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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Chronique française et étrangère
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Nécrologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0087

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72

L'ART.

L'endroit où l'on a fait ces découvertes s'appelle Saint-
Constantin, d'une chapelle située près d'une source. Il est
probable que cette chapelle chrétienne est bâtie sur l'empla-
cement de quelque temple hellénique.

Pays-Bas. — Notre ami et savant collaborateur, M. Charles
Vosmaer, l'éminent historien de Rembrandt, a commencé la
publication d'une très intéressante série de monographies

consacrées aux principaux artistes de l'école néerlandaise
moderne. L'ouvrage se publie à la fois à La Haye, en hollan-
dais, et à Londres, traduit en anglais.

Russie. — On vient d'inaugurer à Néjine le buste du
célèbre littérateur Nicolas Gogol, à qui Moscou ne tardera pas
à élever un monument destiné à faire pendant à celui de
Pouschkine.

NECROLOGIE

■— Le comte François-Camille Durutte, fils du lieu-
tenant général comte Durutte, un des plus brillants offi-
ciers du premier empire, vient de mourir à Paris, âgé de
soixante-dix-huit ans. Il était né à Ypres, le i5 octobre
i8o3. Camille Durutte est surtout connu par ses travaux
sur l'harmonie. Son ouvrage capital est intitulé : Tcchnie
ou lois générales du système harmonique. Très contestées
au début, les théories de Durutte ont obtenu les suffrages
de plusieurs musiciens éminents, parmi lesquels le savant
directeur du Conservatoire de Bruxelles, M. Gevaert, et
l'illustre auteur de Faust, qui avait pour Durutte une véri-
table affection. Destiné par son père à l'état militaire,
Durutte avait fait ses études à Sainte-Barbe, puis à l'École
polytechnique d'où il sortait en 1825 comme sous-lieute-
nant d'artillerie. En 1827, il donnait sa démission pour se
consacrer à la science musicale et à la composition. Il a
écrit plusieurs messes et un grand nombre de morceaux de
musique religieuse; il laisse inédites des partitions d'opéra
et de svmphonie. Le mérite du compositeur est problé-
matique, celui du théoricien n'est pas douteux; seulement
il exposait ses idées sous une forme peu accessible, en les
hérissant de formules mathématiques assez rébarbatives.
Il avait emprunté le principe de son système sur les lois
des accords à Hoené Wronski, dont les rêveries messia-
niques l'avaient séduit, dont il resta jusqu'à son dernier
jour le fidèle disciple, et dont il contribua à publier les
œuvres. La fortune n'avait pas souri au père Durutte,
comme on l'appelait familièrement; mais, si humble que
fût sa situation, la dignité de son caractère et de sa vie
imposait le respect et la sympathie.

■— Le ier octobre est mort M. Bonhommé, âgé de
soixante-douze ans. Peintre d'histoire, aquarelliste, gra-
veur, lithographe, Bonhomme exposa aux divers Salons
depuis trente ans environ, et il y obtint des mentions et
une médaille.

Retiré à Sèvres, il fut appelé par M. Ch. Lauth à diri-
ger l'école de dessin de cet établissement.

Du discours prononcé par l'administrateur de la ma-
nufacture, nous détachons les passages suivants :

« M. Bonhomme avait bien voulu, sur ma demande,
se charger de l'école de dessin de la manufacture; il rem-
plissait cette tâche avec une conscience et un dévouement
sans bornes. Il avait compris l'importance que j'attachais
à la création de cette pépinière de jeunes artistes chez
lesquels se recrutera do-énavant le personnel de notre

I grand établissement national ; il voyait combien était
indispensable pour l'avenir de notre manufacture le déve-
loppement artistique de ces intelligences, et il cherchait ;
avec une patience bien rare chez un homme d'un âge
aussi avancé, à leur inculquer, en même temps que les
principes souvent arides du dessin et de la composition,
l'amour de l'art élevé, la recherche du beau, le respect
des grandes et nobles idées. »

S'adressant aux élèves de la manufacture qui se pres-
saient autour de la fosse, M. Lauth a dit :

« Gardez son souvenir et que sa mémoire reste dans
votre esprit comme celle d'un homme de bien, de con-
victions, de devoir. M. Bonhommé possédait, en effet,
ces qualités au plus haut degré; il aimait le peuple avec
passion; ses convictions républicaines étaient profondes
et sincères; il les avait manifestées en prenant, dans sa
jeunesse, rang parmi les combattants de Juillet; plus tard,
en étudiant avec une curiosité ardente les travaux des
ateliers de construction, des foyers et des mines, en re-
produisant avec une exactitude fidèle les scènes les plus
variées de ces pénibles métiers dont ses toiles devaient, à
son sens, perpétuer les procédés en même temps que la
grandeur et les souffrances. C'est avec cet esprit et avec
cette idée philosophique élevée, qu'il a créé le tableau
industriel, genre inconnu avant lui, qui marquera dans
l'histoire de l'art, car personne jusqu'alors n'avait songé
à fixer sur la toile le souvenir des grandes découvertes de
l'industrie de notre xix1' siècle; l'étude sérieuse de la fabri-
cation, l'exactitude des détails de chaque opération, la
richesse de la peinture et des couleurs donnent à son
œuvre une valeur considérable

« Dans un autre ordre d'idées, il composa un tableau
d'histoire qui décorait le Conseil d'État, et qui a disparu
dans l'incendie de ce monument, puis diverses scènes des
barricades de 1848, et enfin un Envahissement de l'Assem-
blée nationale, où il s'appliqua, avec un soin jaloux et une
précieuse exactitude, à reproduire les traits de tous les
députés qui composaient la Chambre.

« M. Bonhommé avait fait ses études dans l'atelier
de Paul Delaroche, pour lequel il avait conservé une pro-
fonde vénération.

« Coloriste de premier ordre, notre ami laisse des
aquarelles exquises et qui, comme les œuvres de tant
d'autres, ne seront réellement admirées à leur prix
qu'après la disparition de leur auteur. »

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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