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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 4)

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Molinier, Émile: Les majoliques italiennes en Italie, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19294#0101
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LES MAJOLIQUES ITALIENNES EN ITALIE

(SUITE)

MILAN

A Milan notre attention devait se porter particulièrement
sur les majoliques que possède le Musée archéologique de
Brera. Sans être bien nombreuse, cette collection offre quelques
spécimens intéressants. Elle ne contient guère que des majoli-
ques de premier choix, d’Urbino pour la plupart ; n’oublions
pas non plus de mentionner deux plats attribués au xne siècle,
sur lesquels nous aurons du reste l’occasion de revenir lon-
guement.

Parmi les pièces que possède le musée Brera, plusieurs
portent la signature de Francesco Xanto. L’une d’elles présente
même dans la signature une singulière anomalie. Sur ce plat à
ombilic de 21 cent, de diamètre (n° 425 de l’Inventaire du
musée) sont représentées deux femmes personnifiant la Poésie
et la Musique assises sur un char que tire un Amour. La scène
se passe dans les nuages, ce qui doit faciliter la besogne du
malheureux amorino transformé en bête de somme. Sur le char
se lit la date suivante :

• AL 0 D
X X X
1.

Mais si Ton retourne le plat, on n’est pas peu étonné d’y
trouver l’inscription, F. X. A. R., i [n] Urbino i53o. Nous ne
voyons guère d’autre façon d’expliquer cette bizarrerie qu’en
supposant une erreur de Francesco Xanto, car on ne peut
bonnement croire que le revers a été peint en i53o et la face
en 1531. Quoi qu’il en soit, c’est là une très bonne pièce où l’on
retrouve ce bleu intense et ces petits nuages de bistre rehaussés
de blanc dont le maître a fait dans toutes ses peintures un
étrange abus. Le musée possède une autre pièce de la même
suite (n° 427 de l'Inventaire) ; la scène se passe toujours dans
les nuages, mais quelle est-elle, c’est ce que nous ne nous
chargeons pas de décider : A gauche une femme nue, debout,
s’appuie à un autel ; à droite se trouve un homme nu, étendu
sur des nuages et tenant une cornemuse. Au revers on lit :
F. X. A. R. in Urbino i53i.

La pièce la plus curieuse parmi ces œuvres de Xanto re-
présente un sujet allégorique (n° 224). Sur un plat à ombilic
sont peintes quatre femmes personnifiant les quatre villes de
Naples, de Rome, de Florence et de Gênes, ainsi que l’indiquent
des cartouches où se lisent en écriture cursive : Parthenope
Genu... et les attributs tels que la fleur de lis et les clés. Au
fond se voit une ville (Rome ?) à moitié ruinée. Enfin, dans le
haut de la composition, des nuages entr’ouverts sortent quatre
épees terminées par des flammes. Au revers se trouve la signa-
ture.: Fra Xa Avel Rou. pi in Urbi, et l’indication du sujet :
Partenope, Fioreja, Germa et Roma. A quel fait Xanto a-t-il ici
voulu faire allusion ? C’est ce qu’il serait difficile, mais inté-
ressant de savoir, car la solution de ce petit problème nous
donnerait la date probable de l’exécution de cette pièce. En

tout cas, elle ne doit pas être de beaucoup postérieure à celles
que nous avons décrites plus haut.

Un autre plat (n® 409) de 45 cent, de diamètre signé :
Francesco Xanto Avelli da Rovigo pi[n\se i[n] Urbino
MDXXXI, représente une scène d’inondation à Rome. Sur un
fond d’architecture se détachent de nombreux personnages
fuyant chargés de leurs objets précieux. Au second plan, sur
un piédestal, se dresse une statue qui n’est autre que l’Apollon
de l’École d’Athènes par Raphaël. Enfin c’est encore à Xanto
(n® 412) que l’on doit une gracieuse représentation de la Re-
nommée entourée de cinq petits génies. Au dos se lit l’inscrip-
tion : Quella che gia di Roma fu reina, et la signature Fra[n\cesco
Xrt[)î]to Avelli da Rovigo pi[n\se.

C’est aussi à Xanto que nous semblent devoir être attri-
buées plusieurs autres pièces du musée Brera qui, sans en
porter la signature, en offrent tous les caractères : dessin un
peu lourd, modelé en bistre rehaussé de blanc, tons intenses
dans les bleus, et surtout ce vert clair et brillant qu’on retrouve
bien rarement dans les majoliques sorties des autres ateliers.

Parmi ces pièces nous rangerons : Paris tuant Achille
dans le temple d’Apollon (n° 416), composition remarquable
par son architecture traitée en bleu et en bistre et son émail
très brillant;— Hercule tuant l’hydre (n° 418) ; —- Diane et
Apollon perçant de leurs flèches les Niobides (n° 428) ; —
l’assiette représentant Mucius Scévola devant Porsenna,
d’un dessin de pratique et médiocre (n° 419) ; une autre sur
laquelle on voit des nymphes fuyant et un cheval blanc cabré
au centre delà composition, et qui porte au dos : Quella che la
lussuria la tra[sporta] (nl> 420) ; — enfin une pièce sur laquelle
est représenté Apollon poursuivant Daphné. Le même sujet
se trouve, mais dans de moindres dimensions, sur l’ombilic
d’un grand plat que nous attribuons à Castel Durante (n° 414).
Sur le bord fort large de cette pièce de 46 centimètres de dia-
mètre est peinte, en bianco sopra bianco, une marguerite à
seize pétales qu’entoure une guirlande de feuillages vert cru.
Une assiette du musée du Louvre (G. 265), aussi décorée en
bianco sopra bianco, rappelle assez bien, au moins par le ton
général, la majolique du musée Brera, et les deux pièces sont
fort probablement sorties de la même fabrique.

Les majoliques qui portent la signature Xanto ou qu’il est
possible d'attribuer à son atelier ne sont pas les seules pièces
d’Urbino que possède le musée Brera. C’est encore à cette
fabrique et à cette première moitié du xvi° siècle qu’il faut
attribuer un rhyton de forme exactement semblable à celui que
possède le Louvre (n° G. 540) ; mais, au lieu d’être couvert de
rinceaux en rouge et jaune métalliques se détachant sur un
fond bleu lapis, le rhyton du musée Brera porte sur chacun
de ses côtés un génie dessiné et modelé en bistre et des rin-
ceaux jaune foncé sur un champ bleu lapis. Nous ne serions
pas éloigné de croire que la pièce que possède le Louvre est
sortie également de l’atelier d’Urbino et que le rouge et le
jaune changeants dont elle est décorée doivent seuls être attri-
bués à l’atelier de Gubbio.

D’Urbino provient aussi une assiette sur laquelle a été
peint en bistre rehaussé de blanc le groupe antique de Lao-
coon, mais avant les restaurations que subit cette sculpture
antique (n® 4o5). Cette pièce d’un assez bon dessin, mais d’un
aspect froid et terne, nous parait dater de la fin du xvtc siècle,
sinon du commencement du xyn®.

1. Voir VArt, «Se année, tome JII, page ioo, et tome IV, page 58.
 
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