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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0283

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258

L'ART.

mais il a fallu compléter ces premières données par un
dépouillement systématique de toutes les grandes galeries de
l'Europe, des principaux cabinets et enfin de quelques cata-
logues de vente où l'œuvre gravé de Van Dyck occupe une
place particulièrement importante. S'il y a des lacunes ou des
erreurs dans cette liste, et il y en a certainement, le travail le
plus difficile est fait maintenant, et le catalogue dont nous
venons de donner une idée rendra de grands services à tous
ceux qui s'occuperont désormais d'Antoine Van Dyck.

L'illustration de cet ouvrage n'a pas été l'objet de moins
de sollicitude que le texte. Elle a même retardé la publication
du volume; il devait paraître un an plus tôt, point très impor-
tant à noter à cause des revendications ultérieures qui pour-
raient se produire. Le texte était complètement rédigé, le
catalogue prêt dès le mois de juin 18S0; il n'y a été fait
postérieurement à cette date que des modifications de peu
d'importance , nécessitées par les découvertes récemment
publiées de M. Van den Branden. Mais les difficultés qui
ont retardé la gravure de certains tableaux peu accessibles
ont contraint l'auteur et l'éditeur à différer l'achèvement du
livre. En outre, plusieurs toiles célèbres, l'Erection de croix,
de Courtray, les Enfants de Charles Ier, de Turin, le Jean de
Wael avec sa femme, de Munich, le Prince Rupert, de Vienne,
se trouvent ici gravés pour la première fois ; car on s'est attaché,
dans le choix des œuvres reproduites, non pas tant à la noto-
riété, qu'au mérite du tableau. Il a fallu toute une négociation
avec la Commission des Monuments de Belgique pour faire
descendre le tableau si mal éclairé dans l'église de Notre-Dame
à Courtray. En Angleterre, ce fut bien autre chose encore;
il faudrait un gros volume pour raconter toutes les démarches,
toute la diplomatie qu'entraîne la préparation d'un livre illustré
comme celui-ci.

Autre difficulté : l'auteur avait voulu avec raison emprunter
une œuvre capitale à chacune des principales collections de
l'Europe. Il avait même eu l'idée de confier, dans chaque
pays, à un artiste indigène la traduction du tableau choisi. Il a
bien été obligé, comme il le dit dans sa préface, de renoncer
à ce projet qui n'a produit que les deux eaux-fortes de
M. W. Hecht, de Munich, spécimen fort satisfaisant du talent
d'un des premiers graveurs allemands. Parmi les autres
planches les mieux réussies nous citerons les Trois enfants de
Charles 7cr, d'après le tableau du Musée de Turin, les Cinq
enfants du même roi, à Windsor; le Cardinal Bentivoglio, du
palais Pitti; la Femme de Philippe Le Roy, appartenant à
Sir Richard Wallace, gravés par M. Gaujean; le Saint Martin.
de Saventhem ; l'Erection de croix, de Courtray, et le Charles Ier,
du Louvre, par M. Boulard; le Portrait de Van Dyck et d'En-
dymion Porter, du Musée de Madrid, par M. Milius ; le Christ
de la collection de M. Chaix-d'Est-Ange, par M. Courtry; la
Vierge avec des saints, du Louvre, par M. Masson, sans parler
des excellentes reproductions par l'héliogravure Dujardin, qui
mettent pour ainsi dire les originaux, surtout les dessins, sous
les yeux du lecteur. Le Portrait du duc de Richmond mérite
aussi une mention. Dirait-on jamais, en examinant ce travail
souple et délicat, que son auteur M. Noël Masson, privé par
un accident de ses deux mains, est arrivé, à force de volonté
et d'application, à conduire sa pointe sans le secours des doigts
et au moyen d'un appareil fabriqué à cet usage ?

L'illustration dans le texte donne bien quelques portraits
gravés d'après Van Dyck; mais elle se compose surtout de
dessins originaux reproduits par les procédés les plus fidèles.
Presque tous les dessins de Van Dyck que possède le Louvre
et les plus typiques du British Muséum de Dresde, de X'Alber-
tina de Vienne et enfin des riches collections de MM. Dutuit,
Armand, du duc d'Aumale, du marquis de Chennevières, font
connaître le talent du maître sous ses aspects les plus variés.
Il y a dans le nombre de fort belles compositions, des portraits
superbes de vie et d'expression. Cependant, comme l'a fait

remarquer depuis longtemps un des plus fins connaisseurs qui
aient existé en ces matières, — il s'agit de Mariette, — la plu-
part des dessins de Van Dyck ne sont que des improvisations
rapides où les figures, les personnages paraissent à peine
indiqués et qui au premier abord ne présentent qu'une
réunion confuse de lignes et de taches. On a choisi, bien
entendu, les plus terminées de ces légères improvisations et,
de fait, surtout parmi les croquis empruntés aux cartons du
Louvre ou de YAlbertina, il y a des compositions charmantes,
sans parler des spécimens du genre où Van Dyck excellait,
c'est-à-dire le portrait.

Une planche d'une dimension exceptionnelle, et qu'on a dû
plier pour la faire entrer dans le volume, mérite d'attirer par-
culièrement l'attention. C'est la reproduction d'une gravure
faite au siècle dernier et à peine connue en France, reprodui-
sant en fac-similé le dessin le plus considérable que Van Dyck
ait sans doute jamais exécuté. Il nous donne le premier projet
destiné à être mis sous les yeux du roi d'Angleterre pour la
décoration de la salle des banquets à Whitehall. Le dessin
original, aujourd'hui chez le duc de Rutland, n'est jamais sorti
des collections anglaises. Quant à la gravure de Cooper, elle
est si peu répandue que le Cabinet des Estampes de Paris, si
riche cependant, ne la possède pas.

La nouvelle biographie de Van Dyck abonde ainsi en révé-
lations non seulement sur la vie, mais aussi sur les œuvres de
l'artiste, et fait en même temps honneur à l'auteur et à
l'éditeur.

J. Guillaud.

CCLXXIV

L'Art à travers les mœurs, par Henry Havard. — Un volume
in-40 de 404 pages, avec 23 gravures hors texte (héliogra-
vures de A. Dujardin) et 248 illustrations dans le texte par
C. Goutzwiller. — Paris, G. Decaux, 7, rue du Croissant, et
A. Quantin, 7, rue Saint-Benoît. 1882.

Ce livre se divise en deux parties bien distinctes. La pre-
mière, qui est la plus courte, comprend les principes et
observations générales, comme par exemple l'antiquité de l'art
et ses premières manifestations, la définition de l'art et son
but, son rôle dans la société et son utilité. Une fois posés les
principes généraux, l'auteur passe en revue en les caractérisant
la série des périodes qui se succèdent dans la vie de chaque
homme : période imaginative, période de production, période
de réflexion. Puis, rapprochant de chacune de ces périodes de
la vie humaine celles qui se produisent dans l'histoire des
peuples, il montre que la période imaginative, qui embrasse
l'enfance, correspond à la période de barbarie; que la période
suivante, qui comprend l'âge adulte, est dans l'histoire des
peuples comme dans celle de chaque homme la période de
production ou de grandeur, et qu'enfin la période de réflexion
correspond à la période de décadence.

La seconde partie donne la démonstration de cette série
de correspondances par l'étude des faits de l'histoire artistique
de la France depuis les temps de la Gaule primitive jusqu'à
ceux de l'âge contemporain.

Je crois que, au point de vue de la logique, il eût mieux
valu renverser les termes. En exposant d'abord les faits
constatés par l'histoire, il eût été plus facile de faire accepter
au lecteur les affirmations d'ordre général qui remplissent les
quatorze premiers chapitres et qui en définitive sont, du moins
en partie, des conséquences généralisées des faits groupés et
observés dans la deuxième moitié du livre.

Quoi qu'il en soit, il est incontestable que la thèse soute-
nue par M. Henri Havard est pleine de hardiesse. Présentée
comme elle l'est dans ce livre, elle prend des apparences de
vérité vraiment saisissantes pour l'imagination, et les faits sont
 
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