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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [3]
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Véron, Eugène: Le ministère des arts, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0104

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LE MINISTÈRE DES ARTS.

89

A défaut de logique, le drame de M. Bouvier a du mouve-
ment, une allure robuste, nullement embarrassée, au contraire
pleine de franchise et de sans façon. Certains détails de moeurs
plébéiennes, s'ils n'ont pas l'éclat de la nouveauté, sont relevés
par un tour de main heureux. Le style de M. Bouvier a du
nerf et du pittoresque, et cette verdeur forte-en-gueule revêt
parfois une expression beaucoup plus juste en soi que le natu-
ralisme de M. Zola. Considéré sous cet aspect, le premier acte
de Malheur aux pauvres ! peut passer pour tout à fait bien
venu. Il y a aussi beaucoup de choses exactement observées
dans la peinture de l'hôpital, et çà et là des touches lumi-
neuses qui révèlent en M. Bouvier un sentiment assez net de
l'optique théâtrale.

Les sociétaires du Château-d'Eau se sont groupés sympa-
thiquement pour l'interprétation de Malheur aux pauvres!
Les meilleurs éléments de la troupe ont été utilisés, et tout
d'abord, il convient de signaler à l'attention du lecteur le nom
d'une jeune actrice qui fait merveille dans le rôle d'Yvette,
MHo Marie Laure. Elle s'annonce comme une de nos premières
artistes du drame : elle a du naturel, une simplicité au fond
de laquelle il y a beaucoup de métier, et une foi profonde dans
tout ce qu'elle dit. Un peu plus de spontanéité dans les élans
complétera son jeu. Gravier fait Denis Mérit avec conviction
et sa voix chaude pénètre jusqu'aux moelles le crédule specta-
teur du Château-d'Eau. On voit avec un plaisir sans mélange
l'excellent Péricaud sous les traits d'un joyeux humeur de piot,

qui est le Livre des proverbes de la pièce : artiste précieux, ce
Péricaud, qui trouve le moyen d'apprendre dix ou quinze
rôles par saison et de n'être médiocre dans aucun !

Malheur aux pauvres ! est proprement la seule nouveauté
de la quinzaine, le mouvement dramatique ayant subi un léger
temps d'arrêt. Ah ! j'oubliais ! Le Théâtre Déjazet a donné tout
récemment, au lieu et place de la comédie mort-née de M. Cadol,
un vaudeville en trois actes de MM. Vast-Ricouard et Christian
de Trogoff, qui répond au titre folichon de la Bamboche ! La
Bamboche ! Cela sent son Désaugiers d'une lieue! Toutefois, on
n'y rencontre point de couplets tournés à la façon de Désau-
giers. Il y en a même d'assez malhonnêtes, avec des allusions
pornographiques que ne sauve point la bonne humeur de Paul
de Kock. Je n'analyserai point la Bamboche, et pour cause.
Des quadrilles d'amants, de maris, de femmes mariées et de
demoiselles de magasin se croisent sous la fouillée séculaire
de l'arbre de Robinson, avec des quiproquos et des lazzi
consacrés par la tradition. Les garçons de restaurant eux-
mêmes se mettent de la partie. Vous savez tout. Ce que vous
pourriez ignorer et qui confond l'intelligence, c'est la tolérance
du public qui a encore des sourires et même des rires pour de
tels enfantillages. Le comique Noblet mène rondement cette
pochade, avec le concours d'une duègne extrêmement bouf-
fonne, M"10 Grassot, que je crois apte à recueillir la succession
de Mlle Delille au Palais-Royal.

Arthur Heulhard.

LE MINISTÈRE DES ARTS

1

A Monsieur le sous-directeur de l'Indépendance Belge.

Mon cher Tardieu,

Dans le numéro de l'Indépendance Belge daté du mardi 11 octobre, vous ave{ publié une
correspondance artistique, de Paris, à laquelle je vous demande la permission de répondre.

Nous désirons le rétablissement d'un Ministère des Arts, d'abord parce que nous croyons
qu'il n'y a pas d'autre moyen de remédier à « l'éparpillement des diverses administrations
chargées de gérer les intérêts artistiques du pays y>, ce que votre correspondant veut bien
considérer comme un inconvénient sérieux; ensuite parce qu'une longue expérience nous a appris
que l'action est toujours en raison directe du pouvoir et de la responsabilité.

Dans l'état de choses actuel, les moindres réformes exigent un temps infini, et même le plus
souvent ne se font pas, parce que le fonctionnaire chargé spécialement des intérêts de l'art n'a
pas le pouvoir d'agir par lui-même, et que le ministre de l'Instruction Publique, sans l'autorisation
duquel il ne peut rien faire, s'inquiète surtout des responsabilités qui s'attachent aux fonctions
administratives, qui constituent le vrai titre de son ministère.

C'est ainsi que, par l'impuissance de l'un et l'indifférence de l'autre, se perpétuent indéfini-
ment les routines et les abus.

Votre correspondant ne veut pas de Ministère des Arts. C'est son droit. Mais ce qui parait
asseï étrange, c'est qu'il prétende que nous l'avons : « On a la chose, dit-il, on veut par surcroit
le nom, le titre, » ou comme il dit ailleurs, « une étiquette ministérielle. »

Cela, il faut l'avouer, ne s'accorde guère avec ce qu'il dit de l'éparpillement trop réel de
l'administration des Beaux-Arts.

Tome XXVII. 12
 
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