L' art: revue hebdomadaire illustrée (7.1881 (Teil 4))

46

L'ART.

le 26 septembre, presque subitement, dans sa propriété de Jar-
nac. Il nous avait promis un article. Le i5 septembre, il écri-
vait à l'un de nos collaborateurs : 0 Je jure que le 3o septembre

vous recevrez mon manuscrit. » Nous ignorons si ce travail est
achevé.

Eugène Véron.

COURRIER DES MUSÉES

LXXX

France.— Nous avons annoncé, dans notre compte rendu
de l'Exposition de Lille, l'achat par l'État du Samson et Dalila
de M. Léon Comerre, demandé, pour ne pas dire imposé, par
M. le maire de Lille à M. Edmond Turquet qui avait catégo-
riquement refusé de céder aux sollicitations dont il avait été
poursuivi, dans le même but, pendant toute la durée du Salon '.
Il est complètement inexact que ce tableau malencontreux ait
été donné au Musée de Lille; c'est à la ville qu'il en est fait
don, dans l'espoir qu'on se décidera à le placer dans un des
salons de l'hôtel de ville, puisque ce genre de peinture est
cher à la municipalité. Loin de désirer l'entrée de cette toile
au riche Musée lillois, M. le sous-secrétaire d'État l'y verrait
entrer avec les plus vifs regrets : il est le premier à faire des
vœux pour que le conseil d'administration oppose son veto le
plus absolu.

Que sera l'avenir des Musées de province si on s'avise de
les inonder chaque année de gigantesques toiles, tantôt en
hauteur, tantôt en largeur, et, par-dessus le marché, plus que
médiocres? On sera forcé dans les âges futurs de poser ces
toiles-là le long des voies ferrées, et de faire un Musée natio-
nal en utilisant les deux côtés des routes de France.

■— Le 21 août dernier, M. Paul Leroi, en rendant compte
des nouveaux Catalogues du Louvre rédigés par M. de Tauzia,
regrettait de « ne pas y voir figurer les prix d'acquisition »,
comme les donne le Catalogue du Musée royal de Belgique; il
ajoutait qu'il eût été facile d'indiquer, par exemple, « le prix
d'achat, en 1870, du merveilleux pastel de Perronneau:Portrait
de jeune fille 2 ».

M. de Tauzia a mis le plus aimable empressement à nous
apprendre que ce pastel — un vrai joyau — a été payé trois
cents francs! — A trois mille, on l'eût encore eu pour rien.
Qu'on n'oublie pas que cette année, à la vente Beurnonville,
un pastel de la Rosalba Carriera : Portrait de jeune femme,
n° 168 du Catalogue, a été adjugé, frais compris, à 8,5o5 francs.

— Une magnifique trouvaille, dit l'Espérance du peuple,
a été faite tout d£rnièrement à Nantes sur le bord de la Loire.

Le sieur B..., en cherchant sous les pierres du rivage de pe-
tites anguilles pour amorcer sa ligne, découvrit un trou rond,
creusé dans l'argile de la berge, et rempli d'armes et de bijoux
en bronze. Frappé delà singularité de ces objets, B... renonça
à sa pêche pour ce jour-là et vint porter au Musée archéolo-
gique de Nantes quelques-unes de ces pièces. Le Conservateur
fut bien vite informé de cette trouvaille et s'occupa de l'acqué-
rir pour le Musée.

Certaines pièces ont un intérêt exceptionnel, l'une entre
autres dont on ne connaît qu'un seul exemplaire, trouvé
dans un des lacs de la Suisse. Des haches, des marteaux, des
gouges, des pendeloques, bracelets, anneaux, grains de col-
liers, une foule d'objets destinés à l'équipement des guerriers,
tels que des agrafes de ceinturon, umbos de boucliers, têtes
de lances et de javelines, des épées brisées, des poignards, etc.

Ces objets avaient été réunis pour servir à une de ces
fonderies celtiques, comme celles de Saint-Père-en-Retz et du
Jardin des Plantes.

Un membre de la commission administrative du Musée
a suivi cette découverte et pratiqué des fouilles sur le lieu de la
trouvaille; il a retrouvé tous ces beaux objets ensevelis depuis
plus de vingt siècles dans les grèves de la Loire (5oo ans peut-
être avant l'ère chrétienne), et maintenant ils sont disposés
dans les vitrines du Musée de l'Oratoire. Ce sont en quelque
sorte les archives métalliques du Portus Namnetum à l'époque
homérique des Gaules.

Belgique. ■— M. de Meester de Ravenstein vient de faire
au Musée royal d'antiquités et d'armures de Bruxelles dont il
est un des plus zélés administrateurs, une nouvelle donation :
c'est une collection numismatique importante, qui a été ins-
tallée dans la salle du troisième étage de l'ancienne porte de
Hal, où sont exposés les objets qui font partie du Musée de
Ravenstein.

— Le Musée royal de Belgique vient de faire, au prix de
ii,5oo francs, l'acquisition d'un tableau d'Anthoni Palamèdes,
de qualité exceptionnelle. Le sujet est une partie de musique.

EXPOSITIONS

France. — Nous trouvons, dans le Journal des Débats du
12 septembre, le très intéressant article suivant :

« Nous allons avoir cinq panoramas à Paris. Quatre
rotondes immenses sont en voie de construction : 1» dans
l'emplacement anciennement occupé par les concerts Valen-
tino, rue Saint-Honoré; 2° sur le terrain où s'élevait il y a un
mois à peine le théâtre des Folies-Marigny, aux Champs-
Élysées ; 3° sur l'emplacement du grand Café-Parisien, aux
abords de la place de la République; 4° sur la place Mazas,
près du pont d'Austerlitz, non loin de la gare du canal de la

1. Voir l'Art, ~' année, tome III, page 3o6.

2. Voir l'Art, y année, tome III, page 190.

Bastille et de son écluse. Avec le monument voisin du Palais
de l'Industrie, cela fera cinq spectacles du genre.

« Il est très intéressant de connaître l'origine et l'histoire
du Panorama. L'invention en est due à un peintre d'Édim-
bourg qui prit à Londres un brevet et exposa en 1799, dans
Leicester Square, le premier panorama représentant la ville de
Londres. C'est le hasard qui fit trouver cette invention à
l'auteur, Robert Barker. Étant en prison pour dettes, il
remarqua l'effet singulier que produisait l'éclairage de sa cel-
lule sur une lettre qu'il tenait à la main. Au sortir de la prison,