses plus grands
peintres.

En iG22,Van Dyck part pour l'Italie et y demeure jus-
qu'à la fin de l'année i6z5. Sur cette période de sa vie, qui
forme la seconde partie de la biographie, on possède peu de
renseignements ; on en est toujours aux détails fournis par les
historiens italiens du xvne siècle, Bellori et Soprani. On sait
cependant que le jeune voyageur, intimement lié avec les
deux frères de Wael, qui lui firent l'accueil le plus cordial à
Gênes, et avec divers artistes italiens, avait entretenu avec eux
une active correspondance ; mais on perd de bonne heure la
trace de ces documents d'un si haut prix et toutes les recher-
ches tentées dans les archives et les collections publiques de
l'Italie sont restées jusqu'ici sans résultat. Tout ce qu'on peut
affirmer, c'est que la vue et l'étude des peintres de Venise et
surtout des œuvres du Titien exercèrent une impression pro-
fonde sur l'élève de Rubens et ont laissé dans son œuvre des
traces visibles. Les tableaux peints sous l'influence des grands
coloristes du midi se reconnaissent aisément dans l'œuvre de
Van Dyck aux oppositions violentes d'ombre et de lumière, à
la chaleur des tons. C'est par ces caractères que se distinguent
notamment les célèbres portraits conservés dans les palais de
Gênes.

L'artiste rentre dans son pays natal au commencement
de l'année 1626; alors commence la troisième période de sa
vie, la troisième phase de son talent. Elle dure jusqu'en i632,
c'est-à-dire jusqu'à son établissement définitif en Angleterre.
C'est à cet espace de temps qu'appartiennent la plupart des
compositions religieuses conservées par la Belgique, et visibles
soit dans les musées d'Anvers et de Bruxelles, soit dans les
églises de Gand, de Malines, de Courtray, de Termonde ou
d'Anvers. Il s'est formé sur plusieurs de ces tableaux célèbres
des légendes jetées à peu près toutes dans le même moule, et
dont l'indigence de l'artiste, l'ignorance ou l'ineptie des moines
font constamment les frais. Les documents authentiques
recueillis par le biographe anonyme du xvinc siècle, au sujet
du Saint Augustin d'Anvers et de YErection de croix de Cour-
tray, prouvent que toutes ces anecdotes, soigneusement recueil-
lies et enjolivées par Descamps, ne reposent sur aucun fonde-
ment sérieux. On a la preuve que le Saint Augustin, comme le
tableau de Courtray, comme aussi la Sainte Rosalie et YHer-
mann Joseph qui font aujourd'hui l'ornement du Musée de
 
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