L' art: revue hebdomadaire illustrée (7.1881 (Teil 4))

48 L'A

aiguille ornée aussi de crochets et terminée à son sommet par
un fleuron composé d'une ambase, de deux rangées de crochets
superposés et d'un bouton Moral.

Ce travail est l'un des plus considérables qui aient été
entrepris en ce genre. Il a bien été construit une flèche à la
Sainte-Chapelle, une autre à la cathédrale de Paris ; à la
cathédrale de Rouen, ce sont quatre clochers qu'il faut élever;
les clochetons ont 25 mètres de hauteur.

— La vieille chapelle du fort de Vincennes vient de subir
une modification extérieure assez importante. Les clochetons
qui menaçaient ruine, et dont la restauration a été jugée im-
possible, ont été détachés avec soin et transportés au jardin du
Musée de Cluny, où ils seront bientôt rééditiés et conservés
comme un spécimen architectural du xv« siècle.

Cette chapelle, élevée par François Ier et Henri II, a rem-
placé celle qu'avait fait bâtir Charles V en i3yy, et sur
l'emplacement de laquelle a été construit le cloître des cha-
noines.

La chapelle actuelle est située à droite de la seconde cour
du château de Vincennes, près du donjon. Ses vitraux, peints
par Jean Cousin, sur les dessins de Raphaël d'Urbin, sont
regardés comme les plus beaux de l'Europe. Elle a été restau-
rée vers 1840. Dans une chapelle latérale, on remarque le
tombeau du duc d'Enghien.

Ce tombeau a été exécuté par Deseine. Le prince, appuyé
sur la Religion et soutenu par l'Innocence, lève un regard
assuré vers le ciel, et indique de la main la place où il doit être
frappé, tandis que le Crime, sous la figure d'un homme tenant
un poignard, s'élance vers lui.

De l'autre côté du groupe principal, la France, dans
l'attitude d'une femme éplorée et retenue captive, tient un
sceptre brisé et paraît chercher en vain à secourir le pauvre
prince.

Dans le Trésor, on voit les fonts qui pendant longtemps
ont servi au baptême des enfants de France, et qui furent
portés à Fontainebleau pour le baptême du dauphin, qui fut
plus tard Louis XIII. C'est une espèce de cuvette qui date,
dit-on, de 897. Elle est en cuivre rouge tout couvert de pla-
ques d'argent à personnages entaillés si artistement que le
cuivre ne se voit que par filets.

RT.

— On écrit de Mandeure au Courrier franc-comtois :

« Grande joie parmi les archéologues !... Dans un terrain
en face du cirque, tout près du Doubs, on vient de découvrir
un très beau marbre portant une inscription à Jupiter, le dieu
suprême, le père et le maître des dieux du paganisme.

« Plusieurs membres des Sociétés d'émulation du Doubs
et de Montbéliard ont examiné le terrain qui renfermait cetté
antiquité. Les fouilles seront continuées.

« L'inscription en l'honneur de Jupiter est en caractères
du plus beau romain.

« Vers la fin du siècle dernier, on avait déjà trouvé des
fragments et des inscriptions démontrant qu'il existait à
Epamanduodurum un temple dédié à Jupiter Ammon. »

— La ville de Niort a fixé au dimanche 9 octobre l'inau-
guration du monument que le département des Deux-Sèvres
élève à la mémoire des soldats morts pour la défense du pays
pendant la guerre de 1870-1871.

Le monument sera surmonté du Gloria Victis de Mercié,
que la ville de Paris a autorisé la ville de Niort à reproduire.

Le ministre de la guerre, le ministre des beaux-arts et
le Conseil municipal de Paris se feront représenter à cette
cérémonie, qui réunira des délégations des différents départe-
ments de l'Ouest.

— On termine au Jardin des Plantes des travaux fort
importants, entre autres une immense construction qui va
être affectée à la Section de géologie.

On aperçoit dès maintenant, à travers les onze baies qui
ont vue sur le jardin, l'intérieur d'une vaste galerie couverte,
sorte de loggia qui occupe toute la partie centrale du bâti-
ment.

Sur cette façade, et correspondant à chaque baie, ont été
gravés en bosse onze médaillons représentant un nombre égal
de savants choisis parmi ceux qui ont fait faire le plus de
progrès aux sciences et aux études des choses de la nature.

— M. de Sarzac a fait en Chaldée des découvertes archéo-
logiques d'un intérêt considérable, et en a rapporté des collec-
tions extrêmement curieuses. Avant leur séparation, les
Chambres ont voté un crédit de i3o,ooo francs pour l'acqui-
sition de ces collections qui sont actuellement au musée du
Louvre, où elles ne tarderont pas à être exposées.

NECROLOGIE

— Le duc Paul-Marie d'Albert de Chaulnes et de
Picquigny est mort le 26 septembre, au château de Sablé,
à l'âge de vingt-neuf ans. En 1870, il s'était engagé dans le
corps des mobiles de la Sarthe et avait fait toute la cam-
pagne. A la bataille de Patay, il avait été blessé au pied au
moment même où son frère, le duc de Luynes, tombait
frappé mortellement par un éclat d'obus.

Le duc de Chaulnes a été président du comité direc-
teur du Musée des arts décoratifs, au succès duquel il
s'était dévoué; l'état de sa santé l'avait obligé dans ces
derniers temps à donner sa • démission, qui ne fut pas
acceptée. L'intérim de la présidence fut rempli par un des
vice-présidents, M. le marquis de Chennevières-Pointel ;
lorsque ce dernier se retira, il fut remplacé par M. le
comte Etienne de Ganay.

— Thomas Gherardi del Testa, auteur dramatique
italien de grand renom, est mort le 10 septembre, à Pistoia
(Toscane), âgé de soixante-trois ans.

Il étudia d'abord le droit et se fit recevoir docteur à
dix-huit ans. Frappé de l'envahissement de la scène
italienne par des traductions de pièces étrangères, il
chercha, par ses drames et ses comédies, à ramener le
public vers le goût du théâtre national. Sa première pièce,
Une folle ambition, jouée par M1"" Ristori, obtint un
immense succès. Plusieurs de ses pièces ont été jouées par
la célèbre artiste, à Paris, au Théâtre-Italien.

En 1848, Gherardi del Testa prit les armes pour
l'indépendance de sa patrie, fut fait prisonnier par les
Autrichiens et conduit en Bohême, où il resta prisonnier
jusqu'à la capitulation de Milan.

Le Directeur-Gérant

EUGÈNE VÉRON.