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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Leroi, Paul: In memoriam, [1]
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Lautrec, Romain: Othello: audition de la traduction de M. Jean Aicard
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0201

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OTHELLO. i7y

Trautz-Bauzonnet, malgré sa grande et si légitime réputation, n"avait jamais abandonné ses
habitudes de vie excessivement modeste; on eût dit qu'il prenait plaisir à cacher l'artiste sous
l'ouvrier.

11 habitait, depuis quelque vingt ans, à un quatrième étage de la rue du Four-Saint-Germain,
deux petites pièces carrelées. Vêtu d'une blouse blanche, sa tète fine coiffée d'une calotte de soie
noire, il s'occupait, seul, absolument seul, de la dorure de ses reliures.

Le baron survenait deux ou trois fois par semaine — il en fut ainsi pendant plus de quinze
années, — tendait la main à son vieil ami et passait une heure à discuter avec lui dans le petit
atelier qui a vu créer tant de merveilles. 11 ne retournait à ses occupations qu'après être arrivé à
modifier, et le plus souvent à simplifier, les dessins préparatoires de l'artiste qui se réjouissait
d'une collaboration dont il avait appris à apprécier le goût si sur.

VI

Vers 1869, M. James-Édouard de Rothschild quitta le barreau pour les affaires. Ses oncles,
qui faisaient le plus grand cas de son jugement, l'appelèrent à prendre part à la direction de la
célèbre maison de banque de la rue Laffitte.

Arriva l'année terrible. Né fils d'étranger, le baron avait opté pour la nationalité française.
11 n'hésita pas un instant à prendre les armes et s'engagea dans les bataillons de marche. Il fit
si vaillamment son devoir de soldat qu'il sut mériter la médaille militaire pour sa belle conduite
aux avant-postes d'Arcueil-Cachan.

Ce fut le seul ruban qu'il consentit jamais à porter à sa boutonnière et encore ne s'y
décidait-il que lès jours de grande cérémonie.

Paul Leroi.

\I.a fin prochainement.)

OTHELLO

AUDITION DE I.A TRADUCTION DE M. JEAN AICARD

« La place de Shakspeare est parmi les plus sublimes
dans cette élite de génies absolus, qui, de temps en temps
accrue d'un nouveau venu splendide, couronne la civilisation,

et éclaire de son rayonnement immense le genre humain.....

Otez Shakspeare à l'Angleterre, et voyez de combien va
sur-lc-champ décroître la réverbération lumineuse de cette
nation. »

Près de trois siècles se sont écoulés depuis les premiers
essais dramatiques d'un des plus grands esprits qui aient
illustré le théâtre universel, et la postérité affirme chaque jour
davantage le jugement porté par ses contemporains : après
Diderot et Chateaubriand, Victor Hugo que nous venons de
citer, Taine et Lamennais, Lord Heaconsfield enfin se sont
honorés en rendant hommage à la mémoire du poète anglais.

Il est presque banal aujourd'hui de s'étendre sur un
pareil sujet. Comme Sophocle ou Térence, Shakspeare est
devenu classique : expliqué, traduit, commenté, son œuvre
semble devoir faire partie du patrimoine commun et du
bagage littéraire dont chacun emporte un lambeau après les
études scolaires. Il n'en est rien cependant, car, à l'exception
d'un petit nombre de lettrés ou de délicats, on connaît seule-

ment Hamlet ou Othello, parce que Rossini et Ambroise
Thomas ont écrit sur ces données puissantes de remarquables
partitions; les accents déchirants que trouvèrent la Pasta et
la Malibran pour chanter la célèbre romance :

Assisa al pie d'un salie...

ainsi que plus tard les créations de M. Faure et de M"° Nil-
sson, contribuèrent largement au succès de ces deux opéras.

Le théâtre contemporain est-il accessible à l'exposition
de scènes paisibles sans drame, mêlées à des scènes comiques
ou tragiques, et peut-il supporter un style familier souvent,
trivial parfois, épique ou sublime dans d'autres cas ?

Telle est la question qu'Alfred de Vigny s'est posée avant
d'entreprendre sa remarquable traduction du More de Venise,
et si avec des interprètes tels que Joanny et M"0 Mars, cette
pièce n'eut pas tout le succès qu'on en pouvait augurer,
c'est que, même à la reprise de 1862, le goût public ne s'était
pas encore affiné par le contact des œuvres d'une aussi puis-
sante envergure.

Voltaire, tout en raillant amèrement la traduction de
l.ctourneur, a trouvé bon cependant d'emprunter à l'original
 
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