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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Arnaud, Angélique: Fragments biographiques sur François del Sarte, [1]
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Fouqué, Octave: Le drame lyrique et Richard Wagner, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0222

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LE DRAME LYRIQUE

ET RICHARD WAGNER.

199

sion ? Et s'il n'est pas toujours sous la domination de l'idée,
n'est-il pas certain qu'il la fait naître en provoquant l'obser-
vation et la réflexion ?

Enfin l'adulte — sauf le cas d'idiotisme absolu —peut-il
exister de la seule vie sensitive en dehors de tout sentiment et
de toute pensée ? Donc les trois termes sont toujours présents.

C'est par la concordance des modalités entre elles et
l'apport de chacune dans l'unité, que se trouve constitue
chaque type individuel. Del Sartc pensait qu'il pourrait en
fixer l'échelle numérique, mais il ne lui a pas été donné de
conduire jusque-là ses études scientifiques. Toutefois, il n'est
pas indispensable pour l'art, qui exige surtout des types fort
accusés, que la constatation arrive à ses dernières limites ; mais
il ne sera pas difficile, d'après les lumières que del Sarte nous
a laissées, de classer les personnages artistiques en types sen-
suels, intellectuels, moraux ou de sentiment ; et, dans la même
catégorie, de différencier celui qui appartient à l'état concen-
trique de celui qui est plus particulièrement excentrique ou
normal : les Don Juan, les Othello, le Comte Ory, etc.. Del
Sarte excellait dans la pratique à caractériser les nuances.

Ces prolégomènes ne suffiraient pas, sans doute, pour
mériter au novateur le titre de créateur d'une science ; s'ils
donnent la théorie du système, ils n'en contiennent pas tous
les développements ; mais del Sarte ne s'est pas borné là. Dans
un langage approprié où les mots nouveaux n'ont pas fait
défaut à la science nouvelle, il a pris à part chacun des agents
de l'organisme, énumérés plus haut; il les a examinés dans
leurs détails et leur a assigné leur rôle dans la transmission
sensitive, animique ou intellectuelle dont ils sont chargés ;
ainsi le geste — interprète du sentiment — est produit au
moyen de la tête, du torse et des membres; et dans les fonc-
tions de la tête sont compris les mouvements physionomiques,
également classés et décrits avec leurs significations propres,
soit: la colère, la haine, la contemplation;... — de même
pour les autres agents.

Chaque partie observée a donné lieu à un tableau spécial
où l'on voit, par exemple, quelle doit être la position de l'œil
dans l'exaltation, la haine, la contention de l'esprit, l'étonne-
nement... Le même travail s'est appliqué aux bras, aux mains,
aux attitudes du corps, avec l'indication, empruntée à la nature,
du moindre mouvement, partiel ou d'ensemble, répondant à

la sensation, au sentiment, à la pensée que l'artiste veut
exprimer.

J'espère qu'un jour ces travaux seront retrouvés dans leur
totalité — puisque le maître en était prodigue — et qu'ils
seront livrés à la publicité '.

Une science exacte paraît de prime abord antipathique à
l'art ; ne va-t-elle pas en resserrer les limites... entraver ses
élans? Ne se montrera-t-elle pas de tous points l'ennemie de
sa liberté... permettra-t-ellc l'essor de ses fantaisies gracieuses,
de ses adorables caprices?

Eh bien, non ! Les théories de François del Sarte, loin
d'apporter une gêne à la libre expansion de l'art, ne font
qu'agrandir ses horizons, préparer un champ plus vaste à ses
harmonies. Elles laissent une part d'action aux aperçus les
plus difficiles à saisir, aux créations les moins prévues : parce
que, répondant à toutes les facultés de l'être, cette science,
tout en rectifiant l'imagination, respecte sa légitime puissance.

Qu'cst-clle, en définitive, cette science qui analyse tous
les ressorts, tous les moyens propres aux manifestations de la
vie ? Une boussole pour guider vers le but cherché; une bar-
rière pour prévenir les écarts; une mesure de proportion pour
fixer chaque variété dans l'immensité des types; une pierre de
touche pour apprécier les vocations.

Mais n'oublions pas que si cette science retient, préserve,
éloigne les parasites..., si elle préparc un terrain propice, et
peut faire acquérir une certaine valeur à des natures faible-
ment douées, elle ne peut suppléer à ces vocations merveil-
leuses qui font les Talma, les Malibran..., à cette personnalité
qui nous montre dans François del Sarte jusqu'où peut attein-
dre le chanteur dramatique. Ce qui nous surprend et nous
subjugue dans ces privilégiés est le secret de la nature; cela
ne s'écrit pas, ne se démontre pas. Cet inconnu, ce mystère,
se révèle à ses moments par des lueurs, et à divers degrés
d'intensité durant la carrière du même artiste. On a cru expli-
quer le prodige par cet instinct supérieur qu'on appelle intui-
tion; mais le mot trouvé n'a pas livré l'arcane. Quand les
effets sublimes apparaissent dans les arts, on dirait qu'un voile
se déchire et nous laisse entrevoir un monde d'idées, de sen-
timents, d'impressions qui ne sont pas à notre usage et aux-
quels nous aspirons.

(l.a fin prochainement.) AnGÉI.IQUK ARNAUD.

LE DRAME LYRIQUE ET RICHARD WAGNER2

(FIN)

En France, les œuvres de Wagner sont inconnues ou à
peu près. Son influence pourtant se fait sentir sur les compo-
siteurs et même sur le public. Il a enrichi le domaine de l'art
de mille inventions harmoniques; ses terribles dissonances
déchirent l'oreille, mais, pour peu qu'on s'y habitue, les
anciennes combinaisons n'ont plus d'attrait. Donc, dans une
certaine mesure, la langue musicale est changée. Wagner nous
a aussi habitués à exiger une union plus intime et plus
rationnelle entre l'élément poétique et l'élément musical. 11 a
tué l'ancien libretto d'opéra, où les airs, les duos, les trios
1 étaient ménagés pour le plus grand agrément et succès des
chanteurs. Le premier, il a donné à la scène de véritables
drames lyriques, et ce faisant il a ouvert une mine féconde. Il
a montré la route vers un art supérieur. Le sujet, la contexture
de ses drames, la poésie qui s'y donne carrière, la musique qui
en découle, tout cela est d'allure germanique et ne peut
devenir le pain quotidien des autres peuples. Mais un grand

1. l.a famille avait confié beaucoup de documents à un ancien élève de del Sur
a, Voir l'Art, 7e année, tome IV, page» 6S et 13S.

exemple a été donné : de tous côtés l'art se renouvelle, et
jusqu'en Italie, dans ce pays de la mélodie précise, et de la
vocalisation à outrance, les sévérités de Wagner ont trouvé
des adeptes et des imitateurs.

Vers la fin du xvin'" siècle, à l'ombre de ce colosse qu'on
nommait le chevalier Gluck, à côté de cette école nombreuse
et brillante qui s'inspirait de ses théories et de ses œuvres, la
France comptait un musicien modeste, adonné par goût au
genre de l'opéra-comique ou de ce qu'on appelait alors la
comédie lyrique. Grétry n'a jamais porté l'effort de son ambi-
tion vers les sublimités du grand art. Peu versé dans la
science de l'harmonie, habitué à manier un petit orchestre dont
les maigres sonorités lui suffisaient à exprimer des sentiments
modérés, il a su cependant imprimer à ses petits ouvrages un
tel cachet de sentiment et de vérité, que de tous ses contem-
porains il est celui qui a le mieux résisté aux changements de
la mode et du goût. Aujourd'hui encore, alors que Lesueur,

rie qui se rendait en Amérique ; elle n'a pu encore les récupérer.
 
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