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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [7]: Théatre du Vaudeville: Odette
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Vandalisme
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0243

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220

L'ART.

— L'épouse, peut-être! La mère, vous n'en aviez pas le droit.
Vous l'avez fait pourtant, et c'est une infamie! C'est mon tour.
Je me venge! — Sur ta fille! » s'écrie le comte, et il l'insulte
presque, puis il la supplie. Alors Odette, prenant l'offensive,
lui rappelle la nuit terrible où il l'a mise à la porte : « Au nom
du ciel, reprend-il, ne parlons ni de vous ni de moi. Ni du
passé qui n'est plus, ni de vos fautes, ni de miennes. Haïssons-
nous, déchirons-nous, si tu veux, mais grâce pour l'enfant!

— Mais malheureux, plus tu pries pour elle, plus tu plaides
contre toi! Mais vois donc ce que tu fais, c'est stupide.
Un seul espoir me reste : la maternité que j'ignore! Tu en
étales devant moi toutes les ardeurs. Et tu ne veux pas que j'en
sois jalouse et que je te crie : « Mais si c'est le salut, je m'y
« cramponne, et puisque c'est bon à ce point-là, j'en veux ma
« part. » —Votre part? — Oui, je la veux ! Tu m'as fait tes condi-
tions, voici les miennes! Je pars où tu voudras, mais, avant de
partir, je voudrais la voir. — Non! — Alors c'est différent. Je
ne demande plus, j'exige! Je vous somme de me laisser voir
ma fille, et tout de suite, ou je vous y force... Je lui écris et je
signe : a Ta mère ». Enfin, pour éviter un scandale, M. de Cler-
mont est obligé de s'incliner devant cette volonté inébranlable.
Ainsi se prépare l'entrevue de la mère et de la fille, non moins
bien traitée que celle du mari et de la femme, et avec laquelle
se termine virtuellement la pièce. On sait que Bérangère n'est
point au courant de l'inconduite de sa mère : elle la croit
morte et vénère sa mémoire comme celle de la plus digne, de
la plus vertueuse des femmes. Odette lui est présentée comme
une amie de la défunte, et voici Bérangère empressée auprès

d'elle, lui vantant la douceur et la noblesse du caractère
maternel. Suffoquée, rougissante, Odette écoute cette confes-
sion naïve ; puis Bérangère fait voir à la dame les saintes
reliques qu'elle a gardées, des boucles de cheveux, un écrin,
un carnet de bal. Châtiment effroyable! la mère en est réduite
à s'en aller sans oser avouer qui elle est! Le suicide d'Odette,
qui se jette à l'eau de désespoir, n'est rien en comparaison de
ces représailles de l'innocence, et son humiliation maternelle
a fait verser plus de larmes que la nouvelle de sa mort.

Ces deux scènes capitales sont noyées dans un flot d'épi-
sodes de la vie mondaine qui, pour être souvent brillants et
spirituels, n'en ont pas moins le tort grave de s'enrouler,
témoins indifférents ou impossibles, autour d'une action rela-
tivement dramatique. Compter sur un succès durable serait au
moins téméraire.

Et pourtant l'interprétation est prestigieuse : le Vaudeville
s'est surpassé. Dupuis a joué le rôle du comte avec un art mira-
culeux : quelle largeur de jeu et quelle simplicité de diction !
M"0 Pierson lui donne la réplique dans le personnage complexe
d'Odette avec moins de naturel sans doute, mais avec une
science consommée du métier. Puis viennent Dieudonné, l'héri-
tier de Félix, Vois, Berton, Colombey dans des rôles très diffé-
rents de ton et d'allures, également bien rendus. Mllc Legault,
qui fait Bérangère, a tout gâté par son afféterie et sa manière,
et nous eussions préféré voir à sa place M11" Lody, moins bien
partagée qu'elle dans la distribution de la pièce. Si l'on tentait
la substitution, le sort d'Odette s'en ressentirait.

Arthur H eut.hard.

VANDALISME'

XIX

Tous les journaux ont publié la note suivante :
« Le conseil municipal de Nancy, malgré l'avis des pre-
miers architectes de Paris et de Nancy, malgré une lettre de
réprobation de Victor Hugo, a voté aujourd'hui la démolition
de la porte Saint - Georges, pour ouvrir un passage aux
tramways.

o Le conseil municipal a signé une pétition au Ministre
des Beaux-Arts pour demander le déclassement de ce monu-
ment historique. »

Nous ne doutons pas que M. le Ministre des Arts ne se
hâte de repousser cette demande de Vandales.

i. Voir l'Art, 5* année, tome I", pages 153, i5.(, loi et 274; tome III, page 141 ; tome IV, page 23 ; 6« année, tome 111, pages 46 et 283; tome IV, pages .| 1
110, 187 et 3o5 ; y année, tome II, page 91 ; tome III pages o3, 257 et 284 ; tome IV, page

160.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VER ON.
 
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