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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Véron, Eugène: Gustave Courbet: un enterrement à Ornans
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Mongeri, Giuseppe: Le résidence d'un patricien milanais au commencement du XVIe siècle, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0258

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234 L'ART.

le révélait naïvement et dans sa conversation, par l'outrecuidance même des paradoxes les plus
naïfs qu'il lançait pour abasourdir ses interlocuteurs, sans se douter le plus souvent que ses
ballons étaient depuis longtemps crevés, et dans ses tableaux, par la tâche qu'il s'imposait de
composer de grandes machines auxquelles il se travaillait à supposer des significations profondes.

En somme, pour résumer notre opinion sur lui, Courbet a été un « maître peintre » ; mais,
en dehors du paysage, il ne faut pas chercher en lui un artiste. Pour composer des scènes
humaines, il lui manquait l'imagination et ce tour particulier et supérieur de l'intelligence, qui
est nécessaire pour comprendre la poésie et le sens intime de la vie.

Eugène Véron.

LA RESIDENCE D'UN PATRICIEN MILANAIS

AU COMMENCEMENT DU XVI" SIÈCLE1

(AUJOURD'HUI CASA PONTl)
(FIN)

Avant de porter notre attention sur ce point, encore un
mot sur les destinées antérieures de ce cortile.

Par quelles vicissitudes est passée cette construction avec
les figures qui la décorent pendant les xvn° et xviii0 siècles,
sous le regard de gens qui gâtaient avec si peu de ménagement
toutes les oeuvres d'art des temps passés, c'est ce que nous
ignorons entièrement. Il faut toutefois la regarder comme plus
heureuse que bien d'autres; elle a été respectée par le fait, non
qu'elle ait été trouvée digne de remarque par les écrivains qui
ont traité dans les deux derniers siècles des curiosités de la
ville, mais parce que la main des iconoclastes y pouvait diffici-
lement atteindre. »

Mais les injures du temps, prolongées pendant plus de trois
siècles, ont été nécessairement très sensibles. Le mur du côté
regardant le nord dut en souffrir plus particulièrement. En
effet, dans la restauration générale de 1845, la seule certaine-
ment qui ait été faite depuis la reconstruction de la façade,
le mur paraît avoir été refait en grande partie, et au cours
de ce travail, on ne s'inquiéta nullement de prendre les soins
nécessaires pour harmoniser les sujets, les formes et la fac-
ture avec ceux des trois autres murs encore existants. Il y
eut d'autres mésaventures. Les peintres, à qui ce travail de
reconstitution fut abandonné, simples décorateurs d'apparte-
ments, fort mal instruits des principes et des procédés de la
restauration sérieuse, y mirent beaucoup du leur là même où
ils avaient le moins de prétexte pour le faire. Les douze figures
que nous avons signalées sur trois des côtés furent sauvées
à cause du nom de l'artiste auquel on les attribuait; tout le
reste subit plus ou moins les changements les moins concor-
dants avec le caractère du monument. Ce fut une transforma-
tion complète, particulièrement pour les voûtes du portique :
elle ne s'étendit pas, cependant, jusqu'à la légende de la frise;
on jugea sans doute que celle-ci n'en valait pas la peine.

Les profanes traversaient ce cortile avec indifférence; il
n'en pouvait être de même pour un esprit instruit dans les
arts et dans leur connaissance théorique. Ce fut, en effet, un
artiste des plus délicats et des plus compétents, le professeur
de peinture de l'Académie de Milan, M. Giuseppe Bertini, qui
fit naître chez le dernier propriétaire l'idée d'une reconsti-

tution de ce monument, conforme à son style primitif : il
restait encore de ce style des débris suffisants et on espérait
en retrouver d'autres en faisant disparaître le travail de 1843.
Cette conjecture pouvait, d'ailleurs, résulter de la publication,
bien que sommaire, de Gruner2, qui avait vu cette funeste
restauration de l'édifice. La pensée de l'artiste ne pouvait
trouver pour lui répondre personne d'aussi bien disposé que
le propriétaire, le chevalier André Ponti, qui voit dans les
belles œuvres de l'art le meilleur témoignage de l'opulence.
C'était déjà un bonheur assez rare. Il devint complet par la
rencontre d'un de ces artistes-restaurateurs non seulement
difficiles à trouver, mais uniques dans leur genre, de ceux qui
joignent à un talent reconnu une expérience acquise par de
nombreux travaux.

La tâche fut confiée au peintre Luigi Cavenaghi. Elle
était fort ardue et même périlleuse. Toutefois, malgré une
interruption de plusieurs mois, en moins d'un an, de la fin de
juillet 1880 à la fin de juin 1.881, elle fut entièrement terminée,
telle que nous avons essayé de la décrire, sauf les quatre figures
du mur du nord.

Nous ne saurions passer sous silence cette considération
qu'il aurait été impossible d'arriver à un résultat aussi conforme
à l'original, s'il l'on n'avait découvert sous la couche de pein-
ture de 1845 des restes de l'ancienne décoration en beaucoup
plus grand nombre qu'on ne l'avait espéré. L'artiste-restau-
rateur a pris le plus grand soin de se conformer à ces indica-
tions dans ce qu'il ajoutait de sa propre main. Il se rencontrait
souvent de petits fragments, des écailles du crépi, insignifiants
en apparence, dispersés çà et là aux voûtes, aux murs, aux
moulures des trabéations, aux couronnements des archivoltes
et des fenêtres, partout où s'étendait le travail du xvi° siècle.
De sorte que M. Cavenaghi a pu affirmer que, dans cette
œuvre, il n'avait rien inventé, mais qu'il avait tout ressuscité.

Les figures dont nous avons parlé plus haut font cepen-
dant exception. Cette exception, il ne nous reste plus qu'à
l'expliquer. Le mur qui regarde le nord, nous l'avons dit, a
beaucoup souffert; les quatre figures et les ornements ont été
fort maltraités. C'est là le seul motif, à notre avis, qui amena
en 1845 une transformation complète de ces figures; transfor-

1. Voir l'Art, 7e année, tome IV, page 215.

2. Gruner, Spécimens of ornamental art. London, by Thomas M'Lean, i85o plates 75 et 76.
 
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