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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0133

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A NOS A

Monte-Cristo en quatre soirées ne reviendront à la mode.

C'est pourquoi M. Larochelle, directeur de la Gaîté, ne
pouvait raisonnablement songer à nous rendre le Monte-Cristo
primitif, flanqué du Comte de Morcerf et de Villefort. Il a
choisi la réduction en neuf tableaux qui fut faite il y a quelque
vingt ans. On y gagne et on y perd. On y gagne du temps,
mais on y perd, surtout à mesure qu'on approche du dénoue-
ment, une foule de scènes palpitantes. Pour beaucoup de
contemporains qui ont dévoré le roman de Dumas alors qu'il
battait son plein et que tous les personnages étaient familiers
au lecteur, tout y semble omission ou lacune. Il nous a paru
que les ennemis de Dantès,le pair de France Morcerf, le banquier
Danglars et le procureur du roi, Villefort, ne reçoivent pas
un châtiment proportionné à leurs crimes et à la haine que le
public leur voue. Dans le Monte-Cristo de l'origine, le spec-
tateur avait deux drames tout entiers pour se repaître de ven-
geance. Ce n'était pas trop, étant considérées l'incarcération de
Dantès à la suite de leurs ténébreuses machinations, et l'infor-
tune où il est plongé jusqu'au jour où, héritier du secret de
l'abbé Faria et des trésors de l'île de Monte-Cristo, il passe du
rôle de martyr à celui de justicier. Actuellement il y a une
certaine disproportion entre les parts faites au malheur et à la
réparation. On souhaiterait plus d'équilibre, mais c'est une
réflexion qui ne vient qu'après la chute définitive du rideau,
tout le drame qui subsiste est vivant et riche en émotions de
toute sorte. Ce grand constructeur d'engrenages qu'on appelle
Dumas père a une fois de plus prouvé sa puissance. Il a fait

BONNÉS. 117

frissonner et pleurer ceux qui s'y attendaient le moins et qui
étaient venus là avec une prévention contre les aventures exor-
bitantes du marin millionnaire et redresseur de torts, pom-
peux comme un roi, et juste comme un dieu.

Avec quelques coupures dans le rôle de l'abbé Faria que
Talien représente à souhait, l'œuvre de Dumas marchera plus
vivement, allègrement, comme toute œuvre vivace et bien
portante. L'acte dit de la Carconte où Caderousse narre
à Dantès la mort de son père a produit un effet d'une
incroyable intensité. Il faut avouer qu'il a été joué d'une ma-
nière exceptionnelle par un acteur nommé Léon Noël, qui
n'avait pas eu l'occasion de faire parler de lui jusqu'alors et
qui a composé le personnage difficile de Caderousse avec un
talent hors ligne; par Honorine, qui a fait de la Carconte une
création remarquable; et enfin par Dumaine quia triomphé de
sa diction empâtée pour lancer des cris de douleur superbes
dans sa phrase : « Mon père est mort de faim! De faim! Mais
les plus vils animaux ne meurent pas de faim ! Les chiens qui
errent dans les rues trouvent une main compatissante qui leur
jette un morceau de pain, et un homme, un chrétien, est mort
au milieu d'autres hommes qui se disaient chrétiens comme
lui! » Les femmes tiennent peu de place dans la vie de Dantès,
et le drame s'en ressent. M"0 Largillière et M"° Jullien sont
reléguées au second plan, mais elles y occupent le premier
rang.

Arthur Heulhard.

A NOS ABONNÉS

Un certain nombre de nos abonnés nous ont fait à plusieurs reprises des observations sur
les inconvénients qu'ils trouvent a voir mêlés dans l'Art de grands articles de revue avec les
petites nouvelles de la chronique. D'autres étaient surtout choqués du désaccord qui résulte
de la grandeur, de la solennité du format, avec Vinfiniment petit du détail auquel est forcée
une publication qui prétend tenir ses lecteurs au courant des faits journaliers.

Ces critiques étaient certainement fondées, nous n'en pouvions disconvenir. Jldais nous
craignions d'un autre côté, en nous y rendant, de heurter des habitudes prises. Cela d'ailleurs
ne pouvait se faire sans des frais assez considérables.

L'Art s'est décidé a faire ce sacrifice. A partir de la semaine prochaine, les abonnés de
l'Art recevront gratuitement avec leur numéro La Chronique ùe l'Art, courrier hebdoma-
daire des ateliers, des expositions et des ventes publiques.

La Chronique se composera de douze pages demi-colombier, c'est-à-dire d'un format
exactement égal à la moitié de celui de l'Art. En revanche, l Art n'aura plus que deux
feuilles et demie au lieu de trois. Ce retranchement, de quatre pages, équivalant à huit pages
de La Chronique, laisse donc quatre pages au bénéfice de Vacheteur.

Mous publierons dans La Chronique de l'Art, comme le dit le sous-titre, les informations
relatives aux ateliers, aux expositions, aux ventes publiques, aux musées. Mous y ajouterons
le compte rendu des livres illustrés, et tout ce qui de près ou de loin intéresse le développement
actuel des arts en France et chez les autres nations.

La Chronique, d'ailleurs, vivra de sa vie propre et pourra avoir ses abonnés particuliers.
Le prix de l'abonnement sera de 18 francs par an.
 
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