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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Müntz, Eugène: Savonarole et la réaction contre la Renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0182

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SAVONAROLE

ET

TRE LA RENAISSANCE'

Le xvc siècle, qui avait commencé à Florence
sous de si riants auspices, y finit sur une note
triste, presque lugubre. Que nous sommes loin des
généreuses illusions de la première heure, de cet
enthousiasme sans bornes provoqué par le réveil du
monde antique, de cette foi profonde dans la régé-
nération intellectuelle de l'humanité ! A l'époque à
laquelle nous nous plaçons, en 1495, tous les mal-
heurs ont fondu sur la vieille cité toscane : l'expul-
sion des Médicis, la dispersion de leurs inestimables
collections, l'invasion étrangère, la guerre, presque
une guerre civile, avec Pise. Et comme si ces
épreuves n'étaient pas suffisantes, à la voix d'un
sombre réformateur, la nouvelle Athènes fait péni-
tence de ses erreurs passées, et brûle ces dieux
qu'elle adorait naguère, ces dieux qui semblaient
d'or. Une fois de plus, les conquêtes de l'esprit
moderne sont mises en jeu ; la Renaissance, tout à l'heure victorieuse de ses adversaires, est de
nouveau menacée. Le moyen âge ne va-t-il pas reprendre possession de Florence, la grande
émancipatrice ?

La personnalité, si remarquable à tous égards, de l'homme qui a attaché son nom à cette
réaction, a dans ces derniers temps singulièrement fixé et passionné l'attention publique. Les
partis les plus opposés l'ont revendiqué avec un égal empressement, les uns comme le champion
de la théocratie, les autres comme celui des idées démocratiques. L'Italie, à peine affranchie, a
élevé dans sa ville natale, à Ferrare, une statue à ce farouche défenseur de la liberté. L'Alle-
magne lui accorde, à Worms, une place d'honneur au pied du monument de Luther, comme à
un précurseur de la Réformation. Voici d'autre part qu'un des membres les plus savants de cet
ordre des frères prêcheurs auquel appartenait Savonarole, de ces jaloux gardiens de l'orthodoxie,
demande pour lui la canonisation, comme martyr de la foi catholique, tandis que l'auteur d'un
volumineux ouvrage, consacré à la réhabilitation d'Alexandre VI et dédié à saint Pierre, prince des
apôtres, soutient que le prédicateur ferrarais était un hérétique et que la cause a été bien jugée.
Dans le domaine plus serein de la critique historique, le désaccord n'est pas moins grand. Prononcer
les noms si autorisés de MM. Perrens, Villari, Gustave Gruyer, Hettner, c'est rappeler les
divergences qui se sont produites au sujet de Savonarole chez les écrivains les plus impartiaux
et les plus sagaces.

Certes, le point de vue de Savonarole n'est pas celui auquel nous nous placerons dans ces
recherches. Ses défenseurs auront beau faire; ils ne réussiront jamais à nous persuader que leur
héros ait été favorable à la Renaissance, telle que nous l'entendons, ni qu'il ait combattu pour le

1. Nous sommes heureux, au début de cet essai, de pouvoir reconnaître tout le secours que nous avons tiré de l'excellente introduc-
tion, placée par M. Gustave Gruyer en tète de sa traduction de Jérôme Savonarole et son temps, de M. Villari (Paris, Didot, 1874), et de ses
recherches si consciencieuses sur les Illustrations des écrits de Jérôme Savonarole (Paris, Didot, 1&79). Sans partager sur tous les points les
opinions de M. G. Gruyer, nous tenons à rendre justice à l'érudition, au goût, à l'impartialité dont il a fait preuve dans ces travaux.
 
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