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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Wauters, Alphonse: Les tapisseries de Bruxelles et leurs marques, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0244

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LES TAPISSERIES DE BRUXELLES

ET LEURS MARQUES1

(s uite)

III

i Ton s'en rapportait à une opinion qui a été trop facilement
acceptée, la fabrication des tapisseries, jusqu'au xvie siècle, resta
dans le domaine de l'industrie privée, entre les mains des religieux,
qui les faisaient servir à la décoration des églises2. Rien de moins
exact. Dès le temps des ducs de Bourgogne, les travaux de ce
genre étaient du domaine de corporations spéciales, formées de
laïques, et qui travaillaient pour toutes les classes de la société
et autant pour les églises et les monastères que pour les palais.
Quant aux religieux, ils avaient dès lors abandonné les occupations

Lettre du xv... siècle. ^ gQn™ ^ la tapisserie.

On s'imagine que la fabrication de Bruxelles était peu impor-
tante au xvc siècle, qu'elle était alors presque concentrée dans Arras. C'est une erreur dont il
est bien facile d'administrer la preuve. Une Histoire d'Annibal fut donnée, en 1466, par le duc
de Bourgogne Philippe au pape Paul II:i ; or, la même année ou la précédente, le duc avait
acheté à un tapissier de Bruxelles, Jean De Rave7', une tenture représentant le même sujet,
mesurant 507 aunes. La somptueuse cour de Bourgogne commençait donc à faire l'acquisition de
tapisseries, non plus à Arras ou à Tournai, mais à Bruxelles. Bien plus, les fabricants de cette
dernière ville étaient déjà regardés comme très experts dans leur industrie et prenaient l'habitude
de chercher fortune à l'étranger, comme je le dirai plus loin.

Dans un document resté longtemps inédit et daté du 25 septembre 1477, on voit un
fabricant de Bruxelles, nommé Gilles Van den Putte, s'engager, par devant les échevins d'Anvers, à
exécuter pour un marchand de Londres, Jean Pasmer, une pièce de tapisserie longue de 22 aunes
sur 5 1/4 aunes de large. On devait pour cette tenture se servir d'un modèle existant, mais en subs-
tituant à la Cène, qui en occupait le milieu, les Quatre Docteurs de l'Eglise, représentés, avec
d'autres évêques, à genoux devant un somptueux tabernacle. Van den Putte s'obligea à livrer son
travail à la foire d'hiver de Berg-op-Zoom, de l'année 1480, et Pasmer à lui payer par aune carrée
6 escalins de gros de Flandre. Le modèle devait être renouvelé aux frais du fabricant et les
parties convinrent que, s'il s'élevait entre elles un débat, on le soumettrait à des artisans exerçant
la même profession que Van den Putteh.

1. Voir l'Art, 7e année, tome III, page 241, et tome IV, pages 23 et 108.

2. Francisque Michel, Recherches sur le commerce, etc., des étoffes de soie, tome II, page 405.

3. Galette des Beaux-Arts, t. XIV, 2" période, p. 183.

4. De Laborde, les Ducs de Bourgogne, t. Ier, p. 496. — J'ai cru d'abord que ce nom de Jean De Rave était altéré, mais il n'en est rien.
Un tapissier (legtvercker) de ce nom vivait en effet à Bruxelles au xv° siècle, et y habitait, dans le quartier dit Au Drieschmolen, une maison
qui fut occupée ensuite par un autre de ses confrères, Guillaume De Poertener. Jean De Rave se fit inscrire dans la confrérie de Saint-
Sébastien de l'église Saint-Géry.

5. Voici le texte de ce contrat dont l'importance n'échappera à personne. Il a été découvert l'année dernière parmi les actes de l'éche-
vinage de la ville d'Anvers, et c'est à l'un de mes confrères de l'Académie royale de Belgique, M. le chevalier Léon de Burbure, que j'en dois
la connaissance.

« Jan Pasmer, coopman van London in Engelant, ex unâ, ende Gielys Van den Putte, van Bruessel, ex altéra, bekenden ende verlcden
onderlinge dat zy zekere vorwaerden met malcanderen gemaect hebben in deser navolgender manieren, te wetene : dat de voers. Jan Pasmer
aen den voirs. Gielise bestaet heeft te werckene ende te makene ende dat de voers. Gielys aengenomen heeft te makene een stuck tappytwerck
van goeder stoft'en van fynder ziden ende van goeder verwen wel lovelic ende custbaer gemaect; welc stuc voers. lang zyn sal XXII ellen, ende
vive ellen ende een vierendeel breet, ende gewracht worden na den patroen die de voers. Gielys daer af te hemwaerts heeft, uytgenomen dat

Tome XXVII. 3i
 
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